La dernière fois que ce bon vieux Abbath était venu poser ses amplis dans le sud-ouest de la France, force était de constater que le bonhomme n’était pas dans une bonne passe puisqu’après avoir été la risée d’internet suite à sa chute lors du festival Metaldays et perdu ses instruments en Espagne, l’ensemble du groupe avait eu une grosse gastro lors de son passage à l’Xtreme Fest 2017. Bref, autant dire que la venue d’Abbath dans les terres toulousaines était attendue avec beaucoup d’appréhension par le public, d’autant plus que les récentes prestations calamiteuses du bonhomme en Amérique du Sud il y a quelques mois l’avaient amené en cure de désintox’ afin de lever le pied sur la boisson... Malgré tout, pas mal de fans de la ville rose se sont déplacés au Metronum pour accueillir un plateau de qualité : Nuclear, 1349, Vltimas et bien sûr, l'indéboulonnable Abbath !
NUCLEAR
C'est à 19h tapantes que les Chiliens de Nuclear mettent les potards à fond devant une petite poignée de personnes. L'ensemble du public toulousain n'est pas rentré dans la salle mais cela ne va pas empêcher le groupe d'envoyer du lourd d'entrée de jeu ! Avec un thrash à l'ancienne finement distillé depuis plus de 15 ans au travers de pas moins de quatre albums et une ribambelle d'EP et de singles, Nuclear compte bien se faire connaître auprès du public français et démontrer son savoir-faire. Avec des compositions plutôt courtes et intenses comme "Criminal Solicitation", "Violence That Burns" ou bien "E-Faith", le groupe balance une musique ra(va)geuse et solidement ficelée. On sent que le combo a véritablement capté toute l'essence du thrash moderne tant le rendu est incisif !
Toutefois, malgré toute sa bonne volonté et des compositions accrocheuses et bien ficelées, Nuclear n'arrive pas à faire bouger le maigre public devant les barrières... C'est bien dommage car ces p'tits gars-là se sont bien donnés et ont joué avec les tripes. Croisons les doigts pour que les Chiliens repassent dans l'Hexagone dans un contexte plus favorable car ces musiciens méritent que l'on s'y attarde ! Une belle découverte...
1349
Après un rapide changement de plateau, c’est au tour des Norvégiens de 1349 d’investir la scène du Metronum au-devant de laquelle les Toulousains commencent à s’agglutiner. En effet, le groupe compte dans ses rangs le batteur Frost qui officie aussi dans Satyricon et nombreux sont les fans qui se placent au niveau de la barrière pour voir le bonhomme à l’œuvre ! Venu défendre son dernier méfait The Infernal Pathway sorti en octobre chez Season Of Mist, 1349 va rentrer tout de suite dans le vif du sujet dès le puissant "Sculptor of Flesh" (issu de Hellfire de 2005) qui va se poser d'emblée comme un brûlot de black metal virulent à l'ancienne. Très vite, le groupe prend ses marques devant un parterre de fans déjà tout acquis à sa cause et délivre ses nouveaux morceaux en live, à l'instar de "Through Eyes Of Stone", "Striding The Chasm" ou "Dødskamp" qui passent plutôt bien, avec quelques pointes de death et de thrash ici et là.
Toutefois, mis à part ces trois titres, 1349 n'axera pas sa set list sur le dernier album en date mais piochera allègrement dans sa discographie (plus particulièrement entre la période 2005 à 2014) à la plus grande joie des die hard fans. Ainsi, au travers de morceaux emblématiques comme "Atomic Chapel", "Slaves" ou "I Am Abomination", les Norvégiens vont pilonner inlassablement le Metronum et mettre le public à genoux. Il faut dire que le batteur Frost est visiblement très en forme derrière les fûts ("Striding The Chasm", notamment) et que le vocaliste Ravn maîtrise lui aussi son sujet grâce à des lignes de chants qui oscillent entre le pur black et des envolées plus gutturales. Qui plus est, la scénographie dans la droite lignée du black à l'ancienne apporte à l'ensemble des ambiances plutôt bien ficelées ("Golem").
Au final, 1349 a su capter l'attention du public en l'espace d'un set d'un peu plus de trois-quart d'heure au fil duquel le groupe n'a jamais baissé de tempo. On sent que le quatuor est un véritable rouleau compresseur qui défriche tout sur son passage. Espérons que les Norvégiens reviennent d'ici peu dans le sud-ouest en tête d'affiche, histoire de voir vraiment ce que peut proposer 1349 sur un temps de jeu un peu plus long...
Set list 1349
Sculptor of Flesh
Through Eyes Of Stone
Slaves
I Am Abomination
Striding The Chasm
Golem
Atomic Chapel
Dødskamp
Abyssos
VLTIMAS
21h. C'est au tour d'Vltimas de monter sur les planches à la plus grande joie d'une bonne partie du public. En effet, Vltimas est le nouveau projet musical du légendaire David Vincent, (ex Morbid Angel) qu'il a créé avec le gratteux Rune "Blasphemer" Eriksen (Mayhem, Aura Noir) et Flo Monier (Cryptosy). Autant dire qu'il y a du beau monde sur scène ! Avec Something Wicked Marches, son tout premier album sous le bras sorti en mars dernier chez Season Of Mist, ce super groupe composé de fines gâchettes compte bien envoyer du lourd ce soir et confirmer en live que toutes les bonnes critiques à son sujet sont ne sont pas usurpées.
