Parmi la myriade de poulains que compte l’écurie Sharptone Records, l’un des plus prometteurs est sans aucun doute Holding Absence. Formé à Cardiff en 2015, le groupe imagine un mélange de post-hardcore et de rock alternatif tout à fait rafraichissant, ne manquant pas d’exploiter en profondeur la fibre émotionnelle du premier ainsi que les mélodies accrocheuses du second. Porté par le succès critique et public de son premier album, Holding Absence s’est bâti une notoriété à une vitesse fulgurante. Le groupe se présente aujourd’hui comme un prétendant au titre de "next big thing ». C’est dans le cadre de la promotion de son second album intitulé The Greatest Mistake Of My Life, qui sortira le 16 avril 2021 via Sharptone Records, que nous avons pu poser quelques questions à Lucas Woodland, chanteur et parolier du groupe.
Bonjour Lucas, merci de nous accorder cette interview ! Comment ça va ?
Ça va très bien ! Merci de m’accueillir !
The Greatest Mistake Of My Life est le titre de votre nouvel album, il est inspiré d’un morceau des années 1950 portant le même nom. Comment vous est venue l’idée de ce nouvel album ? J’imagine que ça doit être assez intimidant de se lancer dans l’écriture d’un nouvel opus, d’autant plus qu’il est extrêmement différent du premier.
Dès l’enregistrement du premier album bouclé, on imaginait déjà comment s’améliorer. On était super enthousiastes à l’idée d’écrire la suite. Donc, pour être honnête avec toi, c’était un processus assez naturel. Et comme tu l’as dit, c’est assez intimidant d’écrire un second album, mais je pense qu’on s’était mis tellement la pression lors de l’écriture de Holding Absence que celui-ci nous a paru bien plus facile. Il y avait beaucoup moins de stress, on a commencé à travailler dessus il y a maintenant deux ans et on l’a enregistré il y a un an.
C’est étonnant, on entend toujours les groupes dire que c’est le second album le plus difficile à appréhender !
Oui, c’est assez curieux à vrai dire ! (Rires)
Le premier album était évidemment moins haut en couleurs que The Greatest Mistake of My Life et vous avez l’air plus confiants musicalement. Est-ce que tu sens que vous avez réellement trouvé ce qui constitue la substance du son de Holding Absence ou penses-tu que le groupe est encore voué à évoluer drastiquement tout au long de sa carrière ?
Pour nous, il s’agissait d’entamer un tout nouveau chapitre. On est super fier de ce qu’on a accompli avec la phase « black and white » et on a toujours su ce qu’on voulait faire en tant que groupe. Mais là il s’agit plutôt de faire quelque chose de différent et, comme tu l’as dit, le passage à la couleur était évidemment un énorme changement pour nous, visuellement comme musicalement. Alors on part de là et on verra pour la suite.
J’étais assez impatient de découvrir ce nouvel opus et les surprises qu’il réserverait. Vous avez choisi de déployer un éventail d’émotions bien plus large qu’auparavant et il ne s’agit plus seulement de parler d’amour ou de coeurs brisés. C’était difficile pour toi d’évoquer de nouvelles choses et de ton plonger dans un autre bain d’émotions ?
C’était plus facile ! Sur le premier album, je savais que je voulais écrire une histoire d’amour, j’en ai beaucoup parlé, c’est comme un journal qui raconte les différentes étapes d’une relation. Pour celui-ci, je ne voulais plus être obligé de jouer les contorsionnistes et de m’imposer des barrières. Je veux juste écrire ce dont j’ai envie, tu vois ? Et, comme je l’ai dit, je me mettais moins la pression, donc c’était moins compliqué.
Plus seulement à propos de l’album mais plutôt du groupe en général, pourquoi l’émotion joue-t-elle un rôle prépondérant dans votre musique ? Est-ce que c’est quelque chose qui vient exclusivement de ta personnalité ? Ou est-ce un trait que tu partages également avec les autres membres ?
C’est une bonne question ! Tous les musiciens adorent faire de la musique, mais j’ai l’impression qu’on a des personnalités plutôt intenses, on s’intéresse vraiment énormément à la musique, et pour moi ça a toujours été très naturel d’écrire une musique passionnée. Et, évidemment, comme je suis aussi le parolier, beaucoup de ces émotions découlent de ma perspective, comme si je parlais à coeur ouvert. J’imagine que ça part de là.
Les performances vocales présentes sur ce nouvel album sont superbes. Elles l’étaient déjà sur Holding Absence mais, ici, elles prennent une toute autre ampleur. Est-ce que c’était un objectif que tu t’étais fixé ou était-ce une évolution naturelle ?
Tu sais, on a toujours envie de faire mieux. Je pense que cette fois-ci j’entretenais une meilleure relation avec le producteur, donc on a travaillé vraiment dur pour améliorer les morceaux et les interprétations, mais ça s’est aussi fait naturellement grâce à l’environnement dans lequel je baignais.
