En 2019, les Italiens les plus célèbres du metal publiaient leur neuvième album studio, un opus résolument sombre et tourmenté. Retour sur une sortie qui a marqué l’automne 2019.
En vingt ans de carrière, Lacuna Coil est passé d’un metal gothique à un mélange de neo-metal et de metal alternatif, pour se diriger sur ses dernières productions vers un son beaucoup plus lourd et agressif.
Sur Black Anima (« âme noire », en anglo-italien), le groupe semble aller encore plus loin dans la violence et la noirceur, justifiant ainsi parfaitement le titre de l’opus. Cela se ressent dans les paroles, qui évoquent les âmes tourmentées et les turpitudes de l’existence humaine.
C’est aussi très sensible dans la musique. Les ambiances, portées par les claviers de Marco Coti Zelati, sont noires, couplées à une agressivité de plus en plus marquée des guitares et batteries, même si elles ne s’aventurent pas non plus dans un jeu typé metal extrême. A ce titre, une chanson comme « Reckless », dévoilée en single avant la sortie de l’album, permet de mettre en avant une palette de jeu agressive et follement accrocheuse, où la guitare de Diego Cavallotti s’en donne à cœur joie. Juste en suivant, « Layers » révèle une batterie (Richard Meiz) qui tabasse tout sur les couplets, appuyée par des guitares qui enchaînent les plans enragés, le clavier et la basse (Coti Zelati) venant lier le tout pour une ambiance apocalyptique, et nombreux sont les titres où cela se ressent.
Pourtant, les influences du début de carrière du groupe sont toujours présentes : les sonorités gothiques sont particulièrement présentes dans la seconde moitié de l’album (« The End Is all I can See », « Through the Flames ») mais elles se couplent à des arrangements plus violents, faisant le pont entre les racines du groupe et son évolution actuelle (« Black Dried up », « Apocalypse » et son solo de guitare marqué, pas forcément la marque de fabrique des Italiens jusque-là).
Là où d’autres groupes calment le jeu avec les années, Lacuna Coil impressionne par sa volonté d’aller au contraire vers des horizons plus offensifs. Si c’est tout à fait notable sur le jeu de guitare et de batterie, c’est peut-être pour les voix que c’est le plus palpable. Andrea Ferro déchaîne toute sa rage avec une puissance qu’on ne lui connaissait pas forcément, dans un chant oscillant entre growl et scream (« Layers of Time », « Reckless », « Now or Never »). Mais la plus impressionnante reste probablement Cristina Scabbia. La chanteuse offre une palette très large et des couleurs inattendues. Mention spéciale au premier titre, « Anima Nera », où la voix de Scabbia est complètement saisissante et indescriptible, évoquant à elle seule la folie et la descente aux Enfers. Elle y chante aussi quelques paroles en italien, événement hélas bien trop rare dans la discographie des Milanais – on ne le dira jamais assez, le metal chanté en italien, c’est en général fantastique.
La chanteuse est également impressionnante sur « Veneficium » - avec du chant cette fois en latin – qui révèle une voix presque lyrique. Sur le reste de l’album, même si elle reste sur du chant clair a priori plus classique, elle propose tout de même des variations et des distorsions qui rendent son chant presque aussi agressif que celui d’Andrea Ferro (« Reckless », « Now or Never) ou apportent une dimension obscure, malsaine aux morceau (« Reckless » encore, Swords of Anger »).
Lacuna Coil a donc réussi avec Black Anima l’un des albums les plus marquants de 2019. Tout en gardant ses racines, le groupe sait évoluer et montrer qu’il est une formation avec laquelle il faut compter.
Tracklist
1 Anima Nera 02:27
2 Sword of Anger 03:55
3 Reckless 03:05
4 Layers of Time 04:07
5 Apocalypse 04:17
6 Now Or Never 04:41
7 Under the Surface 04:14
8 Veneficium 06:11
9 The End Is All I Can See 04:15
10 Save Me 04:36
11 Black Anima 03:23
12 Black Feathers (Bonus track) 04:11
13 Through the Flames (Bonus track) 05:29
14 Black Dried Up Heart (Bonus track) 03:48
Sorti le 11/1/0/19 chez Century Media