Vlad (chant/guitare) de Necrowretch

C’est un Vlad (chant/guitare) inspiré que l’on rencontre dans le nouveau bar du Hellfest de la capitale, le Hellfest Corner, pour nous parler du quatrième album de Necrowretch, le tant attendu The Ones from Hell. Chose rare dans cette industrie musicale qui veut toujours aller plus vite, Vlad a pris son temps. Il est parti s’immerger pendant plusieurs mois en Turquie pour trouver l’inspiration…pour écrire ce nouveau chapitre dans la vie de Necrowretch.


 

Lionel /Born 666 : Pour cet album tu es allé chercher l'inspiration en Turquie. Comment cela s'est-il passé ?

Vlad : On avait déjà été amené à jouer en Turquie à plusieurs reprises. J'avais adoré le cadre. Ensuite j'y suis retourné pour les vacances mais aussi à titre personnel. Après maintes réflexions je me suis dit qui si on voulait écrire un album différent, il fallait chercher l’inspiration ailleurs. On ne peut pas faire un Satanic Slavery Part 2, il fallait rentrer dans un nouveau chapitre, il fallait que je quitte le sud de la France, le Vercors les montagnes…que j'aille dans un nouvel environnement pour écrire quelque chose qui soit totalement différent.

Même si dans l'absolu un do reste un do et un ré reste un ré, le monde qui t'entoure, les gens les couleurs les coutumes, tout va influencer la manière dont tu écris, que ce soit au pied du Vercors ou que ce soit au pied du Bosphore. Quand je suis arrivé en Turquie au début 2018 je n'ai pas touché ma guitare pendant deux mois, je faisais des trucs à titre personnel mais j'ai pris le pouls. Je me suis dit mais comment ça fonctionne ici ? C'est quoi ce monde passionnant et bouillonnant ? Et quand je me suis remis à faire de la musique et bien le premier titre qui est sorti c'est « Pure Hellfire » qui fait sept minutes avec une intro un peu orientale… même beaucoup et quand je suis arrivé à la fin du titre je me suis dit mais comment va sonner l'album ? Est-ce que ça va être que des titres qui vont faire dans les sept minutes et on rentre dans un délire à la Dissection? Où est-ce qu'on a seulement un gros titre de sept minutes et plusieurs titres de trois minutes ? Et puis finalement je ne me suis pas posé de question, j'ai continué à écrire l'album comme ça venait. Je pense que dans l'ensemble il y a des titres un peu plus longs mais il y a deux titres instrumentaux qui sont plus courts. J'ai donc écrit l'album dans ce nouvel environnement.
 

Necrowretch


Que possédais-tu pour enregistrer l'album ?

Je n'avais rien, je n'avais même pas d'ampli. J’avais seulement la guitare « unplugged », un papier et un crayon. Mais je n'avais pas d'ampli pas besoin de mettre le son à fond, ça ne sert à rien dans la composition pour moi. J’ai composé les morceaux et quand je suis arrivé à la fin je me suis dit tiens ça c'est le dernier titre. Et on va l'appeler "Necrowretch".

Tu y es resté longtemps ?

Une année... À titre personnel et aussi pour la découverte de cette culture que j'aime beaucoup. Ce mix occidental et oriental.

Au niveau line-up il y a eu encore des changements au sein de Necrowretch...

Je pense qu'il n'y a pas une seule année sans changement de line-up dans Necrowretch (rires). Pour l'enregistrement je me suis occupé des guitares et du chant, Ilmar est toujours à la batterie et aux percussions et Wence à la basse et à la guitare. Pour le live on est quatre comme d'habitude, avec Pierrick qui a rejoint le groupe récemment. Trois en studio quatre en live.

Quand as-tu enregistré l'album en studio ?

On l'a enregistré quand je suis rentré en France en début d'année 2019. Ensuite on a filé rapidement en Belgique au studio Blackout Studio des ex membres d'Enthroned. Là où on avait enregistré notre tout premier album il y a quelques années. On a fait différents mix et à la fin, vers l'été on a décidé de faire le mastering aux États-Unis dans le studio qui s'occupe de Cannibal Corpse et Deicide pour se dire enfin « le son est sale mais il doit être puissant ! ». C'est ce qu'il manquait aux albums précédents. Les albums avant étaient 100 % undergrounds même si ce n'est pas une démarche assumée. C'est plus une restriction de moyens. Là on s'est dit : l'album est bien, on a une personnalité, une couleur dessus et il nous faut qu'il y ait une grosse puissance. C'est ainsi qu'on nous a recommandé ce studio. Le mec nous a dit « waouh vous vous êtes gavé avec la batterie, les toms laissez-moi faire vous allez voir », et là en écoutant le mastering on s'est dit qu'il y avait beaucoup de choses sur le panel gauche/droite, les roulements de toms.

