La dernière fois que nous avons vu Thy Art Is Murder en salle sur la capitale (en tant qu'headline) c'était dans un Backstage BTM absolument complet en octobre 2017 dans le cadre de la tournée promotionnelle de Dear Desolation. Cette fois-ci c'est dans une salle au dimension bien plus gargantuesque que le combo deathcore vient déverser toute sa rage sur Paris pour notre plus grand plaisir. Ce ne sont pas moins de quatre premières parties, toutes américaines d'ailleurs, qui accompagnent le groupe de Sidney sur cette tournée alors plongeons tout de suite dans cette soirée.
I AM
Le premier groupe de la soirée est le premier des quatre groupes américain du soir et sûrement le plus méconnu du public, pour le moment très clairsemé, puisque c'est leur premier passage en Europe. I AM est un groupe originaire de Dallas au Texas et ça ressent tant leur musique fait souvent penser à celle de leurs compères du même Etat : Power Trip. On est face à un un thrash metal qui lorgne pas mal sur du Slayer dans l'idée avec une bonne grosse dose de Pantera et du metalcore des années 2000.
Mené par Andrew Hileman (chant) depuis sa création, I AM nous propose ce soir d'embarquer en majorité vers les sons de son deuxième album HARD 2 KILL et malgré les riffs qui font bien headbanguer par moment, on s'ennuie quand même assez vite devant la prestation du combo. C'est bien fait mais ça manque très clairement du petit plus (comme c'est le cas avec Power Trip) qui fait que les titres et/ou les refrains restent en tête.
RIVERS OF NIHIL
Changement d'ambiance avec la prise de position sur scène de Rivers Of Nihil qui fait son retour dans la capitale seulement trois mois après son dernier concert au Gibus Live pour une tournée en tant que tête d'affiche. Le combo officie dans un registre bien plus technique que ses comparses sur la tournée et va nous démontrer tout son talent en un peu plus de trente minutes à travers notamment leur dernier album en date, Where Owls Know My Name.
En effet sur les cinq titres joués en trente minutes par les Américains, quatre d'entre eux sont piochés dans le dernier rejeton de la fratrie. Tant mieux au final tant cet album est le meilleur à ce jour de Rivers Of Nihil sur le plan composition, structures des morceaux et tout simplement émotion général. Le chant de Jake Dieffenbach est impressionnant de maîtrise et de profondeur, encore plus quand on sait que le frontman porte des appareils auditifs et qu'il n'entend quasiment rien de ce qu'il se passe sur scène !
Le public est déjà beaucoup plus réactif et réceptif à la musique du combo malgré le côté technique qui rend l'ensemble bien moins accessible de prime abord. De notre côté on est subjugué par le talent des musiciens entre le groove et le tapping d'Adam Biggs à la basse ou encore de Jared Klein derrière les fûts. Rivers Of Nihil déroule et on ne peut que se retrouve écraser par la puissance générale des compositions du combo.
FIT FOR AN AUTOPSY
Deathcore puissance mille avec la montée sur scène de Fit For An Autopsy pour la suite, un groupe qui a pour particularité de compter six membres mais seulement cinq au quotidien ainsi qu'en tournée puisque le fondateur/compositeur principal est trop occupé à produire et enregistrer d'autres groupes. En effet Fit For An Autopsy est le groupe de Will Putney, producteur renommé travaillant notamment avec Body Count, Stray From The Path, Knocked Loose, Counterparts, etc.
Le groupe est en Europe avec Thy Art Is Murder et compagnie pour présenter son dernier album, The Sea Of Tragic Beasts, ayant vu le jour en octobre dernier. C'est le premier opus du groupe chez Nuclear Blast et il sera bien mis en avant avec trois des six titres joués, le reste étant de The Great Collapse qui était le premier album avec Joe Badolato au chant. Justement c'est le titre éponyme de The Sea Of Tragic Beasts qui s'invite dans nos écoutilles pour débuter le set !
Fit For An Autopsy n'est peut-être pas le groupe le plus connu du monde du deathcore mais la notoriété de Will Putney aide le groupe à se faire connaître et les cinq autres membres en profitent pour nous faire comprendre qu'ils ne sont pas ici pour rigoler.
CARNIFEX
On continue avec les groupes américains mais cette fois-ci c'est le dernier de la soirée avant l'entrée en scène des héros du jour. Carnifex est un groupe habitué des concerts en Europe que ce soit en première partie (il y a cinq ans ici même avec Parkway Drive et Heaven Shall Burn par exemple), en headline plus rarement ou encore lors des Never Say Die Tour ou Impericon Festival. Avec un nouvel album sous le coude ayant vu le jour en 2019, Scott Lewis (chant) et compagnie vont nous abreuver ce soir de titres récents autour de deux-trois classiques !
