Vesta – Odyssey

Depuis quelques années, le post rock et son pendant plus musclé, le post metal, ont le vent en poupe. Nouvel arrivant sur la scène et tout droit venu d'Italie, Vesta s'inspire des deux styles pour proposer une musique instrumentale, tantôt envoûtante et atmosphérique, tantôt plus musclée basée sur des riffs presque sludge, pour un album sympathique bien que loin d'être inoubliable.

A l'écoute des huit pistes, l'auditeur a largement de quoi jouer au jeu des influences, chaque riff ou passage pouvant évoquer un artiste différent. On songe parfois à un Long Distance Calling qui se serait accoquiné avec The Ocean, ou à un Distant Dream aux tonalités plus sombres évoquant Mastodon ou Monkey3. Sans oublier Tool. Le combo américain marque les Italiens à travers deux titres, où le mimétisme est parfois flagrant ("Borealis", "Temple"). Selon la biographie du groupe, "Vesta combine des tonalités lourdes et sombres avec des riffs heavy, pour un voyage psychédélique sans fin". Et force est de reconnaître qu'on ne peut pas lui donner tort, le trio réussissant parfaitement à allier les styles susmentionnés. Les compositions sont donc basées sur des boucles et des répétitions de thèmes pour un effet hypnotisant recherché.

Seulement, la lourdeur de certains riffs et l'aspect répétitif peuvent vite s'avérer lassant ("Supernova", "Elohim"), et la durée du disque (52 minutes au compteur, tout de même !) ne facilite pas l'entrée dans l'univers du trio. D'autres artistes l'ont montré avant, c'est tout un art que d'écrire un album uniquement instrumental. Tout d'abord car en l'absence de voix, il faut prendre garde à ce que la dimension répétitive ne tourne pas à l'ennui, et parce qu'il faut savoir emmener l'auditeur avec des thèmes suffisamment accrocheurs pour raconter une histoire. Et à ce jeu là, tout n'est pas toujours réussi sur cet album des Italiens ("Cerere"). Côté production, le son est volontairement sale et fuzzy : "Breach" et son introduction sludge aurait certes toute sa place sous la Valley du Hellfest, mais là où le groupe est le plus fort, c'est bien sur les passages les plus aériens de l'album, comme la seconde moitié de "Tumae", ou l'excellent "Temple".

A travers ses titres, le groupe cherche également à mettre en avant la dimension progressive de son oeuvre, et parvient à faire évoluer ses titres, comme sur le très beau "Juno". Un introduction fuzz, un riffing relativement simple asséné pendant les premières minutes, auquel le trio rajoute petit à petit des couches et des guitares parfois aériennes. La formule est certes éculée, mais ça marche sur certaines compositions. Le long "Temple" est également construit de manière à faire passer l'auditeur par plusieurs états émotionnels. Après une introduction peut être inutilement longue, et un riff que ne renierait pas My Sleeping Karma, c'est un morceau à la Tool qui s'offre à nous, toute basse en avant et mesures asymétriques de sorties. Comme le reste de l'album, "Temple" met en avant les influences des Italiens de façon peu subtile, mais pourtant cette longue composition constitue probablement le meilleur titre de l'album.

Avec plus de cinquante minutes instrumentales, la redondance de certains riffs ne joue pas en faveur du trio. Vesta s'arme de thèmes et de titres parfois très forts ("Juno", "Temple") mais où les influences sont trop marquées. La dimension hypnotique recherchée par le groupe pour envoûter est, certes, une méthode qui fonctionne, mais gare à ce que l'aspect répétitif ne lasse pas. Des influences mieux digérées, une personnalité plus affirmée et une dizaine de minutes de moins au compteur auraient permis à l'album de gagner en maturité. A défaut, Vesta offre un premier album fort sympathique mais encore perfectible. De quoi passer un très bon moment, mais pas encore de voyager et se lancer pleinement dans leur Odyssey.

Tracklist :
Elohim
Tumae
Breach
Juno
Borealis
Temple
Supernova
Cerere

Sorti le 16 octobre 2020 chez Argonauta Records
Photographie promotionnelle : DR Vesta

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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