Pourquoi retrouvons-nous deux instrumentales sur cet album ? Et pourquoi en tant que musicien et en écrivant un titre on se dit soudain « tiens celle-ci ne mérite pas de parole ce sera une instrumentale ».

L'album a été créé comme ça. Il a été pensé pour un vinyle : quatre titres pour la face A et quatre titres pour la face B. Acte 1 et acte 2. On n’est pas vraiment parti en se disant qu'il fallait une instrumentale sur chaque face. Les morceaux se sont fait comme ça. Il y a un filage, il y a une connexion entre les titres de la face A. Il en est de même pour la face B. Et pour le titre « Absolute Evil » il y avait une partie de chant dessus. Ensuite quand on était en studio on a tout réécouté et on s'est dit qu’on n’avait pas besoin d'y mettre des paroles, on a seulement gardé la dernière particule et le morceau fonctionnait mieux ainsi.

Vlad


Quand tu crées un morceau à partir d’un riff avec ta guitare acoustique, est-ce que tu commences déjà à avoir des paroles en tête ?

D'abord je vais écrire le morceau en entier au niveau partition avec des échanges entre les musiciens. Ligne de basse, partie guitare et avant même de réfléchir aux paroles je me pose la question de savoir comment je vais placer le chant. Comment sont placées les syllabes, pour exemple s’il y a trois syllabes ce sera "Satanas" et pas "Satan". Donc on va penser la construction des syllabes et ensuite si on pousse le vice jusqu'au bout comme sur « The Ones from Hell » où j'ai accordé le chant avec les accords et ce sur tout le morceau.

Sur « Luciferian Sovranty » aussi lorsque tu cris « Ô Satan » ?

Absolument avec le « Hail Satan » qui monte une deuxième fois d'un demi ton. Et ça en studio on a refait cette partie jusqu'à ce que ce « Hail Satan » monte d'un demi-ton sur les tons 2 et 4... On s'est bien pris la tête dessus, ce qui donne quelque chose de beaucoup plus musical…

… avec beaucoup d'échos sur la voix…

…c'est le trademark du groupe. Depuis nos premières démos jusqu'au concert on adore ce truc, cela donne un côté plus puissant plus démentiel !

Avec Necrowretch vous restez toujours dans des formats tournant autour des 37 minutes. Il n'y a jamais de gavage d’album de votre part.

Ça c'est quelque chose que je vois lorsque le Master est terminé, sur ma partition je ne m’en rends pas compte encore. Certaines personnes m'ont dit « oh c'est dommage il n'y a pas dix titres ». De notre côté je pose la question : « Est-ce qu'un album de Candlemass fait dix titres ? Non. Est-ce qu'un album de Gorgrind fait dix titres ? Non il en fait trente ! On est plutôt dans une histoire, il y a un début et une fin.

Je me souviens de votre prestation au Fall of Summer, par la suite vous avez joué au Tyran Fest. Tu dois en garder de bons souvenirs ?

J'ai un très bon souvenir du Tyran, la salle, le lieu, l'ambiance, les lumières c'est une mine désaffectée c'est le metal noir on ne peut pas tomber mieux. Avec le FOS cela tombait dans une tournée de plus de 50 dates. D'ailleurs une date sur trois dans l'histoire du groupe faisait partie de cette tournée qui était très intense. Nous sommes passés d’une tournée européenne à une tournée en Asie avec plein de festivals. On a fait beaucoup de concerts les gens nous ont vu. Sur cette tournée Slatanic Slavery Tour on a fait découvrir le groupe, le soutien de Seasons of Mist a été important. Cette tournée a aussi ramené Necrowretch en France car au début du groupe on tournait toujours en Allemagne. Il y a eu quelque chose de fait et qui ne peut plus se défaire maintenant.

Vous allez être de retour sur les routes pour promouvoir cet album ?

Des dates sont en train de se préparer (depuis on sait qu’ils vont tourner en Europe avec Taake et Kampfar). On va travailler sur une tournée européenne et une tournée en Asie. Pour nous l'Asie est désormais un endroit où on aime aller après chaque album...

D'où l'influence que l'on retrouve sur les artworks...