Le set du groupe s'ouvre avec justement le titre éponyme de World War X un morceau assez classique en ce qui concerne Carnifex, c'est à dire un deathcore assez basique efficace mais sans grand relief. A l'inverse de Fit For An Autopsy ou Rivers Of Nihil ayant joué juste avant, il y a peu de nuances dans la musique du combo de San Diego et on s'ennuie assez vite devant la prestation proposée. D'autant plus que tout est beaucoup trop carré sur scène, beaucoup trop "metal americain" comparé aux autres groupes partageant la scène aujourd'hui.
Cela ne décolle d'ailleurs pas trop dans la fosse et ce n'est que sur "Hell Chose Me" (une belle pépite quand même il faut l'avouer) que Paris se réveille pour donner un peu de voix. Très clairement ce soir Carnifex aura été le groupe le moins excitant à l'affiche.
THY ART IS MURDER
Il est déjà 22 heures quand le clou du spectacle prend enfin place sur la scène du Cabaret Sauvage, on a chaud et on est fatigué mais tout cela va très vite s'envoler avec les premières notes de "Death Squad Anthem". Thy Art Is Murder entame son set avec les deux premiers singles de son dernier album en date, Human Target, et le public leur rend bien la pareille en étant déjà dans une forme olympique.
Il fait une chaleur étourdissante dans ce Cabaret Sauvage alors que nous ne sommes que début février . Et bien la chaleur augmente d'un chouïa dès le début de "The Purest Strain of Hate" qui voit l'entièreté de la fosse se transformer en un concours de mandale. Avec "Reig of Darkness" qui clôt le set, il s'agit des deux seuls titres issus de Hate joués sur cette tournée, cet album étant celui qui a révélé au monde entier Thy Art Is Murder.
Au début du quatrième titre et juste après que les photographes quittent le pit photo, les trois écrans LED présents sur scène s'allument pour nous offrir un visuel encore plus fouillé que les lumières supplémentaires déjà présentes. Chaque titre aura le droit à son flot d'images dans des tons différents pour un résultat plus que réussi. Pour "Human Target" nous avons eu le droit à des images de cibles bien entendus, pour "Holy War" à des visuels du clip notamment l'enfant avec la ceinture d'explosif, etc. Bravo au groupe pour avoir étoffé son jeu de scène, signe qu'il sait la direction à prendre et n'hésite pas à mettre les moyens pour y arriver.
A cause d'une incompétence remarquée de la part de la salle mais aussi du programmateur de la soirée, il n'y a pas d'agents de sécurité dans le pit photo et cela commence à être dangeureux pour les quelques courageux qui tentent de slammer. Ainsi CJ McMhaon (chant) est obligé de demander aux membres de Fit For An Autopsy et I Am de venir prendre soin du public. Dans quel monde vivons-nous ?
Dans le cadre d'une tournée promotionnelle c'est bien normal pour le groupe de mettre en avant son dernier opus et c'est assez clairement le cas ce soir avec six titres dont les non-singles que sont "Eternal Suffering" ou encore "New Gods" et son break dévastateur. On n'oubliera pas "Chemical Christ' en tant que rappel et dernier titre joué lors de cette soirée. C'est une petite prisque de la part du groupe mais quand on sait l'importance de ce morceau pour le frontman par rapport à sa bataille avec les addictions, on salue.
Le combo n'oublie pas de balayer le reste de sa discographie au travers des titres de Holy War ou Dear Desolation avec les grands classiques de ceux-ci afin de rassasier et contenter tout le monde ce soir. Pour une soirée avec cinq groupes, la setlist est somme toute consistante et l'on passe un excellent moment devant Thy Art Is Murder. Que ce soit en première partie, en festival ou en headline, le groupe a toujours cette énergie pour nous en mettre plein les oreilles à coup de breakdowns et refrains scandés.
Quand les premières notes de "Reign of Darkness" retentissent, la fosse du Cabaret Sauvage se soulève comme un seul homme et fait sourire de plaisir les musiciens du groupe. On peut maintenant quitter la salle heureux d'avoir assisté au plus gros headliner des Australiens en France, place au Hellfest maintenant !
Setlist:
Death Squad Anthem
Make America Hate Again
The Purest Strain of Hate
Human Target
Eternal Suffering
Dear Desolation
Fur and Claw
Holy War
New Gods
The Son of Misery
Puppet Master
Reign of Darkness
Encore:
Chemical Christ
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