Therion fait honneur à la chanson française
Forts d’un nouvel album, Les Fleurs du mal, les suédois sont de passage au Bataclan dans le cadre de la tournée qui fête leur 25e anniversaire. Mêlant ses classiques avec quelques chansons françaises, le groupe a fait preuve de talent et de spontanéité. Pour commencer la soirée, deux groupes de metal mélodique à chanteuse ont été conviés : le groupe espagnol Antalgia et le groupe parisien Elyose.
Antalgia
La soirée commence avec Antalgia, groupe espagnol de metal mélodique. Les quatre musiciens présents joueront pendant 45 minutes sept des huit titres issus de leur unique album, Perception of Reality, sorti cette année. Malheureusement pour eux, ils n’arriveront pas à convaincre les spectateurs présents.
En effet, les musiciens semblent être cloués sur scène et ont le regard fixé sur leur instrument, sans avoir la moindre interaction avec le public, hormis le guitariste Igna Jover, qui s’avance par moments vers la foule statique et silencieuse. La chanteuse Bella Dianez, dont la maîtrise de l’anglais semble réduite, ne s’adresse au public que pour indiquer le titre de la chanson suivante. Peu charismatique, elle n’obtient des spectateurs que quelques claps à de rares instants.
Côté interprétation, chaque membre est carré et semble connaître ses parties, mais la froideur des musiciens se ressent également dans la musique jouée. Les musiciens n’interagissent jamais ensemble, ce qui accentue le côté fade des compositions, qui se révèlent assez banales dans le style metal mélodique. Le fait que le claviériste Xavi Sanchez soit absent et remplacé par des samples renforçait l’aspect froid de l’ensemble.
Avoir de bons musiciens ne suffit pas, Antalgia l’a prouvé ce soir. Avec des compos qui n’accrochent pas et des musiciens qui ne semblent pas habitués à la scène, le public n’a pas été convaincu.
Setlist :
Embrace Of Death
Realm Of Pain
Lines Of Life
The Unseen Empire
Broken Wings
The Invisible Mechanism
Elyose
C’est maintenant au tour d’Elyose d’entrer en scène, pour un "match à domicile, selon Justine Daaé, chanteuse du groupe parisien. Le groupe pratique un metal mélodique du même style que le groupe précédent, avec des riffs un peu plus incisifs et quelques touches de musique électronique.
Plus à l’aise avec le public, avec qui elle peut s’adresser directement dans sa langue maternelle, la chanteuse le prend à partie entre chaque chanson, mais se montre tout de même relativement distante par moments. Le bassiste Ghislain Henry et le guitariste Antoine Bouchet se montrent relativement mobiles et assez proches des spectateurs.
Le public, de bonne volonté, se montre plus réactif face à Elyose, mais l’ensemble du Bataclan ne semble pas vraiment convaincu. Néanmoins, Justine Daaé trouve toujours une réponse de la foule lorsqu’elle l’appelle à bouger ou taper dans ses mains.
Côté chansons, si le groupe montre une certaine maîtrise instrumentale, les compositions mettent l’accent sur un côté ambiant qui a souvent du mal à se prêter au jeu du live. De ce fait, l’ambiance dans la fosse de la salle parisienne. De plus, le son n’était pas du côté des Parisiens, avec une chanteuse perdue dans un mix qui mettait trop en avant les basses. Les riffs de guitare restaient cependant audibles.
Venus défendre leur album Théogyne, les Parisiens d’Elyose ont réussi à s’imposer auprès d’une partie du public et à les chauffer un peu avant l’arrivée de la tête d’affiche tant attendue.
THERION
C’est sur une scène sans décor que le groupe de metal symphonique suédois fait son entrée. Après avoir habitué le public à faire des shows travaillés, notamment sur la tournée anniversaire des 20 ans, cette absence d’éléments scéniques peut dérouter le public. Cependant, la puissance du groupe en live est restée intacte, malgré les changements opérés au sein du projet de Christofer Johnsson.