(Rire)... Peut-être... Il y a quelque chose d'oriental, voire d'extrême oriental : le spectre part de la France jusqu'en Thaïlande en passant par la Turquie. Si un jour on me propose d'aller jouer en Azerbaïdjan je serai ravi, c'est quelque chose qu'on adore dans Necrowretch. Ce que j'aime c'est de rencontrer des métalleux de culture non occidentale. Enfin j'aime rencontrer des gens de toutes les cultures. Bien sûr, j'aime jouer en Italie, au Royaume-Uni… Quand on te dit « tu vas faire une tournée européenne tu vas faire six dates en Allemagne une date une date au Danemark » c’est cool, mais quand on dit que tu vas faire une tournée en Asie avec une date aux Philippines, à Taïwan, là tu dis « où est-ce qu'on va ? » avec des avions entre deux dates. On te propose de manger de la tortue… bon moi je ne mange pas de tortue. Et quand tu te retrouves au fin fond des Philippines devant 300 personnes comme lors de notre tournée avec Archgoat et que le mec vient te dire dans un anglais primaire « nous on a un rituel on prend une tête de cochon et on le plante devant la scène et après le concert on la cuisine et on la mange ». Là tu te dis : j'ai commencé à apprendre la musique en écoutant les riffs de Death et Dissection et je finis avec ce mec qui veut que l'on mange sa tête de cochon… (rire général)

Les mecs de Gorgoroth étaient passés dans le coin juste avant...

C'est intéressant de voir comment les gens vivent cette perception de la musique...

Et tu l'as mangé cette fameuse tête de cochon ?

Non ! La tête était sur scène mais on a réussi à esquiver son repas, on a filé à temps. Mais c'est marrant de voir comment les gens vivent le metal. Il y a toujours un côté rebellions comme dans un pays très catholique comme les Philippines ou musulmans comme la Turquie. Je serais très curieux de savoir comment cela se passe en Chine ou dans d'autres pays. C'est très enrichissant de savoir comment les gens viennent voir ta musique. Un truc sorti de la religion judéo-chrétienne devient pour eux un exutoire, ça a un côté interdit et ça te donne une énergie lorsque tu rentres à la maison. Tu es sur un autre monde tu as l'impression de revenir d'une mission humanitaire (rires). C'est très enrichissant même si on aime bien tourner en Europe.

Et pourquoi le titre « Necrowretch » est enfin sorti sur cet album ?

Parce que c'était le dernier titre de l'album. Je me disais qu’on devait revenir vers quelque chose de très bas de plafond avec des riffs simples qui renvoient presque vers les premières démos. Je trouvais que c'était vraiment quelque chose de génial que de finir par quelque chose de basic. Ensuite je me suis posé la question, à savoir comment on allait l’appeler, et je me suis dit : Necrowretch! Voilà ! Point bar et je suis content que cela surprenne.

Tes textes sont toujours inspirés du satanisme. Est-ce que tu te plonges dans de nombreux ouvrage avant d’écrire ?

Je n'ai pas plongé non plus dans une bibliothèque de vieux papiers, on prend toujours notre version des faits. Que ce soit des textes issus de l'Antiquité, que ce soit des anciennes prières issues de religions oubliées des montagnes du Moyen-Orient ou que ce soit des textes religieux. On prend ça et cette histoire on va la tourner d'une façon satanique. C'est Necrowretch qui réécrit l'histoire. Les Visigoths qui s'emparent de Rome et bien c'est Necrowretch qui s'empare de Rome. Et on ne le fait pas dans un latin parfait. À notre manière, on est là avec notre musique. On joue d'une façon un peu barbare qui n'est issue ni du monde grec ni du monde latin et on arrive avec nos codes et notre vision des choses et on chamboule tout avec notre musique. Est-ce que c'est du black ou du death ? On s'en fout. On vient et on dévaste tout. Je pense que Bathory ou le groupe suédois Merciless qui est difficile à classer ou même Dissection au départ ne se posaient pas ce genre de question. On arrive et on joue des riffs. Il suffit de regarder les pochettes des albums de Dissection : moi j'y vois des pochettes de King Diamond. Les gars de Sarcofago : ils ont essayé de jouer du heavy mais comme ils n’étaient pas assez bons, ils sont passé au black. C'est du metal extrême c'est tout. On est dont une expression et on est là pour renverser la table. Je ne critique pas des groupes comme Cryptopsy ou Decapitated qui ont des albums excellents et qui partent dans une optique de démonstration technique et c'est vraiment réussi. Notre vision du metal extrême est comme l’a peut-être été Morbid Angel au début : on arrive et on vous défonce la gueule et puis c'est tout, plus que de considération underground. Tu nous appelles comme tu veux mais nous on fait notre metal à notre sauce, on aime autant Dissection que Judas Priest.

De toute façon on ne risque pas de vous retrouver à Rock en Seine...

Mais si un jour on y va, ça risquera d'en surprendre plus d'un...(rires)

Photo de Vlad au Hellfest Corner : © 2020 Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 



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