On arrête plus Phil Campbell ! Le temps ne semble pas avoir d'emprise sur le légendaire guitariste de Motörhead, puisqu'à peine un an après la publication d'un album solo, Old Lions Still Roar, le Gallois remet le couvert avec ses "Bastards Sons" pour un deuxième LP. Si le premier disque laissait entrevoir de belles choses, autant vous le dire tout de suite : We're The Bastards dépasse son prédécesseur de la tête et des épaules !
N'allez pas croire pour autant que la recette a fondamentalement changée, We're The Bastards est une ode au (hard) rock tel que Phil Campbell l'a toujours joué, et il suffit d'écouter les très directs "Son Of A Gun", "Riding Straight To Hell" ou "Keep Your Jacket On" pour s'en convaincre. On imagine d'ailleurs parfaitement la voix rauque de Lemmy se poser sur le riff de ce dernier, malgré un refrain un peu plus mélodique que ce que nous proposait généralement Motörhead (nous y reviendrons).
En parlant de voix, justement, un mot sur les progrès réalisés par Neil Starr : si les détracteurs continueront de s'en donner à cœur joie, difficile de ne pas reconnaître que le chanteur a énormément travaillé en variant beaucoup plus son jeu, et insuffle une énergie qui lui est vraiment propre, comme sur le sombre et convaincant "Hate Machine". En ce qui concerne le reste du line-up, les gamins Campbell abattent un superbe boulot - pour rappel, seul Neil n'est pas de la fratrie - bien mis en valeur par un mix équilibré, loin des productions froides et standardisées qui constituent trop souvent la norme.
Bien évidemment, nous devinons aisément que Phil est le maître à penser de la machine. Et bordel, le guitariste nous régale toujours autant, sans jamais tomber dans la redite, malgré sa longue carrière. Car Phil Campbell & The Bastards Sons n'est pas une resucée de Motörhead : We're The Bastards est le terrain d'un jeu d'un guitariste de légende qui peut laisser libre court à ses idées, parfois un peu conscrites par le cahier des charges motörheadien. Ici, il y a davantage de place pour le southern rock ("Born To Roam" ou "Desert Song", déjà testée et approuvée au volant), mais aussi pour des incursions particulièrement heavy, avec notamment "Lie To Me", au doux parfum d'Ugly Kid Joe.
The Age Of Absurdity pêchait par manque de refrain fédérateurs, et le groupe a semble-t-il compris cet écueil, tant ce nouvel opus regorge de mélodies qui ne quitteront pas votre lobe cérébral (cet "Animals" taillé pour la scène), constituant une de ses grandes forces. Bien sûr, Phil est juste impressionnant, quiconque aime son jeu de guitare sera ravi de constater qu'il est dans une forme monumentale, délivrant des soli de toute beauté, en plus d'être une usine à riffs.
Très peu de temps morts durant We're The Bastards, même si la tracklist aurait pu être amputée d'un ou deux morceaux un peu moins percutants que le reste, sans que cela vienne toutefois gâcher le plaisir d'ensemble. Les presque sept minutes du final "Waves" finissent de convaincre s'il le fallait encore du talent du quintette : cette power ballade atmosphérique trouve un contraste réussi entre couplets planant à la basse très présente et un refrain plus rock US, avant une superbe montée en puissance et un solo fleuve de Phil pour conclure cette pièce. Notons encore une fois la grande classe du guitariste, qui pas une seule fois n’empiète l'espace avec des interventions superflues.
Que faire donc si ce n'est recommander d'urgence l'acquisition de ce nouvel album? Personne ne triche ici, ça s'entend, et ça nous fait au passage un bien fou. We're The Bastards est l'une des belles réussites hard rock de cette année 2020. Phil Campbell, merci de continuer à nous gâter autant !
Tracklist:
1 - We're The Bastards
2 - Son Of A Gun
3 - Promises Are Poison
4 - Born To Roam
5 - Animals
6 - Bite My Tongue
7 - Desert Song
8 - Keep Your Jacket On
9 - Lie To Me
10 - Riding Straight To Hell
11 - Hate Machine
12 - Destroyed
13 - Waves : 6:40
We're The Bastards, sorti le 13 novembre dernier chez Nuclear Blast