Accept – Eat The Heat

1989 inscrit une révolution au sein d’Accept mais aussi pour le monde du glam metal. Alice Cooper publie Trash et revient au sommet de sa carrière. Motley Crue sort d’une longue période de débauche et nous offre Dr. Feelgood, son meilleur album des années 80. On pense également à W.A.S.P avec The Headless Children ou encore Skid Row avec son premier album éponyme. Revenons à Accept et plus précisément à Eat The Heat. Le groupe passe d’un heavy metal agressif à un glam metal mélodieux. Qu’en est-il du huitième opus de la formation allemande ?

Au cours de l'année 1987, Udo Dirkschneider décide de quitter la formation ne se sentant pas capable d’assurer vocalement le changement de style. David Reece vient assurer la relève sur cet album uniquement et une nouvelle magie opère. Le pari est risqué pour Accept qui laisse de côté un heavy assez agressif pour un son plus mélodique inspiré du glam metal américain.

On retrouve sur Eat The Heat les sensations de Metal Heart paru en 1985. Malgré un aspect trop commercial selon les fans de la première heure, aujourd’hui cet opus résonne comme une prise de risque osée par le groupe et un essai transformé. Les influences glam metal sont évidemment bien plus présentes notamment avec "I Can’t Believe In You" ou "Hellhammer" qui mélange tout aussi bien le heavy traditionnel que le hard FM par un chant assez caractéristique du genre. La tendance à adoucir les compositions en passant justement par le style FM marque d’autant plus le tournant du groupe. "Break The Ice" assurément heavy dans le riff de guitare revient aux essentiels d’Accept et tend indéniablement vers le hard FM tout public dès le premier couplet jusqu’au refrain. Le style se ressent aussi avec "Chain Reaction" à la guitare dominante accompagnée d’une démonstration de batterie ultra classique extrêmement proche du hard rock. Cette composition procure cependant des émotions fortes à travers notamment un solo de guitare très expressif.

Eat The Heat propose aussi plusieurs morceaux mid-tempo tels que "Generation Clash" et "Love Sensation". Ce dernier permet à David Reece d’exposer sa voix et nous démontre de quoi il est capable. Ce titre catchy bénéficie d’un groove particulier que l’on retrouve aussi dans le solo de "Hellhammer". Mis de côté sans être totalement abandonné, le heavy traditionnel percutant et incisif refait surface avec "D-Train" qui penche aussi vers le speed metal clinquant. Accept revient de temps en temps à ce qu’il sait faire de mieux et sait proposer sur cet album de jolies pépites très inspirées. "X-T-C" en est le parfait exemple. Le titre d’ouverture bénéficie d’une intro speed sans disto avant d’appliquer un lourd riff de guitare. La voix est percutante et le style plus classique, les solis sont mélodieux et le tout déploie une énergie folle, nous procurant des sentiments forts. Cela se poursuit avec "Prisoner" qui sonne à 200% glam metal. Le synthé est plus présent que sur le reste de l’album et nous plongeons la tête en avant dans les années 80.

Parfois trop présente comme sur "Stand 4 What U R", l'immersion dans cette époque riche et ultra catchy des années 80 offre d’un autre côté d'inoubliables ballades. Tel Scorpions, Accept s’exerce au genre avec "Mistreated" qui nous touche particulièrement. Ce slow posé laisse monter les émotions et atteint son climax avec un excellent solo. La batterie, quant à elle, ne se détache pas mais assure le travail, il s’agit plus d’un accompagnement. Tout comme sur "Turn The Wheel", aux airs très hard rock, ce morceau ne permet pas au batteur de s’exprimer puisque la ligne est ultra classique.

La fin des années 80 marque aussi le déclin du glam metal au profit du grunge, certains groupes américains du Sunset boulevard, comme Mötley Crüe par exemple, traversent une période difficile jusqu'à la fin des années 2000. Accept n'y échappe pas puisque les albums suivants comme Death Row ou Predator rencontrent un succès bien en deçà des précèdents opus. Eat The Heat marque donc un tournant pour le groupe mais aussi la fin d'une ère musicale au styles vestimentaires hétéroclites. Ce qui donne à cette oeuvre une place toute particulière dans la discographie des Allemands.

Tracklist :

01 - X-T-C
02 - Generation Clash
03 - Chain Reaction
04 - Love Sensation
05 - Turn The Wheel
06 - Hellhammer
07 - Prisoner
08 - I Can't Believe In You
09 - Mistreated
10 - Stand 4 What U R
11 - Break The Ice
12 - D-Train

Sorti le 30 Mai 1989 chez BMG Entertainment

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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