Pour ce faire, Vltimas va dérouler sa setlist en jouant de manière chronologique tous les morceaux de son album mis à part "Something Wicked Marches In" et le single "Praevalidus" (ce qui est bien dommage car ce titre est très bon...). Bref, l'album sera joué dans son entier à partir de "Total Destroy" et le moins que l'on puisse dire c'est que les compositions prennent tout leur sens en live. En effet, il est difficile de résister à une telle déflagration sonore ("Monolith", "Truth and Consequences") et force est de constater que ce bon vieux David Vincent possède encore le feu sacré, malgré le poids de l'âge.
Visiblement content d'être sur scène sous ce chapeau de cowboy vissé sur la tête, le chanteur délivre une prestation de haute volée grâce à ses lignes de chants surpuissantes et ses vocalises gutturales. On sent que l'homme prend plaisir à faire ce qu'il fait et échange beaucoup avec le public... qui le lui rend bien. Du coup, quand il annonce que "Last Ones Alive Win Nothing" est une pure chanson d'amour, l'audience se prépare à bouger dans le pit, histoire de faire honneur au maître qui n'en demandait pas tant !
Du côté des musiciens, on ne peut pas dire qu'on a affaire à des manchots : Vltimas est une véritable machine de guerre qui détruit tout sur son passage à l'image des costauds "Everlasting" et "Diabolus Est Sanguis" redoutables d'intensité.
Malgré des morceaux plutôt longs avec des structures à tiroir, le groupe de David Vincent n'a pas de mal à gagner le cœur pour une majorité du public toulousain qui découvre ce nouveau projet musical qui se situe clairement comme un mix entre Morbid Angel et Mayhem. Le mélange de death puissant avec le black metal traditionnel passe parfaitement bien et même si certains sont déçus de ne pas pouvoir se mettre une reprise de Morbid Angel sous la dent, il faut reconnaître qu'Vltimas a fait le job ce soir. What else ?
Set list Vltimas
Intro
Total Destroy
Monolilith
Truth and Consequences
Intro
Last Ones Alive Win Nothing
Everlasting
Diabolus Est Sanguis
Marching On
ABBATH
Soyons honnêtes : avec les récents déboires d'Abbath et les excellentes prestations de 1349 et d'Vltimas, on avait un peu peur que la tête d'affiche ne soit bien en deçà de nos attentes. Mais ce bon vieux Abbath n'est jamais aussi redoutable que lorsqu'il est au pied du mur. Ainsi, dès son arrivée sur scène sous les ovations du public, l'homme semble être en forme et compte bien nous le prouver ! Ainsi, avec l'opener "Hecate" le groupe faite une entrée tonitruante de manière à faire entendre que le Abbath mouture 2020 n'a rien à voir avec ses précédentes incarnations. De fait, le quatuor va s'appliquer à envoyer du lourd pour dépasser de la tête et des épaules les récentes prestations. "Against the Tide", "Warriors", "Calm in Ire (of Hurricane)" sont autant de brûlots black metal redoutablement exécutés qu'on va se prendre dans les oreilles et dans les dents car oui, Abbath est encore bel et bien vivant et ô combien incisif !
De plus, le son est relativement bon et le côté épuré de la scène permet au groupe de bien occuper l'espace. Et même si Abbath occupe toutes les attentions, le reste de la bande est bien en place et d'une précision redoutable. D'ailleurs, le public du Metronum se laisse vite conquérir par cette déferlante sonore...
Et même si la set list reste assez convenue qui brasse large avec des morceaux issus de Between Two Worlds de l'époque de feu I, de Abbath et du dernier album en date, Outstrider sorti en juillet 2019 chez Season of Mist, il faut bien avouer que les nouveaux titres passent bien l'épreuve du live ("Bridge of Spasms", "The Artiflex" ou le puissant "Harvest Pyre") et que les anciens comme "Ashes of the Damned", "Count the Dead" ou "Winterbane" restent toujours aussi plaisants. Bien entendu, les fans auraient aimé un peu plus d'incartades du côté d'Immortal (tout comme les fans de Morbid Angel attendaient de la part d'Vltimas), mais Abbath semble bel et bien avoir coupé le cordon ombilical avec son groupe d'antan. Ainsi, seuls "Tyrants" et le terrible "In My Kingdom Cold" seront joués ce soir et il faut bien avouer que ça fait vraiment du bien de les réentendre !
En fin de compte, Abbath a réussi le tour de force de surprendre son public grâce à la qualité de sa prestation et s'est imposé tel le phénix renaissant de ses cendres. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu le bonhomme aussi en forme... pourvu que ça dure ! Cette troisième date de la tournée française Abbath – Vltimas – 1349 est à marquer d'une pierre blanche (noire ?) pour tous les fans de black metal de la région toulousaine tant le plateau proposé ce soir était d'une qualité indéniable. Dommage que le Metronum n'ait pas été un peu plus fourni en ce jeudi soir...
Set list Abbath
Hecate
Count the Dead
Bridge of Spams
The Artiflex
Harvest Pyre
Ashes of the Damned
Warriors
Against the Tide
Calm in Ire (of Hurricane)
Outstrider
In My Kingdom Cold
Tyrants
To War
Winterbane
Un grand merci à Garmonbonzia ainsi qu'aux costauds de SPM.