S'il y a bien une formation hexagonale de thrash qui a su faire parler d'elle ces dernières années, c'est Hexecutor. Parvenant à sortir de la seule sphère underground, à grand coup de tournées et de dates aux quatre coins de France (Hellfest, première partie de Voivod, Fall of Summer, Courts of Chaos, Motocultor), le quatuor pouvait compter sur la qualité de son premier opus, Poison, Lust and Damnation pour faire parler la poudre. Avec Beyond Any Human Conception of Knowledge, leur nouvel album, les Bretons ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin.
La recette d'Hexecutor ? Un bon vieux thrash old schoold des familles, une production qui sent la sueur et le goudron et surtout des titres alambiqués qui dépassent très régulièrement les six minutes. Le tout est saupoudré de la voix délicieusement criarde de Jey Deflagrator, rappelant régulièrement celle de David DiSanto (Vektor). Comme leurs modèles, les Bretons sont capables de redoutables accélérations ("Ker Ys", parfois pas très carré mais terriblement attachant car respirant la sincérité)
Mais limiter Hexecutor au seul thrash serait réducteur. Si l'essence de la Bay Area est bien au coeur du style du quatuor, le groupe lorgne très régulièrement vers le heavy (la deuxième moitié du titre d'ouverture, "Buried Alive With Her White Silk Dress", le solo à l'unisson de "Danse Macabre" ou encore le très NWOBHM "Tiger of the Seven Seas" sont là pour en témoigner) voire vers le black à travers notamment le chant de Jey. De même, les paroles parfois écrite dans la langue de Molière ("Ker Ys") apportent un vent de fraîcheur bienvenu au style. En raison de toutes ces influences, la longueur des titres se justifie amplement et le combo évite l'écueil du remplissage inutile, maniant les cassures rythmiques comme peu savent le faire.
Malgré tout, comme pour Poison, Lust and Damnation, ce nouvel album comporte quelques petites faiblesses, principalement lié à la mise en son. Si l'ensemble est fait pour sonner old school et sent à plein nez l'esprit underground, on regrette parfois le son très criard des guitares, notamment sur les parties solo (le solo introduisant "Eternal Impenitence") ou sur certains riffs abusant parfois des harmonies artificielles ("Kroez Er Vossen" à 2:00). De ce fait, à la première écoute, l'ensemble paraît très dense et difficile d'accès et l'auditeur devra persévérer pour mieux saisir la construction des titres. Mais certains titres sont de vrais petits bijoux, trouvant le juste équilibre entre le thrash à la Exodus et le heavy à la Mercyful Fate ("Belzebuth's Apocryphal Mark", qui donne clairement envie de mosher sur sa première partie avant une seconde plus dansante ou encore le très mélodique instrumental "Brecheliant").
Avec son deuxième opus, une fois de plus taillé pour le live, comme cela était déjà le cas pour les titres de Poison, Lust and Damnation, Hexecutor se donne les moyens de séduire. Les quelques défauts de l'album sont rapidement gommés devant une telle énergie qui sent bon le live dans les petits clubs. C'est en effet la grande force d'Hexecutor : si tout ne semble pas toujours carré, au moins l'esprit de la scène est présent pour les amateurs du genre. De quoi souhaiter rapidement la reprise des concerts et la fin de la pandémie, nul doute qu'Hexecutor saura vous remettre les idées en place !
Tracklist :
Buried Alive With Her White Silk Dress
Ker Ys
Eternal Impenitence
Tiger of the Seven Seas
Belzebuth's Apocryphal Mark
Brecheliant
Danse Macabre
Kroez Er Vossen
Sorti le 26 septembre 2020 Dying Victims Productions
Photographie : © Regis Peylet 2018
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