Faites places, faites place, l’embarquement pour l’Hypno5e collective est prévu dans vingt minutes. Veillez à présenter votre billet au capitaine du navire afin d’accéder au pont, car ce soir, nous sommes complet ! Pas de place pour les retardataires, on jette l’ancre moussaillon. La soirée s'annonce forte en émotions. Alors préparez-vous à entrer dans un monde sonore aussi unique, que mystérieux.
My Own Private Alaska
L’ouverture de cette soirée est offerte aux Toulousains de My Own Private Alaska. Dès les premières minutes de sa performance, le quartet surprend. Autant par sa composition originale (synthé, piano, batterie, chant screamo) que par l’intensité de ses chansons. Se chevauchant à des sonorités classiques, le screamo est intense et apporte une certaine profondeur aux compositions du groupe. Matthieu Miegeville, également chanteur pour Psykup et Cancel the Apocalypse délivre une prestation scénique torturée et poignante. N’hésitant pas à déambuler sur la scène dans des gestes spasmodiques allant même jusqu’à descendre jusqu’à la régie et ainsi scinder la foule en deux qui le regarde, mystifiée. La musique délivrée par le groupe est teintée de tristesse, d’angoisse, un titre est notamment dédié au « xanax » tandis qu’un autre est dédié au rejet de la société en elle même.
Les lumières, gérées par Bastien, technicien lumière de Hypno5e, sont parfaitement bien calibrées et permettent de donner une seconde interprétation de la performance délivrée par le groupe. Tout le long de leur set, les lumière sont d’un blanc cru. Sans artifice, sans qu’une autre couleur ne vienne déranger cette aveuglement. Deux morceaux se verront parer de couleurs différentes : la reprise de « Where did you sleep last night ? » (morceau de Leadbelly repris par Nirvana) où les lumières sont teintées d’un bleu profond traduisant la mélancolie omniprésente de ce titre. Et le dernier morceau du set, où les lumières d’un rouge sang témoignent de la haine et du rejet de la société traduit dans « I am an island ».
Durant son heure de set, My Own Private Alaska aura délivré une prestation poignante et maîtrisée. On saluera encore une fois le choix du groupe d’ouverture pour Hypno5e qui n’a de cesse de proposer des groupes hauts en couleurs.
Tracklist
AMEN
AFTER YOU
SPEAK TO ME
WHERE DID YOU SLEEP LAST NIGHT ? (Leadbelly cover)
ANCHORAGE
DIE FOR ME
THERE WILL BE NO ONE
JUST LIKE YOU AND I
I AM AN ISLAND
Hypno5e
"Mais ici, nos calculs de dieux nous échappent... Ici, nous tuons.Ici, les morts meurent. Ici, je tue !"
Ce sont sur ces paroles issues de La Machine Infernale de Jean Cocteau que Hypno5e fait son entrée. Et quelle entrée tonitruante ! Dès les premières notes, les frissons se font déjà ressentir. Le groupe se dévoile et l’on se retrouve plongé au sein de leur univers terriblement mélancolique et froid. La lumière, respectant la charte graphique de chaque album, est saccadée et la présence de stroboscopes donne un côté surréel à la prestation. On retrouve ainsi des lumières ocres et terreuses sur les morceaux du dernier album, A Distant (Dark) Source, bleu profond sur les morceaux issus de Shores of the Abstract Line et rouges et blanches sur le dernier morceau tiré de l’album Acid Mist Tomorrow. Les panneaux disposés derrière les musiciens délivrent des images et des formes abstraites, le tout dans un chaos démesuré mené par les guitares au son saturé et au chant crié si atypique de Emmanuel Jessua.
Le dernier album, A Distant (Dark) Source a la part belle pour cette soirée puisque pas moins de huit titres de ce dernier sont joués, dont le puisant triptyque « A Distant Dark Source part. I II III » d’une durée cumulée de plus de quinze minutes. Hypno5e nous prend à la gorge, nous maintient dans son étreinte et la performance scénique du quartet est à la hauteur de nos attentes. La qualité du son ainsi que celle des lumières sont des atouts majeurs que les habitués du groupe sont bien heureux de retrouver. C’est donc une performance léchée et millimétrée que nous délivre comme à son habitude le groupe montpelliérain. Et non content de mettre en avant son dernier opus, ne sont pas oubliés des titres devenus cultes comme « East Shore : in Our Deaf Lands », « Acid Mist Tomorrow » et le délicat « Tio » qui se taillent la part belle dans le coeur du public. Avec notamment une envolée lyrique puissante où la légendaire citation d’Albert Camus présente sur « Acid Mist Tomorrow » se voit être hurlée par la salle entière : « Il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine ».
Pendant une heure vingt, Hypno5e nous aura transporté dans son monde si unique, mélangeant les genres et les sonorités, tantôt venues d’Amérique Centrale, tantôt venues d’Europe. Ce melting-pot ainsi formé créé ce groupe à part entière, que personne ne peut caser. Osant toujours repousser ses limites, la prestation artistique délivrée par les membres du groupe nous montre qu’il est toujours bon de persévérer et de s’engager dans la voie où l’on souhaite mener notre projet.
A la prochaine fois Hypno5e…
"Si j'étais un homme...Sans doute je ferai les choses que vous me dites. Mais les pauvres bêtes […] Ne savent que se coucher par terre... Et mourir."
Setlist
On the Dry Lake
East Shore: in Our Deaf Lands
On Our Bed of Soil, Pt. 1
On Our Bed of Soil, Pt. 2
On Our Bed of Soil, Pt. 3
Tio (Keyboard/Voice transition)
Tauca, Pt. II (Nowhere)
A Distant Dark Source, Pt. 1
A Distant Dark Source, Pt. 2
A Distant Dark Source, Pt. 3
Acid Mist Tomorrow
Photos : Arnaud Dionisio / © 2019
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Un grand merci à The Link Productions pour l'accréditation.