Maudits est le nouveau combo né après le split de The Last Embrace dont trois de ses anciens membres, O, A et C, ont voulu continuer une nouvelle aventure musicale. Ce projet propose un metal instrumental progressif teinté d’ambient et c’est l'une des plus belles sorties françaises de cette étrange année 2020. Avec ce coup d’essai, c'est un coup de maître que propose le trio.
Dès les premières notes du titre éponyme "Maudits", on sent que l’on nous invite à un voyage. L’intro planante de ce dernier, rappel la splendide B.O. de 28 jours plus tard avec ce crescendo au début apaisant, mais qui de notes en notes annonce l'arrivée d'une tension sonique. C’est une premiere claque dès cette intro une évidence se dessine dès ce premier long titre progressif de treize minutes : ces trois musiciens maitrisent leur sujet et savent où ils vont avec leur musique. L’alchimie opère immédiatement et cela ne se démentira pas tout au long de l’album.
La variété des six compositions est très large, comme l’atteste "Luminas" et son coté ambient avec les murmures et le thérémine de Dehn Sora (Treha Sektori, Throane, Ovtrenoir) ou encore ce sublime "Solace" tout en douceur et en mélancolie avec sa mélodie qui ne vous quitte pas l’esprit. Une pièce pleine d’émotion et de lumière grâce aux cordes de toute beauté de Caroline B et Emmanuel R. Un passage suspendu dans le temps pour mieux nous replonger plus brutalement dans l’abîme avec "I'm voraus verloren", titre quasi doom et oppressant, pour clore cet album. La puissance n’est pas en reste, puiqu'outre les passages du premier titre, il y a le très agressif "Résilience" qui frappe fort d’entrée avec un mur sonore époustouflant.
Il est conseillé d’écouter l’album en entier comme un seul long morceau car de cette façon on remarque toute la finesse et la fluidité des transitions de ce qu’on pourrait nommer des chapitres. L’album y prend toute sa cohésion et nous fait voyager pendant 44 minutes à travers ses différents univers sonores.
Si la création musicale est au pinacle (la prod est excellente), le côté visuel l’est tout autant. C’est là aussi une réussite avec un coté assez atypique pour le genre (quel genre exactement ?), avec ce trèfle brodée de fils d’or sur tissu bleu du plus belle effet. La création des nombreuses énigmatiques illustrations du livret est le travail de Dehn Sora.
Le groupe a poussé le concept en faisant une version de pochette alternative pour le vinyle, car sur ce support, l’ordre des morceaux est différent puisque contraint par la place sur chaque face. Ce qui fait un visuel distinct pour une expérience d'écoute différente. Cerise sur la gâteau, il existe une édition ultra limitée du CD avec un disque bonus de versions démos, le tout dans une pochette en tissu brodée à la main par la créatrice du motif, Mlle Ocytocine. Tout est disponible sur bandcamp du groupe.
Pour parachever le concept global du projet, deux clips vidéos ont été réalisés. Le premier pour le titre éponyme avec treize minutes d’animations sorties, une fois de plus, de l’esprit de Dehn Sora. Et le second pour "Im voraus verloren", réalisé par William Lacamontie (Ovtrenoir, Throane) dans un fort abandonné dont les teintes rouges dominent.
Au final, cet album est une bien belle surprise réalisée par des passionnés à découvrir sans plus attendre. Pas de note de 10 car comme à l’école il faut laisser une marge pour faire encore mieux la prochaine fois, mais on ne peut que vous inviter à vous procurer cette pépite les yeux fermés et l’esprit ainsi que les oreilles grandes ouvertes !
Sorti le 2 octobre 2020 chez Klonosphère
Tracklist :
01. Maudit
02. Résilience
03. Liminal (featuring Dehn Sora)
04. Grain blanc
05. Solace
06. Im voraus verloren
Photographie : @ William Lacalmontie 2020
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