Karg – Traktat

Mélancolie,  touchant, personnel. Voilà les trois mots résumant ce nouvel album de Karg, side project personnel de J.J de Harakiri For the Sky. Plus torturé et plus sombre que tout ce qu’il peut sortir avec son groupe, cet album et ce projet sont le meilleur moyen pour J.J de nous livrer ce qu’il a sur le coeur, de parler de lui. Entamons ensemble ce voyage sombre et poignant.

Karg est un projet de longue date, entamé durant l’été 2006. Il tourna longuement entre 2010 et 2014 en Europe et réalisa de nombreux albums. En 2018, Karg avait déjà sorti six albums, c’est donc du septième album que nous parlons aujourd’hui : Traktat. S’il fallait définir le genre proposé par Karg, ce serait très certainement un habile mélange de post-rock, black metal avec un soupçon de shoegaze.

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Un album ô combien personnel

Le contexte d’écriture de cet album est particulièrement important, en effet, au début de l’écriture de Traktat, J.J entamait une période difficile : il venait de se faire diagnostiquer un épisode dépressif. Ce qui le poussa à écrire un album d’autant plus personnel, de par la composition musicale et de par les paroles écrites. Tout l’album a été écrit sur la route et conclut le triptyque entamé avec Dornenvögel et Weltenasche. Traktat traite « d’une dépression frénétique ayant ses hauts et ses bas, omniprésente mais cachée à la fois qui peut exploser d’un moment à l’autre. C’est un immense fardeau à porter, rempli de diverses émotions dont je devais absolument me débarrasser, bien que j’étais entrain d’exploser. » (J.J). L’album comprend ainsi huit titres et un titre bonus, ce dernier étant une cover d’un morceau de Bonnie Prince Billy. Chaque titre d’une longueur non négligeable nous prend aux tripes et nous plonge dans l’univers de J.J. Un univers sombre et terriblement mélancolique.

L’album s’ouvre sur sur  « Irgendjemand wartet immer » où l’intro longue d’une minute dévoile tout en douceur le cri du coeur de J.J. La guitare bat le rythme implacablement, la guitare s’accélère et s’habille de son plus bel appareil. Le chant désespéré et plaintif résonne au plus profond de nous. L’apport des violons sur ce morceau ainsi que sur « Stolperkenotaphe et « Abgrunddialektik » apportent un second souffle aux titres et sublime tout le spleen de l’artiste.

Autre morceau notable : « Alaska ». Plus sombre que les autres, ses sonorités dénotent quelque peu avec ses passages instrumentaux et sa guitare à la fois aérienne et chargée de saturation. Il dévoile une autre face de l’artiste.

La force de Traktat réside très certainement dans le temps qui a été pris pour écrire l’album. Il a en effet fallu presque deux ans à J.J pour écrire chaque morceau, sur la route, à divers endroits de la planète comme Berlin, Seattle ou encore Malte, ce qui fait dire que chaque morceau a été inspiré par un lieu différent et contribue ainsi à la diversité de l’album. L’artwork, réalisé par l’artiste Steve Kirn appelé « Flowergirl » nous inspire de nombreuses choses. Ses couleurs froides et l’omniprésence du noir nous font plonger d’emblée dans un album qui s’annonce être rugueux, avec un regard pessimiste et obscur. Tout en conservant une dimension poétique importante.

Traktat est ainsi un album complet, plein de personnalité et poétique. J.J nous transporte aisément dans ses tourments et ses craintes. On apprécie cette « mise à nu » sans concession qui nous touche d’autant plus. En clair, un album à écouter d’une seule traite du début à la fin.

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Tracklist :

1. "Irgendjemand wartet immer"
2. "Jahr ohne Sommer"
3. "Stolperkenotaphe"
4. "Alaska"
5. "Abgrunddialektik"
6. "Alles was wir geben mussten"
7. "Grabcholerik"
8. "Tod, wo bleibt dein Ferieden?"
9. "Nichts als Schatten (Bonus Track // Bonnie Prince Billy Cover) "

Lineup:
J.J. - chant, tous instruments, textes et musique
Paul Färber – batterie

Sortie le 7 février chez AOP Records

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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