Le retour aux affaires de Mercyless depuis Unholy Black Splendor (et faisant suite à un hiatus de dix ans) aura été bénéfique pour les amateurs de death metal old school. Fait rare dans le style, chaque nouvel opus parvient à surclasser le précédent, ce qui se vérifie une fois de plus avec un The Mother of All Plagues (successeur d'un Pathetic Divinity en tout point excellent), bien parti pour être l'un des albums death de l'année. Affichant 35 minutes au compteur, ce septième opus allie brutalité, efficacité et rage dans un ensemble toujours sincère et cohérent avec la démarche entamée par le combo trente-trois ans auparavant.
En écho à Abject Offering et aux opus post-reformation, The Mother of All Plagues débute par une introduction chaotique, à base de bruitages et dialogues, posant immédiatement l'ambiance apocalyptique souhaitée par le groupe ("Infection"). Et en dépit d'un titre que l'on pourrait rattacher à l'actualité mondiale, ce n'est pas tant la diffusion d'un fléau épidémique qui est évoqué, que le traitement de la maladie par la religion établie.
"Rival of Nazarene" plonge l'auditeur dans un death rageux, old school, où l'ombre de Slayer plane sur le riffing, tandis que le chant toujours écorché de Max Otero penche toujours vers Pestilence. Pas de doute, 33 ans (l'âge du Christ) après sa formation, le combo alsacien ne compte pas s'assagir et renoue avec la brutalité qui l'animait sur Abject Offering. Les textes sont une fois de plus sulfureux ("Bring Me His Head"), dans la pure tradition du style et de l'histoire du groupe.
Avec un son de guitare brut et sale, mais pourtant d'une lisibilité et d'une précision époustoufflante permettant d'apprécier chaque riff à sa juste valeur ("Laqueum Diaboli", "Inherit the Kingdom of Horus"), Mercyless trouve le juste équilibre entre modernité et sonorité old school. Et pour son intronisation studio au sein du groupe, Yann Tligui bénéficie d'une très bonne mise en son, où les quatre cordes de sa basse résonnent de façon apocalyptique ("Bring Me His Head", "All Souls Are Mine").
Mais outre la production, c'est bien la qualité intrinsèque des titres qui frappe à l'écoute de cet album. Les riffs se retiennent immédiatement mais parviennent pourtant à surprendre l'auditeur en diversifiant le propos (le pont presque doom de "Inherit the Kingdom of Horus", le court interlude "Contagion", les accords ouverts black de "Litany of Supplication") et ne s'embarrassent pas du superflu. En effet, avec des titres qui ne dépassent que rarement les quatre minutes, Mercyless va à l'essentiel, parvenant tout de même à osciller au sein de ses compositions entre rapidité sauvage ("Descending to Conquer" où la batterie de Laurent Michalak sonne presque thrash) et mid-tempo pachydermique ("Litany of Supplication"). Et si le riffing ne souffre d'aucun reproche, côté soli, il en est de même, puisque les parties de guitare de Max Otero et de Gautier Merklen (et même Michel Dumas d'Agressor en guest sur "All Souls Are Mine") servent la musique sans en faire des tonnes.
Seule ombre au tableau, le final de "Rival of Nazarene" se termine sur un fade out, alors que le riff, pourtant excellent, aurait mérité de continuer à se développer. Mais peu importe, en 35 minutes, Mercyless a tout dit et continue son bonhomme de chemin sans sourciller, avec des titres d'une grande qualité, un riffing d'une efficacité redoutable et un chant écorché qui sert le propos avec justesse et sincérité. Avec un album de la trempe de The Mother of All Plagues, Mercyless trouve le juste équilibre entre la violence de ses débuts et la maturité des albums sortis depuis Unholy Black Splendor. Assurément l'un des albums majeurs du death metal français de cette année !
Tracklist :
Infection
Rival of Nazarene
Banished From Heaven
Bring Me His Head
Contagion
Laqueum Diaboli
Descending to Conquer
Inherit the Kingdom of Horus
The Mother of all Plagues
All Souls are Mine
Litany of Supplication
Sortie prévue le 21 aout chez Xenokorp
Photographies : DR Mercyless