Think Of A New Kind – Ideals Will Remain

Cela fait maintenant plus de dix ans que les Français de Think Of A New Kind se font une place dans le paysage metal hexagonal. Le death mélodique du combo, qui ne se limite cependant pas à cette étiquette, lui a permis d’obtenir une certaine reconnaissance. Cinq ans après Symbiosis, son dernier album studio en date, la sortie du nouvel opus suscite un intérêt et une curiosité certains.

Et pour son quatrième album, Ideals Will Remain, le groupe a gardé ses fondamentaux : un death mélodique qui oscille entre agressivité pure et passages ultra accrocheurs, un chant majoritairement hurlé avec quelques incursions en chant clair, une section rythmique impressionnante, des guitares acérées capables d’enchaîner une palette très variée de sonorités.

« Anima », la longue introduction de presque deux minutes – c’est presque un morceau à part entière en fait – met tout de suite dans l'ambiance sombre et angoissante, d’abord avec une guitare lente et claire, doublée par des distorsions en écho au loin avant d’être rejointe par la basse et la batterie, puis par un scream tout aussi lent mais totalement maîtrisé.

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« Last Days of Deception » entre ensuite dans le vif du sujet, reprenant à la perfection toutes les marques de fabrique du combo. C’est très rapide, l’ambiance sonne vaguement malsaine, les guitares réussissent à être à la fois très agressives et terriblement mélodiques, et le chanteur exécute tout le morceau en chant hurlé, même si sur le refrain, son scream tend vers le chant clair sans jamais l’atteindre, ce qui crée un déséquilibre particulièrement intéressant.

Car Think Of A New Kind ne fait pas du chant clair une nécessité. Aux premières écoutes, il semble d’ailleurs que plusieurs morceaux en soient totalement dépourvus, et pourtant, seuls « Last Days of Deception » et « Pyro ent » s'en passent totalement. Mais Raf Pener l’utilise avec tellement de parcimonie qu’on le cherche. Pas tant que cela, ceci dit : son chant hurlé est parfaitement maîtrisé, il arrive à le faire varier au gré des chansons, et le rend même mélodieux sur certains titres (le refrain de « Dead End’s Night », entre autres). Et le chant clair est utilisé à merveille, parfois sur une simple phrase avant d’être de nouveau emporté par le chant saturé (« Shadows Hill »), parfois dans un dialogue constant entre clair et saturé (« The Phantom »), parfois même dans une tonalité chorale presque metalcore (« Eve » et surtout « Dead Ends Night »).

Les guitares de Nils Courbaron et Thomas Moreau sont encore plus inventives. Elles alternent entre passages très saturés et totalement clairs, créent une ambiance, parfois très sombre, parfois très belliqueuses, se font remarquer à chaque instant de riff en solo, et créent constamment des contrastes au sein même d’un titre.  « The Phantom » offre ainsi une accroche à la guitare claire, presque suave, avant de rugir dans le bruit et la fureur, quand « Pyro ent » s’ouvre sur un motif magnifique à la guitare avant des se prolonger sur des guitares extrêmement agressives sur les couplets et mélodiques au possible sur les refrains. « Survivance » superpose une guitare très brute et saturée sur une autre beaucoup plus accrocheuse, mais ce schéma se présente souvent entre les guitares et le chant : quand l’un est mélodieux, l’autre se fait plus brutal.

La section rythmique d’Olivier d’Aries et Clément Rouxel est impeccable, et la batterie de ce dernier impressionne plus d’une fois, même quand elle est mixée en retrait, comme sur l’interlude « Eve » : sur tous les titres, sa force de frappe allie violence et rapidité, et participe de l’ambiance chaotique, obscure, puissante des morceaux. D’ailleurs, pas un n’est à jeter, et aucun maillon faible ne se dégage, pas même en introduction ou en interlude. Mention spéciale au dernier titre, « The Essence », tellement prenant qu’il est impossible de croire qu’il ait duré sept minutes, qui fait pour une fois la part belle à la voix claire, et alterne douceur et violence pour un final en apothéose.

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On pourrait, si l’on est d’humeur chagrine, regretter que T.A.N.K. semble moins expérimenter que sur d’autres disques. Mais ce qu’il le fait, il le fait très bien, et sans se révolutionner d’un titre à l’autre, il offre tout de même une certaine diversité au sein de ce disque, qu’il faut certes parfois quelques écoutes pour pleinement percevoir. Et surtout, il est vraiment très cohérent, les motifs mélodiques se retrouvent d’un morceau à l’autre sans donner d’impression de répétition, tous les morceaux ont leur place et se répondent sans se phagocyter. Think Of A New Kind confirme avec cet Ideals Will Remain tout le bien qu’on pensait de lui. On lui souhaite maintenant de passer le stade supérieur en termes de reconnaissance, c’est tout ce qu’il mérite.

Tracklist
01 Anima
02 Last Days of Deception
03 The Pledge
04 Shadow Hill
05 The Phantom
06 EVE
07 Survivance
08 Dead End’s Night
09 Pyro Ent
10 The Essence

Sortie le 28 février chez Verycords

Photos : David Poulain. Reproduction interdite sans autorisation du photographe

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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