Il est de notoriété publique que les Américains originaires du Nevada ont connu des hauts et des bas dans leur carrière d'un point de vue humain, mais leurs différents opus ont rencontré un succès grandissant au fil des années. Five Finger Death Punch délivre un huitième album, intitulé F8, le F pour la première initiale du nom de leur groupe, le 8 pour le huitième album, ou alors "F8" pour désigner la touche utilisée pour démarrer un PC Windows en mode sans échec. Cet enregistrement est-il à la hauteur des attentes de leur public et sans échec ?
Five Finger Death Punch, c'est le genre de groupe qui crée des débats en soirées : on aime ou on n'aime pas, mais il est évident que Ivan Moody et sa bande ont su grimper les échelons du heavy metal avec leur son unique. Après sept albums et des milliards d'écoutes sur les plateformes de streaming et de vues de leurs vidéos toujours très bien réalisées, le petit dernier de la bande, F8, est par conséquent très attendu. Les fans ont d'ailleurs eu une frayeur en 2017 lorsque le groupe a annoncé que le chanteur retournait en cure de désintoxication, l'alcool interférant trop dans leurs projets. Bien que Tommy Vext, chanteur du groupe Bad Wolves et ami des membres de FFDP, ait très bien géré le remplacement de dernière minute de Moody, il est rassurant de voir que le groupe revient avec leur chanteur originel seulement deux ans après l'album And Justice For None.
C'est donc un nouveau départ pour les Las Vegans, avec un chanteur sobre, une signature chez le label Better Noise Music, anciennement connu sous le nom Eleven Seven Label et le départ du batteur cofondateur Jeremy Spencer, pour raisons médicales, remplacé par Charlie Engen. Comme le cite le guitariste Zoltan Bathory : "Cet album représente une renaissance, une progression, une transcendance à la fois personnelle et musicale". Et Moody d'ajouter : "Cet enregistrement est pour moi une 'absolution', tout ce que j'ai fait dans ma vie a mené à ce moment précis."
C'est avec un album contenant pas moins de quinze titres que le groupe revient et la recette efficace de Five Finger Death Punch est bien présente. La production de Kevin Churko (Ozzy Osbourne, Disturbed, Slash...) laisse transparaître les sons des instruments de manière très propre, bien qu'on puisse trouver à redire sur le manque d'espace laissé au bassiste Chris Kael, excepté sur le titre assez heavy "Scar Tissue" où les lignes de basse se marient parfaitement aux riffs rapides des guitaristes Bathory et Jason Hook.
L'introduction éponyme de l'opus, qui commence au violoncelle sur un tempo assez lent, monte crescendo en intensité jusqu'à une puissance donnant l'impression à l'auditeur que la suite va exploser, mais le morceau "Inside Out", déjà sorti depuis quelques semaines, est presque décevant dans ce rôle. Il permet cependant à celui qui l'écoute de constater que Moody est très en forme, capable de passer d'une voix baryton à une voix tenor sans difficulté. Le plaisir d'entendre le chanteur avec une voix claire parfaitement maîtrisée revient à plusieurs reprises avec notamment le morceau "To Be Alone", la très belle ballade "Darkness Settles In" (où le chanteur revient sur son addiction à l'alcool) accompagnée d'une guitare acoustique et à nouveau d'un violoncelle, instruments retrouvés sur le morceau "Brighter Side of Grey" et ses riffs de guitare étouffés très appréciables.
Des morceaux comme "A Little Bit Off" ou "Leaving It All Behind" semblent avoir été pensés pour attirer une audience plus large, avec un son plus heavy et un chant principalement clair, bien que présentant quelques moments plus hargneux. Les riffs sont prenants et restent la marque de fabrique du groupe. "Mother May I (Tic Toc)" reprend la voix modifiée de Moody qu'on trouvait déjà dans d'anciens morceaux comme "Jekyll and Hyde" de l'album Got Your Six mais la chanson n'a pas le même effet, elle est moins prenante.
Mais que l'on ne s'y méprenne pas, la puissance de feu propre à FFDP est bien présente dans l'album. "Full Circle", qui fait également partie des morceaux parus avant la sortie de l'album, donne à son auditeur un premier coup de poing semblable à ceux déja reçus lors des premiers albums du groupe. Les soli de guitare à travers les titres sont très mélodieux et efficaces. Le coup devient presque fatal avec la thrashy "Bottom of the Top" et l'agressive "This is War", morceau le plus rapide de l'album qui permet à Charlie Engen de montrer de quoi il est capable avec ses fûts.
Deux morceaux bonus font partie de l'album. Le premier, "Making Monsters", est très énergique et entraînant, et nous donne presque envie de danser. Le second, "Deah Punch Therapy", reste dans la même énergie et est un véritable hommage au groupe par lui-même, avec des paroles de nombreuses autres chansons de leurs précédents albums. Des blast beats impeccables suivent derrière le dernier solo de l'album, toujours aussi mélodieux et bien réalisé.
F8 est un album qui reste fidèle au style de Five Finger Death Punch. Ivan Moody semble avoir retrouvé la sobriété et la gamme de voix que nous propose le chanteur est assez large, allant de la ballade au chant hargneux et agressif. Malgré quelques morceaux qui semblent un peu faciles, mais qui ne constituent tout de même pas un échec, le groupe nous délivre des titres accrocheurs et techniquement très bons, ce qui fait de ce huitième opus un très bon album, qui rencontrera probablement le même succès que ses prédecesseurs.
Tracklist :
1. F8
2. Inside Out
3. Full Circle
4. Living The Dream
5. A Little Bit Off
6. Bottom of The Top
7. To Be Alone
8. Mother May I (Tic Toc)
9. Darkness Settles In
10. This Is War
11. Leave It All Behind
12. Scar Tissue
13. Brighter Side Of Grey
14. Making Monsters (Bonus)
15. Death Punch Therapy (Bonus)
16. Inside Out (Radio Edit)
Sorti le 28 février 2020 sous le label Better Noise Music