La formation allemande de heavy power metal Aeonblack sort un nouvel album cette année après six ans de disette. Bien qu’ayant arpenté la scène et quelques festivals ces derniers temps, le groupe n’avait rien proposé depuis son premier opus publié en 2015 intitulé Metal Bound. La question est de savoir si Aeonblack assied d’avantage sa position ou tente d’exister en vain dans un paysage local déjà presque saturé ?
Le heavy metal allemand nous offre une nouvelle mouture post-apocalyptique intitulée The Time Will Come. Le tout sous un artwork très expressif mélangeant désert nucléaire, explosion du même type et humain blessé tentant de survivre. Aux couleurs non pas de l’arc en ciel mais d’une terre ocre, brûlée par la guerre et couverte de cendres. L’inscription sur le masque à gaz, 8-29, semblerait faire référence à une date, le 29 Août, soit en connexion au 29 Août 1997 date de début de la guerre nucléaire dans Terminator 2. Soit, et ce qui semble être la plus probable, date du 29 Août 1949 où les Soviétiques testaient pour la première fois leur bombe A. Quoi qu’il en soit, une fois ces détails visuels passés, Aeonblack propose un heavy direct et sans fioritures. La guitare électrique prédomine largement et ce dès le début de l’album avec "Specter In Black". Ce titre d’ouverture résonne tel un bon morceau de speed metal percutant. La ressemblance avec Primal Fear est alors frappante, les riffs et le rythmes sont très similaires.
Et ce n’est pas tout, parmi les onze titres que compte cet opus, il y en a quelques un qui sortent largement du lot. Le titre éponyme par exemple, "The time will come" s’étire sur presque huit minutes et offre une bonne intro soliste. Cette composition bénéficie d’un peaufinage particulier et cela s’entend malgré des riffs basiques et une voix très peu ponctuée. La recherche de musicalité est évidente même si cela n’atteint pas des sommets. Plus tard, c'est une réelle pépite qui tire son épingle du jeu. Le morceau "The phantom of pain" est particulièrement jouissif par ses riffs agressifs et ultra rapides. C’est un mélange entre Judas Priest et Iron Maiden qui surprend. Ceci est un pure morceau de heavy classique au style prononcé propre aux années 80.
Et dans la même veine, c’est "Fire wheels" qui affiche une grande vélocité et une voix criarde sous couvert d’une batterie inépuisable et de solos endiablés. Ce titre est un véritable défouloir et libère énormément d’énergie. L’attaque reste tout de même très simpliste et il ne faut pas s’attendre à écouter une quelconque ponctuation sortie des sentiers battus. Le tout sonne droit, carré et dans les limites du genre. Car peu d’inattendu se cache au sein de cet album, tous les titres à de rares exceptions sortent finalement très similaires les uns des autres. Au-delà du soubresaut proposé par exemple avec "1999 annihilation overture", ce titre 100% instrumental qui éveille l’appétit, est suivi d’un repas à peine consistant.
"Warriors call" notamment offre de bonnes phases puissantes et rythmées, et là aussi la ressemblance avec Judas Priest est bien présente. Mais la suite est immédiatement moins intéressante. La ballade "No man’s land" en acoustique n’apporte rien d’autre qu’une pause rythmique. Là où la voix pourrait enfin s’exprimer sans être écrasée ou même atténuée par les autres instruments, reste inexorablement dans sa zone de confort. Le comble, c’est que le solo de guitare lui-même est étouffé par une batterie trop présente. Par la suite, ce sont "Nightcrawler" et "Raw, loud and furious" qui ressortent très anecdotiques. Ces morceaux sont du même calibre que le second titre de l’album, "I won’t think about tomorrow", à savoir que la composition est en place mais l’émotion linéaire qui s’en dégage ne donne aucune personnalité et de ce fait aucun point mémorable.
C’est enfin avec "When the darkness falls" que le groupe tente quelque chose, le rythme se casse et la voix réussit quelques sorties de route supportées par des chœurs puissants. Avec de bons solis bien placés et une intensité crescendo c’est tout ce qu’il faut pour réussir un morceau de heavy metal.
Aeonblack revient avec un bon album, qui mériterait d’être plus expressif, le ressenti est que tout semble être droit comme si l’album tout entier avait été fait avec des samples préétablis. Hormis de rares tentatives solistes, l’originalité est totalement absente et ce que l’on en retient c’est un voire deux morceaux percutants. Pour le moment, la tentative reste donc vaine et il va falloir sortir la grosse artillerie en live pour concrétiser cet essai à demi concluant.
Tracklist :
01 - Specter In Black
02 - I Won’t Think About Tomorrow
03 - 1999 Annihilation Overture
04 - The Time Will Come
05 - Warriors Call
06 - No Man’s Land
07 - The Phantom Of Pain
08 - Nightwalker
09 - Fire Wheels
10 - Raw, Loud And Furious
11 - When The Darkness Falls
Sortie le 26/02/2021 chez MDD Records