Parler de groupes français dans le domaine de la musique industrielle avec la majorité des metalleux revient souvent à n’entendre que Punish Yourself comme réponse. Et pourtant, la scène francophone est ultra riche et de qualité, entre des Herrschaft, Shaârghot, Igorrr ou encore HORSKH, qui nous intéresse aujourd’hui. Faisant suite à l’excellent GATE sorti en 2017, le voici de retour en 2021 avec WIRE, dans le seul but de faire claquer les cervicales.
Et dès le premier tube, "STROBES", nous voilà plongés dans un enfer digne d’une bande sonore d’un délire cyberpunk. Lourdeur, larsens, distorsions, machines omniprésentes, le mid tempo est une parfaite introduction à la musique de HORSKH. Des morceaux courts, une base répétitive pour s’ancrer dans le crâne, et un univers parfaitement identifiable, piochant tant dans Ministry, Prodigy que les premiers Manson ou Punish Yourself sans que cela ne sonne comme un vulgaire copier-coller.
D’une efficacité robotique, la mélodie des Français ne cherche pas à apparaître pour autre chose que ce qu’elle est : une quête de la plus pure intensité musicale. Pas de fioriture, tout est taillé, poncé, poli et composé pour matraquer les corps et les oreilles des auditeurs. Bien que prenant toute sa puissance en live, il est absurde de ne pas secouer la tête ou taper du pied à ces enchainements de mid-tempo, d’accélérations fulgurantes et d’interludes dignes d’accompagner les images d’un film de Shin’ya Tsukamoto.
Bien que cela paraisse aux yeux des puristes comme une insulte, HORSKH a une approche très nu-metal dans son écriture. Les gars savent ce qu’ils veulent, ce qu’ils cherchent et le meilleur moyen pour y arriver. Impossible de résister aux coups de boutoir de "TRYING MORE", "CUT THE KNOT" ou "SET ON FIRE", où la batterie tapageuse et les machines créent une section rythmique débridée. Impossible encore, de ne pas succomber à cet épais abattement, à ces frappes qui s’écrasent lentement de "PULL THE WIRE", "MUD IN MY WHEELS" ou encore "A BREATH BEFORE THE FALL".
Mais que serait l’efficacité sans une parfaite exécution ? Alors certes, on n’est pas dans des riffs à rallonge ou d’une complexité extrême, mais dans le but de concevoir une symbiose. Et on va dire que de ce point de vue, HORSKH réussit son pari. Que ça soit les guitares tranchantes, la batterie, les machines, tout se répond avec une osmose bienvenue. Le tout est surmonté d’un chant à la fois suave et délicat… - pardonnez cet écart et reprenons donc – qui alterne avec brio parties psalmodiées et hurlements saturés rappelant les plus belles périodes du révérend Manson (vous savez, cette ère où celui-ci ne ressemblait pas à une atroce parodie de lui-même ?).
Au final, l’album ne dure « que » trente-cinq minutes ? Et alors ! On se retrouve avec douze titres clairement là pour briser les nuques et secouer les corps. A une époque où certains remplissent leur CD jusqu’à l’écoeurement, HORSKH fait le pari de sortir un disque concis, carré et diablement efficace. Pas de gras, tout est optimisé à la note près, de la prod aux compos en passant par le tracklisting de l’album, rien ne dépasse, si ce n’est cette puissance qui se dégage de chacun des morceaux.
WIRE n’est pas la galette de l’année. Néanmoins, en ce début 2021 tout aussi maussade que la fin de la précédente, HORSKH livre un album cathartique. De ceux qui vous donnent envie de hurler, de danser, de taper du pied, dans la jouissance la plus simple de profiter d’un disque bien composé et diablement efficace. Bref, si vous aimez le genre, foncez écouter l’ouvrage, l’acheter, en espérant pouvoir déguster en live dans les prochains mois ce tunnel de tubes.
HORSKH - WIRE sortie le 22 janvier 2021
Tracklist :
01. STROBES
02. TRYING MORE
03. MUD IN MY WHEELS
04. A BREATH BEFORE THE FALL
05. CUT THE KNOT 03:05
06. STOLEN MEMORIES
07. BREAK OFF
08. COMMON CRIMES
09. BLACK SWITCH
10. PULL THE WIRE
11. SET ON FIRE
12. MAY DAY