En parlant de chant, j’ai remarqué une collaboration sur le morceau "Die Alone (In Your Lover’s Arms)". J’ai beau avoir fait des recherches, je n’ai trouvé aucune mention du nom de la personne invitée et il n’y a pas vraiment eu de communication là-dessus. Ça m’a l’air très intime comme collaboration, est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Cette personne, c’est ma soeur, ce qui, pour moi, s’est trouvé être un moment magnifique non seulement en tant que musicien, mais surtout en tant que personne et frère. Je savais que je voulais écrire une sorte de duo sur ce nouvel album parce que j’adore l’idée qu’un morceau puisse avoir une version de l’histoire puis, dans la foulée, l’autre version et de finir par mélanger tout ça ensuite. Pour "Die Alone (In Your Lover's Arms)", deux choix s’offraient à nous : forcer pour avoir un invité de renom ou faire quelque chose de plus authentique et naturel. Ma soeur n’est pas musicienne, elle a juste un très belle voix, donc on n’avait pas réellement besoin de spécifier « feat. La soeur de Lucas », tu vois ce que je veux dire ? Il faut généralement être un peu dans l’exagération quand il s’agit de collaborations, je suis content qu’on n’ait pas eu à faire ça, c’est cool !
Vous avez récemment fait la une du dernier numéro Kerrang! Magazine, signe que votre notoriété est grandissante. Comment vous gérez ça ?
C’est super ! Tu sais, on travaille dur pour obtenir certaines choses et quand elles s’offrent enfin à nous, c’est la meilleure chose qui soit. Mais c’est drôle, d’un autre côté je suis une personne si normale. Le jour où on nous a annoncé qu’on allait faire la Une, j’étais en train de sortir mes poubelles en pyjama. Je me rappelle avoir pensé que je n’étais absolument pas une rockstar. C’est marrant, quand on voit des gens en couverture de magazine on se dit « Wouah ils sont trop cools », mais on a tendance à oublier que parfois, si ce n’est la plupart du temps, ce sont des gens comme toi et moi.
C’est fou de se rendre compte que le mois dernier, Architects faisait la Une du même magazine et maintenant, c’est votre tour. Ça doit être excitant de passer après de telles pointures !
On a du mal à réaliser, honnêtement ! (Rires)
De retour à l’album, le choix des trois singles est vraiment intéressant. Ils sont tous très différent et mettent en valeurs les reliefs présents sur l’album. Est-ce que ça a été difficile pour vous de choisir ces premiers titres où est-ce qu’au contraire, certains se sont révélés être des choix évidents ?
Ça a clairement été difficile. Toi qui a écouté l’album, tu dois savoir que tous les morceaux se valent plus ou moins et je ne pense pas qu’il y ait vraiment eu de choix évidents. On a vraiment eu du mal à choisir, effectivement. Pour le prochain, en revanche, ça a été assez logique. Il y a d’abord eu "Beyond Belief", "Afterlife" puis "In Circles" qui, comme tu l’as dit, sont tous différents. Pour le quatrième, on s’est dit que "nomoreroses" serait un bon choix, comme c’est un morceau plus violent que les trois autres, ce serait un super moyen de mettre en avant la diversité de l’album.
Je voulais qu’on parle de "nomoreroses", d’ailleurs. Sur ce morceau en particulier, tu exploites des techniques qu’on a rarement entendues chez toi auparavant et tu forces un peu plus. Est-ce que c’est une idée que tu avais en tête depuis le premier album ou c’est venu sur le tas ?
Ça va paraître bête, mais j’ai réalisé que j’étais encore jeune et que dans dix ans, je ne serai plus capable de faire ce genre de choses. Alors je me suis dit « autant le faire tant que je peux ». C’était vraiment chouette. On travaille déjà sur le prochain album et je me suis encore dit « pourquoi pas faire encore plus de passages criés » ! Ça s’est super bien passé, d’ailleurs.
Comptez-vous prendre une direction un peu plus violente pour le prochain album ou bien rester dans ce registre plus doux ?
Tu sais comment c’est, pour chaque morceau plus violent, il y en aura toujours un plus soft, donc on verra !
J’imagine ! Pour finir, même si l’on imagine que c’est très compliqué étant donnée la situation sanitaire actuelle, est-ce qu’une tournée européenne est déjà prévue pour défendre ce nouvel album ?
Pour le moment, on a prévu de tourner en Europe et au Royaume-Uni courant octobre et en novembre, donc on croise les doigts. Si ça n’a pas lieu, on continuera de la repousser coute que coute. Hors de question de ne pas jouer cet album devant le monde entier. Et tu sais, j’ai passé l’après-midi à répondre aux questions des journalistes français et je ne pense qu’à une chose, c’est de pouvoir retourner à Paris, à Munich, en Autriche et dans tous ces endroits magnifiques. On fait tout pour pouvoir tourner en Europe le plus tôt possible !
Interview réalisée à distance le 29 mars 2021.
Photos : Bethan Miller.