Plus de vingt ans de carrière et toujours fourré dans les entrailles d’un death grind qu’il continue à triturer comme un gamin. Voici comment on pourrait résumer simplement Benighted à l’approche de leur neuvième album, Obscene Repressed. Jusqu’à maintenant, le groupe poursuivait sa route sans jamais décevoir. Est-ce que ce nouvel album va déroger à la règle ? Elements de réponses ci-dessous !
Si vous cherchez un peu de finesse dans ce monde qui va à vau-l’eau, changez de galette, ce n’est pas ici que vous trouverez du répit. Le hurlement dégueulé de Julien Truchan dès le morceau éponyme annonce la couleur : tout ici ne sera que folie, tripes et horreur noyées dans un déluge de notes.
Pour ceux qui ne connaîtrait pas encore Benighted, leur style nage en plein death metal, mâtiné d’une grosse louche de grindcore. Quelques rares accalmies de tempo sont à noter, mais celles-ci sont là non pas pour calmer le jeu mais pour provoquer le pit de la meilleure des manières dans l’espoir des lives à venir.
On ressent, à l’instar de Necrobreed leur précédent opus, quelques touches hardcore dans les riffs, disséminées ici et là pour une musique toute portée sur l’efficacité. Ainsi des morceaux comme "Smoke Through The Skull", "Nails" et son breakdown noté d’une mention "bon pour le live" ou encore "Implore The Negative", font preuve d’une vibe parfois hardcore ultra efficace. Sur le dernier morceau cité, on retrouve d’ailleurs Jamey Jasta, toujours présent en 2020 pour poser sa voix quand il s’agit d’apparaître sur un bon album.
Malgré les invités, malgré un torrent de riffs et de blast beat qui pourraient rendre le disque inaudible, tout est parfaitement clair et efficace. On ne peut que remercier l’excellente production de Kristian Kohle qui fait encore un travail admirable sur le rendu du disque. La production est un véritable rouleau compresseur, mais suffisamment aérée pour laisser parler tous les instruments, de la basse de Pierre Arnoux aux roulements déflagrateurs du "nouveau venu" Kevin Paradis à la batterie. On peut ainsi se délecter en même temps du jeu tout en délicatesse – une erreur d’adjectif s’est certainement glissée ici – de Fabien Desgardins et Emmanuel Dalle sans rien perdre du jeu des autres musiciens.
Et au vu du déferlement de violence qui s’abat sur cet album, on peut dire que ce n’est pas une mince affaire. Surtout quand le tout est surplombé de la prestation, encore une fois incroyable, d’un Julien Truchan habité. Celui-ci continue, plus de deux décennies après leurs débuts, d’enchaîner growls, pig squeals et hurlements avec une décontraction et une facilité presque écoeurante. Seul membre encore présent des débuts de l’aventure Benighted, celui-ci est encore une fois la grosse plus-value de son groupe. Vous pensez que la voix se ternit avec l’âge ? Ecoutez "The Starving Beast" et ses changements incessants pour comprendre que "beugler dans un micro" demande un grand talent.
Et comment ne pas finir sans mentionner les deux bizarreries de l’album ? "Muzzle" est ainsi un morceau épique, au milieu duquel se glisse une coupure faite d’un jazz poisseux et quasi dansant qui encore une fois devrait engendrer de bons moments sur scène. La deuxième surprise se trouve dans les bonus avec une reprise de "Get This" de Slipknot. Mais oui Slipknot, vous savez, le groupe qu’il est bon de décrier parce que vous comprenez ma bonne dame, ils sont connus. En l’occurrence, pas de foutage de gueule de la part de Benighted qui transforme la déjà violente composition en véritable morceau de bravoure grindcore.
Dans la catégorie des groupes qui ne décoivent jamais, Benighted est l’un de nos fiers représentants. Obscene Repressed ne change pas une formule bien établie, mais cela on en a cure. Gras, sanglant, technique et entêtant, le neuvième album de la bande à Truchan continue de montrer à quel point celle-ci est tranchante. Enchainement de riffs à vous ruiner la nuque qui prendra toute sa saveur en live, Obscene Repressed est encore une réussite dans la discographie sans faute des Français.
Benighted - Obscene Repressed sorti le 10 avril chez Season Of Mist
Tracklist :
1. Obscene Repressed
2. Nails
3. Brutus
4. The Starving Beast
5. Smoke Through The Skull
6. Implore The Negative
7. Muzzle
8. Casual Piece Of Meat
9. Scarecrow
10. Mom, I Love You The Wrong Way
11. Undivided Dismemberment
12. Bound To Facial Plague
Bonus track :
13. The Rope
14. Get This