Quatrième album pour Melodius Deite, groupe de power progressif en activité depuis 2007. Si les premiers albums laissaient déjà entendre une certaine maîtrise et une volonté de mélanger les genres, ce quatrième enfonce encore plus le clou.
Et ce mélange des genres commence dès la composition du quintette, puisqu’à la base thaïlandais et fondé par le guitariste Biggie Phanrath (seul membre originel restant), il s’est depuis adjoint les services du claviériste espagnol Diego Zapatero, et, sur Elysium, du chanteur japonais Yama-B (Mashahiro Yamaguchi).
Il s’entend aussi dans le style que propose Melodius Deite. Originellement, il mélange du power metal avec du metal progressif, ce qui n’est déjà pas l’alliance la plus instinctive, y ajoutant quelques pincées de metal symphonique. Sur cet album, le groupe reste ultra mélodieux mais met très légèrement en retrait ces éléments pour faire entrer des touches plus agressives, du djent au death, et même un soupçon de jazz sur certains titres.
Le résultat pourrait être boursouflé, il est virtuose et extrêmement fluide, avec un aspect assez direct, les morceaux dépassant rarement les cinq minutes. Les différentes couches d’arrangements et les associations de styles se mêlent avec d’autant plus d’harmonie que tous les musiciens sont très bons techniquement, parfois impressionnants sur certains passages, et savent clairement jouer ensemble sans se marcher dessus. Cela s’entend dès le premier titre, « Destructive Chaos », un maelstrom maîtrisé et virtuose qui laisse entendre, en plus d’une batterie et de claviers irréprochables, une guitare très technique en introduction, une basse néanmoins très mise en avant, un son légèrement dissonant et une touche de jazz dans le jeu de guitare, brassant sans vergogne mais avec brio les influences.
L’ensemble reste très marqué par le power, notamment grâce à la voix du nouvel arrivant Yama – B, capables d’envolées vocales impressionnantes dans les aigus, et aux guitares virtuoses de Biggie Phanrath, extrêmement rapides et multipliant les soli. La partie progressive est plus effacée mais se retrouve sur certaines constructions, sur des changements de rythme, l’ajout d’éléments ou le jeu sur les parties rythmiques de la guitare et la basse (Chanin Shinken). Les touches symphoniques se font discrètes mais ajoutent encore un peu plus de densité à l’ensemble, par le biais de chœurs très classiques, de certaines parties de claviers et de piano (on croit même entendre un clavecin sur « Covetousness »), ou occasionnellement du chant principal, qui prendrait presque une coloration lyrique. Enfin, sans devenir du tout un groupe de metal extrême, Melodius Deite emprunte des éléments au death, notamment des blast beats de batterie (Saton Tinnaluk) très présents, certains passages de guitare (décidément extrêmement polymorphe !), du growl en petite dose mais présent sur la majorité des morceaux, et quelques sonorités légèrement dissonantes ici et là.
Au-delà de ces genres qui s’unissent entre eux jusqu’à donner au groupe une identité sonore très caractéristique, la formation cultive à la fois le sens des contrastes et celui des fusions. La guitare et le clavier se rapprochent par exemple parfois tellement dans le jeu ou les tonalités qu’on a l’impression qu’ils ont été fondus en un unique instrument (« Malicious Envy », par exemple), tout comme la basse et la guitare quand elle part sur les tonalités les plus graves dans son jeu rythmique. A l’inverse, le contraste est aussi très présent, notamment dans le jeu entre les aigus et les graves. Les envolées haut-perché de Yama – B tranchent avec ses incises de growl, et la guitare alterne des parties rythmiques très graves et des parties solistes particulièrement techniques qui s’envolent dans les aigus, et trouvent alors une belle complémentarité avec une basse beaucoup plus audible.
Melodius Deite arrive ainsi à garder son identité et ses origines power tout en évoluant avec brio, en incorporant des influences diverses et pas toujours compatibles de prime abord, mais avec assez de dextérité pour éviter sans mal l’indigestion. Avec un tel album, la formation internationale mérite amplement de se faire un nom sur la scène metal.
Tracklist
Destructive Chaos 2:13
Love or Lust 4:08
Gluttonous Being 3:51
Covetousness 3:43
Acts of Failure 3:34
Wrath of the Zealots 3:35
Malicious Envy 5:05
Vainglorious Pride 4:45
Neo Utopia 2:29
Novelist (new version) 6:28
Various Seasons (bonus track) 5:20
Sortie le 23 octobre 2020 chez Artagates