Ensiferum embrase le Trabendo !
Par une journée pré-automnale un temps printanière et fort pluvieuse sur sa conclusion, c'est à une invasion finlandaise que nous étions conviés ce dimanche 23 septembre 2012 au Trabendo dans le 19ème arrondissement parisien. Une troupe nordique de folk viking metal guerrier était ainsi prévue, Ensiferum pour ne pas les nommer, accompagnée de deux combos motivés bien décidés à faire valoir leur talent. Récit d'une soirée riche en gros son, dans une ambiance enflamée à l'extrême.
PROFANE OMEN
C'est un groupe que nous découvrons à 100% sur scène, du moins pour ma part. D'eux, je n'avais vu que le single en mode vidéo clip sur Youtube, un "Wastehead" intéressant mais qui se devait d'encore plus exploser en condition live. Et cela ne tarda pas, puisque dès le deuxième morceau ce fut l'envoi de pâté grâce à cette chanson, déchaînant la fosse sans plus attendre via un public très loin d'être venu en touriste simplement attendre la tête d'affiche.
Combo créé en 1999 à Lahti, Profane Omen est loin d'être un débutant sur la scène metal, c'est ainsi qu'en 2011 est sorti le troisième album studio, Destroy!, chez Spinefarm Records - label d'Ensiferum. Opérant dans un thrash moderne teinté de groove bien ficelé, le quintet nous laisse sur place sans plus attendre - Jules Näveri au chant s'avérant être un frontman plus que respectable.
Ce dernier sera à fond de bout en bout, à peine gêné au départ par des problèmes micro sur l'introduction de "Wastehead" justement. Dommage, mais seul bémol technique d'une soirée qui sera parfaite sur ce point malgré un son peut-être un peu trop fort et brouillon par instants. Le chanteur venu du Nord n'hésitera pas à harceler le public, leur demander pogo et aux circle pits incessants, ce que les jeunes parisiens n'oublieront pas de faire à chaque fois que cela sera possible. Et si on ajoute à cela l'impressionante poupée gonflable (et fort gonglée au niveau de certaines parties) quelque peu dénudée se balladant entre metalleux, on ne peut nier qu'une ambiance fort bonne enfant règne ce soir au Trabendo... d'ailleurs l'ami Jules semble s'éprendre un instant de cette créature plastique lorsque celle-ci apparait sur scène, ayant tout le mal du monde à s'en séparer.
Entre Pantera moderne et Nevermore (surtout sur la chanson "Gunshot/Mindset"), la musique de Profane Omen performe les tympans, s'extrêmise souvent dans un metalcore bondissant mais sans jamais tomber dans les gros clichés du genre (même si le chant clair de notre vocaliste sur le titre "Left to Desintegrate" respire un peu les poncifs du style). On se laisse donc diaboliquement aller en headbangs légers mais sincères à l'écoute de leur musique parfaitement bien exécutée à défaut d'être révolutionnaire, et ce sera avec plaisir que nous recroiserons leur route à l'avenir. D'autant plus que leur double conclusion "Bound to Strive" / "Päinbox" a fini d'achever un public déjà déchaîné... "Perkele!" ... "Paris, you've been the best audience so far!"... un final empli de bonne humeur et de devoir accompli donc.
AMORAL
Nous les avions vus en 2009 en premère partie de Amorphis à la petite Loco, les revoici ce soir prêts à démontrer aux français qu'ils ont encore progressé. Autour de leur chanteur, l'icone Nouvelle Star finlandaise Ari Koivunen, Amoral s'installe ainsi sur les planches en toute décontraction. Il est à noter tout d'abord que cette formation a démarré sa carrière dans un thrash technique des plus ravageurs, avant d'opérer un visage plus mélodique à l'arrivée du jeune Christophe Willem finlandais. Sans faire injure à ce dernier, les fans de la première heure ont depuis craché sur le groupe qui a du quelque peu du mal à redémarrer une nouvelle carrière, avec une réussite plutôt honorable jusqu'à présent, les deux albums sortis sous l'ère Ari (Show Your Colors en 2009 et Beneath en 2011) ayant convaincu les professionnels.
Très vite, Ari Koivunen montre une attitude de frontman très décontract', peut-être un peu trop par moments - et s'il semble un temps chercher sa place sur la scène du Trabendo, il se lâche vite et montre surtout qu'il a bien grandi depuis son époque télé-réalité. Le gamin, qui n'en est plus vraiment un, s'installe directement dans un chant thrash-death moderne étonnant en guise de morceau d'introduction, reprenant ainsi le répertoire du passé sans sourciller puisque ce "Mute" sorti en 2007 était performé au chant par Niko Kalliojärvi. Certes, c'est encore un peu cru et maladroit, mais le travail est là, la versatilité se faisant peu à peu ressentir. Evidemment, les regards se sont pas mal portés sur lui, et il a su s'en amuser - casquette vissée sur la tête ou non, à l'endroit ou à l'envers - tout en communiquant avec ses musiciens le temps que quelques taquineries amusantes.
Techniquement, il n'y a pas grand chose à redire, Amoral est un groupe qui a beaucoup à proposer, naviguant du mélodique le plus cliché aux passages thrash modernes les plus techniques, tutoyant vite fait quelques break légerement hype mais parfaitement justifiables. Une vraie diversité qui masque encore un certain manque de personnalité, même si le chant d'Ari - niais pour certains mais plutôt irréprochable ce soir - implique une signature à part.
Le temps de 8 chansons, le quintet finlandais nous tient en haleine sans mal, et si la foule a un temps du mal à embarquer elle se laisse vite prendre au jeu, comme sur ce "Wrapped in Barbwire" par exemple où le pit se remet en feu. Nous noterons également l'excellente "Release" et une très belle conclusion de presque 8 minutes, un "Beneath" ambiancé et bien rôdé qui prouve que cette formation a un bel avenir devant elle. Et si Ari continue à bien grandir, bien vite les derniers préjugés disparaîtront de la circulation...
