Deuxième album en deux ans d’existence pour le quatuor qui officie dans un power metal ultra thématisé, puisque depuis sa création, ses chansons narrent les belliqueuses aventures de quatre guerriers antiques. On ne change pas une formule qui gagne, ce nouvel opus conte donc la suite de leurs péripéties.
Etrange attelage que ce Warkings, qui forge une improbable alliance entre deux Romains (un Spartiate et un tribun), un croisé et un Viking – non, la rigueur historique n’est pas vraiment de mise. En ce qui concerne l’incarnation de ces personnages de scène, on sait seulement qu’il s’agit d’un groupe international, et que le chanteur (Tribune) est l’Autrichien Georg Neuhauser, qui officie également dans Serenity et Phantasma.
Tombés au champ d’honneur, les quatre guerriers se retrouvent au Valhalla, et par une savante manœuvre d’Odin, ressuscitent pour s’en retourner guerroyer sur Terre ensemble tels les Trois Mousquetaires des voyages spatiotemporels. A l’aube de ce Revenge, second album du combo, les rois guerriers échappent au monde souterrain en volant l’âme de maléfiques créatures, poussant les démons d’outre-tombe à les poursuivre pour accomplir leur vengeance.
Ce récit très légèrement capillotracté sert de toile de fond aux aventures musicales des quatre Warkings, et chaque chanson raconte une bataille, que ce soit un affrontement non défini contre leurs ennemis démoniaques ou la participation de ces personnages fictionnels à un conflit historique ou mythique. C’est ainsi que l’on passe sans transition de la bataille de Bannockburn (« Freedom »), qui vit l’Ecosse défaire l’Angleterre bien avant la création du Tournoi des Six Nations – la bataille eut lieu en 1314 – au combat mené par Maximus pour libérer les gladiateurs sur la logiquement nommée « Maximus » – pas de Ridley Scott en vue pour réaliser un clip en forme de remake de Gladiator malheureusement.
Le schéma utilisé pour l’écriture des textes, qui déploient une thématique guerrière très homogène associée à un mixage d’un grand nombre d’influences existantes en la matière, se retrouve globalement dans la musique, avec moins d’imagination : Revenge reste sur du pur heavy / power – sans évolution franchement notable par rapport à Reborn, le premier album, et semble brasser tout ce qui s’est fait ces quarante dernières années en la matière sans inventer grand-chose. L’univers lui-même peut déjà faire penser à Sabaton, de par la narration de grandes batailles du passé, comme à Gloryhammer, de par les musiciens qui incarnent chacun un personnage d’une histoire qui se poursuit d’album en album.
Résultat : un album efficace mais pas mémorable, à quelques morceaux près. Tous les ingrédients attendus chez une formation de power sont présents : un chant puissant, presque systématiquement en voix claire, qui multiplie les envolées dans les aigus ; une guitare (Crusader) qui enchaine les riffs épiques agrémentés de quelques soli ; une batterie (Spartan) très rapide capable de quelques passages particulièrement martiaux ; une basse (Viking) qui se contente essentiellement d’accompagner les autres instruments ; et des claviers assez présents qui remplacent les instruments organiques pour apporter un peu de variation dans les atmosphères. Le tout oscille entre des morceaux mid-tempo et des titres plus rapides sur lesquels les musiciens s’en donnent à cœur joie dans les concours de vélocité.
En bref, des ambiances épiques qui transportent sur le moment mais n’apportent rien de nouveau à la scène, et frôlent parfois le kitsch. En reprenant tous les éléments mentionnés, les deux premières chansons, « Freedom », avec son intro très vaguement folk, ses clameurs guerrières et sa batterie martiale, et « Maximus », font bonne impression, et on n’est pas loin de partir en guerre avec le quatuor. Les mélodies semblent assez faciles, mais on peut aussi dire qu’elles sont simplement accrocheuses, et les chœurs qui clament « Freedom » ou « Maximus » sembleront épiques ou bien simplistes et kitchs, question de point de vue et d’humeur – mais il y a fort à parier qu’ils fonctionneront du tonnerre en concert. Néanmoins, quand, passée la moitié de l’album, on arrive à « Banners High », Mirror, Mirror » ou « Marathon », avec des atmosphères, des constructions, des arrangements très semblables, la lassitude commence sérieusement à poindre.
Quelques éléments un peu plus originaux viennent cependant rehausser l’ensemble. Les pointes de growl attirent l’attention sur « Fight in the Shade », avant que la voix de Tribune se fasse plus suave, comme sur « Warkings ». « Odin’s Son » est l’un des titres les plus marquants, grâce entre autres à un martèlement de batterie tribal et un growl plus marqué, assuré par la Queen Of The Damned, qui s’associe très bien au chant power, ce qui fait que même les éléments les plus clichés fonctionnent à merveille. « Azrael » se démarque également sur ses couplets, avec ses arrangements lourds, son chant très scandé ponctué de chœurs graves, son pont orientalisant à la voix féminine puis plus gutturale. Enfin, Warkings conclut avec un titre presque éponyme, « Warking », l’un des plus intéressants de l’album, avec des chœurs scandés, une voix plus délicate, une ligne mélodique presque lyrique et aérienne et des vocalises inarticulées surprenantes qui parcourent l’ensemble entre les parties de chant principales.
Revenge est loin d’être mauvais mais ces prises de risques sont trop timides et limitées pour en faire un disque qui sorte vraiment du lot. Warkings connait ses bases mais n’arrive pour l’instant pas à se démarquer par une identité musicale forte, ce qui est dommage, car son univers au mélange loufoque de périodes historiques est assez attrayant. Le quatuor pourrait songer à injecter cette loufoquerie et cette idée de mélanges improbables dans sa musique, elle gagnerait en particularité.
Tracklist
01 - Freedom | ||
02 - Maximus | ||
03 - Warriors | ||
04 - Fight in the shade | ||
05 - Odin's sons feat. the Queen of the Damned | ||
06 - Banners high | ||
07 - Mirror, Mirror | ||
08 - Azrael | ||
09 - Battle of Marathon | ||
10 - Warking |
Sortie le 31 juillet 20200 chez Napalm Records