En ce début d'année 2020, quoi de mieux que de renouer avec le metal extrême de notre bon terroir français ? La Grosse Radio a pu s'entretenir au cours d'une interview passionnante avec JB, chanteur et guitariste du groupe Svart Crown à l'occasion de la prochaine sortie de leur cinquième album Wolves Among the Ashes.
Salut JB, est ce que dans un premier temps, tu peux nous présenter Svart Crown ?
JB : C’est un groupe qui a 15 ans de carrière issu du Sud de la France, orienté metal extrême à l’ambiance dark et assez poignante. Et en février nous allons sortir notre cinquième album Wolves Among the Ashes sur Century Media Records.
Peux-tu nous parler de vos sources d’inspirations ?
JB : L’inspiration vient de pas mal de choses. Elle vient de groupes qu’on a écoutés et qu’on écoute encore aujourd’hui, comme Immolation, Gorgoroth, Mayhem, Fallen Angel, et des groupes plus récents qui tournent dans notre playlist. C’est très varié, à l’image de notre musique. Les inspirations visuelles et graphiques, quant à elles, diffèrent selon l’album. Pour l’album à venir on s’est beaucoup inspiré des couleurs des coulées de laves, des paysages désertiques, assez dystopiques, ambiance post apocalyptique, des références à David Giler comme ce qu’il a pu faire dans le film Alien. Un melting pot de tout ça en quelques sortes.
Comme tu l’as mentionné précédemment votre cinquième album va sortir en février. Est-ce que tu peux nous raconter comment s’est passé le processus d’écriture de l’album et ce qui le différencie des précédents ?
JB : Disons que cet album a été créé dans un contexte particulier. Il y a eu énormément de changements qui ont eu lieu dans ma vie personnelle pendant les deux ans et demis qui ont précédé l’album Abreaction, beaucoup de remise en question, beaucoup de changements. Même au niveau du groupe il y a eu pas mal de départs donc ça été un petit peu dur de se re-situer. Mais au final, l’inspiration est revenue avec quelque chose de très tranchant. Supprimer le superflus de l’album précédent et revenir à une approche directe. Une fois que le line-up s’est dessiné dans ma tête, c’était plus facile d’avoir le disque en tête et de composer morceau par morceau. Et tout de suite m’est venu cette idée de composer des morceaux bien distincts les uns des autres en ayant un petit fil conducteur mais en allant explorer des parties où je n’ai pas l’habitude d’aller. En quelques mois le disque est passé dans ma tête, le plus long en fait a été la réalisation de ce dernier.
Donc au sein du groupe on peut dire que c’est vraiment toi qui est le compositeur à proprement parler ou bien d’autres personnes composent également ?
JB : Disons que c’est moi qui ai monté le projet depuis toutes ces années et qui reste compositeur principal. Par rapport à cet album j’amène la plupart des morceaux. Ils sont soit finis soit quasiment finis au niveau de la structure. Je les amène en répétition, on les bosse avec le batteur et là on voit comment tourne le morceau. Si son ergonomie est bonne, si c’est fluide. On s’aperçoit très vite en fait si quelque chose ne tourne pas rond. Et ensuite vient la partie personnage, les ambiances, et là c’est plutôt le rôle de Clément, le guitariste, de s’en occuper. Et après, tout ce qui est chant c’est différent. Cet album par exemple c’était un travail collectif chacun a amené une partie des paroles. Certaines parties de cet opus ont été amenées ensemble, plus en groupe.
Quel serait ton morceau préféré sur cet album ? Et pourquoi ?
JB : C’est un petit peu compliqué d’en sortir un. Disons que forcément y’a le son « Down to Nowhere » qui est peut-être le plus casse gueule à mettre en place. C’était un vrai pari et je pense que ce pari a été réussi. En terme d’auto-satisfaction personnelle, c’est de ce morceau là dont je suis le plus fier.
Cet album est le second que vous sortez sous le label Century Media, peux-tu nous en dire plus sur cette collaboration et sur ce qu’elle vous apporte ?
JB : Century Media, on les a rencontré aux USA quand on était sur une tournée avec Deicide, qui est également chez eux. Les personnes chargées du recrutement étaient présentes au concert et à cette période là, on a été approché par pas mal de labels. J’ai rencontré beaucoup de représentants de ces labels et on est restés en contact. Et quand on a fini d’enregistrer Abreaction, ils ont écouté l’album et ils ont eu un bon coup de coeur sur ce qu’ils ont entendu et ont rapidement fait une offre. Disons que l’offre de Century Media était la meilleure offre qu’on ait pu avoir. Et d’un point de vue distribution, promotion, marketing, etc… ce label a une aura vraiment internationale et c’est ce qui nous parlait le plus. On est un groupe qui fonctionne à l’export et c’était important pour nous d’avoir un label qui assure a ce niveau là.
Vous partez en tournée avec Gost fin février. Gost fait ce qui peut s’apparenter à de la synthwave et vous, vous faites du black death, comment est née l’idée de cette tournée ? Comment vous-vous sentez à l’idée de faire cette tournée avec Gost ?
JB : Gost et Svart Crown sont sur la même agence de booking donc ça a facilité la mise en place de cette tournée. L’idée est venue de notre agent car il savait que Gost voulait tourner en Europe et nous aussi. Il a proposé un plateau commun et on s’est dit pourquoi pas. Pourquoi pas créer quelque chose d’assez nouveau et Gost s’est vraiment orienté dans quelque chose de plus extrême, plus black metal comparé à ses débuts qui était très synthwave même si le groupe avait déjà un côté un peu dark. Et ils aiment bien Svart Crown ça a donc facilité les choses. C’est aussi un groupe qui tourne vachement avec des groupes extrêmes notamment Mayhem. C’est pas un soucis pour eux. Et nous de notre côté, on a déjà tourné avec des groupes bien plus vieux que nous qui étaient déjà bien installés dans le milieu, et on avait envie de tenter autre chose, de partir sur un autre format, l’opportunité s’est présenté et on l’a saisie.