Premier changement : un claviériste est présent sur scène. Il s’agit de Stefan Jernstahl (fer-acier en suédois), qui, en plus d’avoir un talent d’interprétation non négligeable, apporte vraiment un plus aux compositions en live. Therion, habitué à utiliser des samples, voit ainsi une nouvelle couleur ajoutée à sa musique.
Autre changement par rapport au dernier passage parisien du groupe (qui date de novembre 2010), les chanteurs : Katarina Lilja est partie pour laisser place à Linnea Vikström, fille du chanteur Thomas, qui se retrouve seul au chant masculin après le départ du charismatique Snowy Shaw. Vikström père, flanqué d’une casquette de soldat gradé et d’habits d’une autre époque, se montre ainsi encore plus versatile et peut exposer toute l’étendue de son talent. Quant à la chanteuse lyrique Lori Lewis, elle se montre toujours fidèle au poste et arrive à envouter l’ensemble des spectateurs avec sa maîtrise vocale irréprochable.
De plus, les trois vocalistes arrivent à combler l’absence de décor en gardant un jeu de scène à la fois impliqué dans chaque titre tout en gommant certaines lourdeurs présentes lors de leur dernier concert à Paris, notamment sur "Siren of the Woods". Ainsi, chacun est mis en avant à son tour et excelle dans sa catégorie respective. Les membres sont très mobiles sur scène et marchent tous ensemble, leurs jeux de regards et leur complicité sur scène le montre bien.
Côté setlist, Therion a encore une fois décidé d’en proposer une radicalement différente. Trois titres en français, issus de l’album Les Fleurs du mal sont présents, dont "Poupée de cire, poupée de son" de France Gall en ouverture. Le groupe passera ensuite en revue l’ensemble de ses albums depuis 1995, en mettant en avant Sirius B avec "The Wondrous World of Punt" ou encore "The Khlysti Evangelist". Côté surprises, on retrouve "Vanaheim" (Secret Of The Runes) et "Via Nocturna" (Deggial). Au rang des tubes ressortis se tiennent "Son Of The Staves Of Time" ou encore "Son Of The Sun". Les indispensables "To Mega Therion" et “The Rise of Sodom and Gomorrah” ne sont évidemment pas oubliés.
En plus de proposer une performance musicale exemplaire, avec une paire de guitaristes et une section rythmique à toute épreuve, Therion montre aussi une certaine proximité avec le public. Les trois chanteurs ne lâchent pas la foule d’une semaine, surtout Thomas Vikström, qui appelle sans cesse la foule à chanter les chœurs avec lui. Le maestro Christofer Johnsson n’hésite pas à prendre le micro à plusieurs reprises pour affirmer le statut indépendant du groupe, en racontant ses aventures pour publier son dernier album en date. Il n’hésitera pas à nommer Paris la "meilleure ville d’Europe", vidéos Youtube à l’appui.
En proposant un show visuellement épuré, Therion montre encore une fois qu’il est capable de constamment relancer l’intérêt de ses prestations live. Sans artifices, le groupe prouve que son metal résiste à tout, même au temps, en gardant une forme olympique après 25 ans sur les planches.
Setlist :
O Fortuna (reprise de Carl Orff)
Poupée de cire, poupée de son (reprise de France Gall)
Son of the Sun
Via Nocturna
The Flight of the Lord of Flies
J'ai le mal de toi (reprise de Betty Mars)
Abraxas
Vanaheim
Lemuria
Gothic Kabbalah
The Siren of the Woods
Ginnungagap
Land of Canaan
Wine of Aluqah
The Rise of Sodom and Gomorrah
The Khlysti Evangelist
Une Fleur dans le cœur (reprise de Victoire Scott)
Son of the Staves of Time
Rappel :
The Wondrous World of Punt
The Blood of Kingu
To Mega Therion
Un grand merci à Pouspoush et au site www.metalsymphonique.com pour nous permettre d'utiliser leurs photos.