Beyond The Black – Hørizøns

Quatrième album en six ans d’existence pour les Allemands de Beyond The Black, et le deuxième avec le nouveau line-up. Après avoir enchaîné un album par an sur ses trois premières sorties, le groupe a laissé passer deux ans avant ce nouvel opus. Est-ce que cela sera suffisant pour relever le metal symphonique sympathique mais un peu trop générique du quintette ?

En trois albums et six ans d’existence, Beyond The Black s’est construit une petite réputation avec des productions bien faites et relativement accrocheuses mais ne brillant pas par leur originalité. Le groupe, catégorisé en metal symphonique, peine à se démarquer dans un genre fourni mais d’où ne surnagent au final qu’une demi-douzaine de formations, et les éléments symphoniques ne sont pas toujours très mis en avant, donnant plus l’image d’un groupe de metal mélodique avec des influences symphoniques.

Pour son quatrième album, Hørizøns, on pouvait espérer que le groupe muscle un peu son jeu et affirme une identité plus marquée, et pourquoi pas plus d’agressivité. Ce n’est pourtant pas ce que laissaient présager les premiers singles : toujours accrocheurs, certes, mais un peu faciles, pas révolutionnaires, et vraiment du côté très soft du metal.

Ces singles s’avèrent très représentatifs de l’album dans son ensemble. «  Hørizøns »,  single qui ouvre l’album, est clairement efficace, avec son alternance de voix féminine (Jennifer Haben) et masculine (Chris Hermsdörfer et Tobi Lodes), ses chœurs et son solo de guitare intéressant, mais on ne peut pas dire que ce soit fracassant. Surtout, la chanteuse Jennifer Habben possède une voix convenable mais pas renversante, ce qui interpelle dans le genre du metal symphonique. On ne lui fera pas l’affront de la comparer à Simone Simons ou Floor Jansen, mais sans aller jusque-là, ses montées dans les aigus ne sont pas toujours maîtrisées, que ce soit sur le titre éponyme, sur « Misery » ou encore sur « Paralyzed ».

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Sa voix semble globalement plus taillée pour la pop ou le pop-rock, et contribue à donner une atmosphère très pop à l’ensemble. Après tout, le pop-metal, cela peut fonctionner, mais le groupe a chargé la barque sur cet opus : la voix, les mélodies, voire sur certains titres les guitares et les claviers sonnent très pop, et ne sont pas contrebalancés par des éléments suffisamment agressifs pour offrir un contraste intéressant. Résultat, plusieurs titres pas mal faits mais terriblement plats : « Misery », qui en rajoute avec ses chœurs et ses lignes vocales, « Wounded Healer », « I Wont Surrender » qui entasse les claviers et les cordes pour une ballade lourde au possible. De plus, les claviers alternent les atmosphères pop et sympho, mais restent souvent très clichés et sans idée originale.

Tout n’est pourtant pas négatif sur cet opus : ajouter des voix masculines pour renforcer la voix de la chanteuse et créer un contraste manque certes terriblement d’originalité mais fonctionne (« Horizons »,  « Marching on », « Welcome to my Wastland »). Les guitares (Hermsdörfer  et Lodes) sont plutôt mises en avant, catchy mais pas dénuées d’agressivité, elles se font remarquer sur plusieurs soli et riffs plaisants (« Paralyzed », « You’re not alone », « Welcome to my Wastland », « Marching on »).

En combinant ces éléments, Beyond The Black arrive à proposer quelques morceaux qui sortent du lot, et le deuxième quart de l’album retient l’attention. « Some Kind of Monster » reste du metal mélodique classique mais la chanteuse recourt à un chant plus grave qui lui sied mieux et donne de la force à l’ensemble.  « Marching on » ne révolutionne rien mais joue à merveille du contraste entre voix masculine, très présente, et féminine, et guitares et claviers s’associent pour donner une vraie force au titre.

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« Human », ballade qui s’énerve ensuite sur un mid-tempo, avait tout pour sombrer, c’est au final le morceau de bravoure de Hørizøns : on sent plus de tension et de niaque dans la voix de Jennifer Haben, la basse de Stefan Herkenhoff  est plus présente, les chœurs et les claviers sont bien utilisés pour conférer une vraie puissance au titre tout en gardant une sensibilité pop cette fois bien exploitée. Le single « Golden Pariahs » est certes facile, mais les phrasés pop sont bien utilisés pour créer un titre accrocheur et énergique. Et « Welcome to my Wasteland » conclut très bien l’opus, avec des guitares plus saturées, des voix plus agressives, une batterie rapide (Kai Tschierschky) et un ensemble qui fonctionne très bien.

Au final, Hørizøns n’est pas désagréable à écouter, il n’a aucun morceau complètement mauvais, mais il comporte trop de titres faibles par rapport au nombre de chansons vraiment réussies pour être marquant dans son ensemble. Si sur certains titres, le mélange de Beyond The Black fonctionne excellemment bien, sur d’autres, il tombe à plat, et donne surtout l’impression que le groupe n’évolue pas réellement. C’est d’autant plus frappant quand on le compare à un groupe comme Delain, qui, parti également d’un metal symphonique générique avec un son très pop, a réussi à évoluer vers un son plus mûr et plus agressif sans renier ses accents pop. Beyond The Black possède pourtant des atouts solides sur lesquels le groupe pourrait s’appuyer pour proposer des compositions plus originales et plus risquées s’il s’en donnait la peine.

Tracklist
01. Horizons
02. Misery
03. Wounded Healer (feat. Elize Ryd)
04. Some Kind Of Monster
05. Human
06. Golden Pariahs
07. Marching On
08. You're Not Alone
09. Out Of The Ashes
10. Paralyzed
11. Coming Home
12. I Won't Surrender (Feat. Tina Guo)
13. Welcome To My Wasteland

Sortie le 19 juin chez Napalm Records

Crédit photo : Chris Heidrich

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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