Setlist :
- Mute
- Exit
- (Won’t Go) Home
- Release
- Wrapped in Barbwire
- Things Left Unsaid
- Silhouette
- Beneath
ENSIFERUM
L'attente est bientôt terminée... bien remontés par deux premières parties sympathiques, nous attendons sagement les héros (méconnus) de la soirée. Quelques fausses alertes à coups de découvrage de cymbales ou test de micro plus tard, nous entrons très vite dans le vif du sujet avec l'introduction du dernier opus, la simple mais captivante "Symbols"... le temps de découvrir un décor viking guerrier installé sur la scène, ce bouclier bardé d'épées au devant du clavier ou ces quatre pancartes couvertes de signes nordiques rappelant les anciennes tribus. Petit à petit chacun prend place et c'est le début d'une folie irrespirable pour les spectateurs présents dans le coeur de la fosse.
Placés légèrement en hauteur derrière cette anarchie de mouvements, nous pûmes aisément constater la grande forme d'un public totalement dévoué à Ensiferum, des vagues presque non stop ondulant sous nos yeux et tous ces corps ne faisant plus qu'un dans la houle metalleuse d'une agitation infernale. Le groupe lui-même, bien vissé sur scène (chacun derrière son instrument), sembla quelque peu surpris d'autant d'énergie décuplée sous ses yeux, avant de vite prendre à bras le corps cette ambiance survoltée pour déchainer les watts jusqu'à l'infini.
Le son du Trabendo ce soir s'est avéré très haut en décibels, de quoi bien remuer les âmes et époumoner les gens sans fin. Nous avons cependant parfois eu du mal à bien distinguer chaque instrument comme nous aurions aimé le faire, mais pris dans cette atmosphère de fête suprême nous ne pouvions assurément pas bouder notre plaisir... et ainsi nous lâcher en chant "fromage death" ou autres "refrains en choeur" et "tadadaaa" comme sur l'intro du très enjoué "Iron" issu de l'album du même nom paru en 2004 - le dernier avec l'ami Jari Mäenpää, parti depuis s'occuper de son projet Wintersun, et dont le chant folk de "Lai Lai Hei" sera assuré par le guitariste Markus Toivonen, chanteur clair de bonne facture et qui se muera en frontman le temps de titre épique proposé en rappel. Il est d'ailleurs amusant de constater que, chez Ensiferum, les frontmen s'alternent, bien sûr Petri Lindroos s'occupe de l'essentiel des voix extrêmes au centre avec sa guitare, mais Sami Hinkka n'est pas de reste entre quelques envolées lyriques et prises de parole bien amusante comme le désormais fameux "J'ai une comète sous mon kilt", le finlandais confondant avec le mot "culotte" que lui souffait pourtant au premier rang un fan.
Mieux qu'un météore, Ensiferum traverse cependant cette épreuve du Trabendo sans le moindre accroc, les titres du nouvel album Unsung Heroes passant plutôt bien entre un "Burining Leaves" envolé et un "In My Sword I Trust" mettant directement l'ambiance. Seuls "Pohjola" et "Unsung Heroes", peut-être un poil moins taillées pour le live, auront du mal à décoller, surtout la première qui bénéficie très clairement de larges samples que la ravissante Emmi Silvennoinen derrière ses claviers a eu bien du mal à masquer. Pour le reste, aucun classique n'aura été oublié, si ce n'est qu'on aurait espéré un "Deathbringer from the Sky" pour représenter le meilleur opus du groupe - j'ai nommé Victory Songs... ne boudons cependant pas notre plaisir d'avoir obtenu un "Blood Is the Price of Glory" bien nerveux pour une fosse déchaînée et le très "sing along" "One More Magic Potion" connu de tous. From Afar s'est quant à lui paré de trois morceaux symphoniques représentant bien son atmosphère, alors que le premier opus s'est vu illustrer de trois tubes à grand impact, donc l'hymnesque "Battle Song" en conclusion ultime.
Conclusion ou presque, les vikings finlandais s'amusant d'une outro en mode improvisation classique bien entraînante (sorte de danse russe dont le nom du compositeur m'échappe) et d'un faux démarrage doom old school - un peu plus et on se retrouvait avec un vieux Black Sabbath ou le final du "Black Diamond" de Kiss (comme l'avait joué Pain of Salvation l'an passé au Divan du Monde), mais non. Le temps de dire au revoir en toute sobriété et c'est une foule conquise qui éponge ses dernières gouttes de sueur après un concert irrespirable, mais dans le bon sens du terme. Ensiferum m'a personnellement fait oublier sa performance en demi-teinte et quelque peu tronquée du Hellfest 2010, et c'est bien là le principal, aucun fan ne semblant déçu du show proposé ce soir à Paris... bien au contraire !
Setlist :
- Symbols
- In My Sword I Trust
- Guardians of Fate
- From Afar
- Burning Leaves
- Pohjola
- Heathen Throne
- Blood Is the Price of Glory
- One More Magic Potion
- Hero in a Dream
- Unsung Heroes
- Iron
- Twilight Tavern
- Lai Lai Hei
- Battle Song
Le temps de traîner au merch et de passer un petit coucou à Ari Koivunen (certains termineront la soirée voire la nuit avec lui et Amoral autour de quelques verres), et nous nous éloignons au coeur de la nuit parisienne, des souvenirs plein la tête. En attendant la prochaine fois...
Photos : Hellbangeuse Live Photography / un grand merci à Hard Force au passage