Ektomorf, sujet à rire pur beaucoup, surtout dans le milieu de la presse metal, et particulièrement en France, le pays des gros râleurs il paraît. Pourquoi une telle image sur cette formation ? C'est très, très simple à expliquer. Le phénomène Ektomorf, c'est simplement celui du clonage : les hongrois, en sept albums, se sont taillés une solide réputation de plagiat sur patte, l'exemple même du groupe sans aucune personnalité, celui qui copie Soulfly / Machine Head, mais bien sûr, en carrément moins bien. Huitième opus pour les magyars, Black Flag fera-t-il taire les mauvaises langues ou pas ?
Rassurez-vous, chers amis du rire et du bon goût, ce ne sera pas le cas, tant cette huitième offrande fait la belle part au défaut le plus particulier de nos amis d'Ektomorf : leur manque complet d'identité. Ainsi, tout au long des quatorze morceaux (et c'est long, croyez-le bien !), le moins bon des groupes américains ci-dessus sera pompé en long, en large, et en travers, que ce soit dans les riffs interchangeables et tous plus bateaux les uns que les autres, mais encore et surtout dans les intonations de voix de Zoltan Farkas, passé maître dans l'imitation de Max Cavalera. Le chanteur reste ainsi fidèle à lui-même : ni bon, ni mauvais, juste en adéquation avec la musique, s'assurant seulement d'être une copie conforme, ne faisant aucun effort pour imposer son propre registre. Il est dans l'ombre de son idole et y prendrait presque du plaisir le bougre. Cependant, aussi bon imitateur soit-il, son registre est limité, et ce dernier nous fait un bon fail des familles sur « Unscarred » (qui, soit dit en passant, ne nous dispense pas du plaidoyer larmoyant pro-peine de mort).
Parlons donc des morceaux, qui sonnent, évidemment, comme du vieux Machine Head, mais auquel on greffe du Soulfly pour le côté basique, désirant aller à l'essentiel. Et au début, on se prend quand même au jeu, faut bien l'avouer. « War is My Way » est un bon morceau de neo / thrash, qui envoie la sauce, avec un refrain bien foutu et, même si c'est banal, sans réelle originalité ni recherche, ça passe plutôt bien. Même la partie de voix claire de Farkas y est agréable. Oui, vous lisez bien, un bon titre d'Ektomorf. Enfin non, pardon. Un bon titre de Machine Head ou Soulfly, mais composé par Ektomorf, ce qui ne s'entend presque pas vu certains pompages massifs dans les riffs. Et, autant briser le suspens tout de suite, ce ne sera pas la seule réussite des hongrois. Outre une excellente production, on a aussi l'inspirée « Black Flag », éponyme, qui martèle avec intelligence et dynamisme, sans en faire trop. Et là, c'est la métamorphose : oui, mesdames et messieurs, la formation nous sert une recette convaincante. Les miracles existeraient-ils ? Le Père Noël vit en Laponie au milieu de ses ordures ? Le lapin de Pâques n'est plus une légende ?
Ces mystères ne tarderont pas à donner leur réponse : oui pour le second et le troisième, non pour la première question concernant nos magyars. Les oasis de bon goût ne suffisent pas pour sauver une galette entière et si on fait le ratio, on a … 3 bons morceaux, sur un total de 14. C'est pas des masses. Le troisième titre qui vaut le détour, c'est « The Cross », plus thrash que l'éponyme très neo, où le couplet amène à l'ambiance du refrain, pour un bon rendu, les éléments se recoupant et se complétant plutôt bien, encore une fois. Mais voilà, c'est pas ces titres-là qui sauveront un ensemble plus que moyen : « Enemy », « Sick Love », « Unscarred », « Feel Like This » ou « Kill It » sont aussi dispensables que chiantes. C'est plat, ça ne décolle pas, c'est mou du genou et, en plus, ça sonne comme un bon gros réchauffé … qui a dit que c'est une spécialité d'Ektomorf ? Mauvaise langue, non, pas du tout, suffit juste d'écouter pour s'en rendre compte, tant ça friserait presque le plagiat par moment.
Ouais, donc, voilà quoi, Black Flag est, pour Ektomorf, un album assez décent. Dans le style, un mauvais album tout simplement. Et vous voulez qu'on élargisse encore le champ de recherche ? Parce qu'Ektomorf, encore une fois, se contente d'être d'une affligeante banalité et d'une médiocrité absolue. Aucune personnalité, quelques titres corrects sur une masse globalement plate et sans aucune consistance, bref, rien de bien attrayant là-dedans. Circulez, il n'y a, encore une fois, (presque) rien à entendre. Et dire que c'est quand même leur huitième album ...