Tant qu’on est à parler de tournée, quel serait ton meilleur souvenir ?
JB : C’est compliqué à dire car la tournée parfaite n’existe pas. Mais je garde un super souvenir de cette date londonienne en 2013. On était en ouverture de Nile et c’était l’une des meilleures dates de la tournée. Il y avait une belle affluence, 600, 700 personnes, et il y avait quelque chose de spécial qui se dégageait. C’était notre second concert à Londres, le public ne nous connaissait pas mais on a senti que ce soir là quelque chose s’est passé. On avait vraiment fait un super concert, et le public était à fond, ça s’était ressenti dans toute la soirée, même avec la vente de merch. Tout était parfait ce soir là, du son à notre performance. Il y avait un petit côté magique.
Après avoir parlé du groupe, parlons un peu plus de toi si tu le veux bien. Tu es chanteur et guitariste du groupe, tu peux nous parler des musiciens qui t’ont inspiré plus jeune, et est-ce que les musiciens qui t’inspirent aujourd’hui sont toujours les mêmes ou bien ont-ils changés ?
JB : Le premier qui me vient à l’esprit c’est Max Cavalera, à l’époque Arise. C’est lui qui m’a inspiré. Son côté hyper charismatique, sa façon de chanter, tout ce qu’il dégageait sur scène. Après il y a beaucoup de guitaristes chanteurs qui m’ont inspirés aussi comme Jon Nödtveidt de Dissection, il avait la classe. Joe Duplantier de Gojira et Nergal de Behemoth m’inspirent également, ce sont des musiciens qui tiennent la baraque quoi. Maintenant, je me pose moins la question. J’aime beaucoup Trent Reznor de Nine Inch Nails, il assure dans tous les domaines. Il fait du clavier, de la prod, il fait tout.
Et si tu faisais deux pas en arrière pour regarder le parcours de ton groupe Svart Crown jusqu’à aujourd’hui. Quels seraient les premiers mots qui te viendraient à l’esprit ?
JB : Acharnement. Acharnement parce que rien n’a été facile. Tout s’est fait à la force du poignet. Arriver à monter un groupe de musique extrême dans le sud de la France où de base rien n’est organisé pour mener une activité artistique à long terme. Et en plus faire ce style de musique là, arriver là où on en est et faire ce qu’on est entrain de faire maintenant. Je pense qu’il a fallu beaucoup d’acharnement et de passion pour faire tout ça sinon on aurait jeté l’éponge depuis bien longtemps.
Tu as donc une certaine fierté de voir le chemin que vous avez tous accompli on imagine ?
JB : Disons que je fonctionne un peu différement. Je m’attarde pas sur ce qui est passé, je me concentre sur l’après. J’ai pas vraiment le temps de me reposer sur mes acquis et je trouve que les personnes qui font ça ensuite sortent des réalités. Parce que c’est bien de prendre du recul et d’apprécier tout ça oui, mais je trouve que tu perds ton temps. Ça peut donner l’impression de trop se reposer sur ses lauriers. Moi je suis toujours dans l’action, je réfléchis toujours à ce qui peut être fait. Je prend rarement le temps de me dire « Ah ouais c’est cool on a fait ça et ça », c’est pas du tout ma façon de voir les choses.
Vu que tu te projettes beaucoup, que vois-tu pour le futur de Svart Crown ?
JB : Déjà il y a toute la période de sortie d’album qui est intense et intéressante à gérer, il y a des projets ambitieux qui arrivent, c’est un disque ambitieux. J’espère que tout ce qu’on a mis en place sera à la hauteur. Et après il y a tout ce qui est tournée, promotion, on va essayer de mettre en place un show à la hauteur. Essayer de changer quelques petites choses pour nous faire passer un cap niveau scénique. C’est quelque chose qu’on a en tête depuis très longtemps. On travaille également d’arrache pied pour qu’il y ait plusieurs tournées après celle qu’on va faire avec Gost. Justement, essayer de faire vivre l’album le plus longtemps possible. J’ai toujours trouvé ça très dommage de passer beaucoup de temps sur un disque, de le diffuser et que rien ne se passe par la suite car rien n’a été fait. Un disque maintenant malheureusement, si tu le sors mais que tu ne fais rien derrière, rien ne va se passer il meurt en quelques jours. Il faut arriver à donner vie à ton disque en faisant des tournées, en faisant des choses autour.
Surtout quand tu vois aujourd’hui avec le streaming et la quantité de titres qui sortent chaque jour. Faire vivre un CD c’est de plus en plus dur.
JB : C’est très frustrant oui car tu mets énormément de temps, d’énergie, de moyens, tu t’impliques à fond dans ce CD et t’as envie d’obtenir un retour des choses, c’est humain de vouloir récolter certains fruits de ce labeur. Mais c’est de plus en plus difficile. C’est une période assez frustrante pour les artistes mais intéressante.
Tu souhaites ajouter un dernier mot ?
JB : Eh bien d’abord merci d’avoir pris le temps pour me poser toutes ces questions et de t’intéresser à ce qu’on fait et puis j’invite tout le monde à écouter le prochain album il en surprendra plus d’un j’invite tout le monde à prendre un peu de son temps pour l’écouter.
Wolves Among the Ashes sortira le 7 Février sur Century Media Records.