De toutes les formations que compte le label Sharptone Records en est une qui semble émerger bien plus rapidement que les autres. Porté par le succès critique et public de son premier album, sobrement intitulé Holding Absence, le quatuor gallois s’est en effet bâti une notoriété à une vitesse fulgurante et revient aujourd’hui avec un second opus intitulé The Greatest Mistake of My Life (TGMOML) qui paraitra le 16 avril via Sharptone. Holding Absence - le groupe, donc - est sans aucun doute le combo le moins offensif de la maison de disque britannique, ce qui en fait, paradoxalement, le mouton noir du troupeau. Au metalcore acéré et parfois peu inspiré, Lucas Woodland et ses compères ont toujours préféré l’élégance d’un rock alternatif mélancolique teinté de quelques influences post-hardcore. Et si cet amalgame a de quoi faire froncer les sourcils, il s’est avéré et semble une fois de plus être un formidable terreau de créativité pour Holding Absence.
Ne pas se reposer sur ses acquis, telle semble être la devise du groupe pour ce nouvel opus. Le premier album, aussi plaisant qu’il soit, pâtissait d’un réel manque d’harmonie et son concept un peu trop rigide semblait entraver la créativité de ses membres. En choisissant de filer une histoire d’amour sur l’intégralité des morceaux, Holding Absence s’était vu contraint de confectionner des compositions et des textes qui s’inscriraient exclusivement dans ce registre, se fermant de facto un certain nombre de portes qui auraient valu la peine d’être franchies. Avec The Greatest Mistake Of My Life, les Gallois se libèrent enfin de leurs propres carcans et choisissent d’entreprendre un projet plus diversifié, plus plastique et donc plus solide. Ils ont trouvé leur fibre et entendent clairement prouver qu’il n’ont pas encore épuisé toutes leurs ressources.
The Greatest Mistake of My Life est un album bien plus haut en couleur que Holding Absence, tout d’abord visuellement, évidemment, mais également dans le large panel d’émotions qu’il déploie. Le groupe tire un trait net sur sa période dite « black and white » (noir et blanc), ce qui explique notamment l’absence des généreux singles "Birdcage" et "Gravity" dans ce nouvel opus, et entame une révision complète de certaines de ses caractéristiques. Pour Holding Absence, il n’est plus seulement question de mettre en regard les sentiments amoureux et les chagrins qu’ils peuvent impliquer. À ce registre viennent désormais s’ajouter de nouveaux sujets, on célèbre alors la vie, les sentiments, l’amour et, dans une dimension plus large, l’existence.
Certains morceaux, tel que "Celebration Song", tendent d’ailleurs à créer un magnifique bouquet d’émotions, toutes mises en exergue de manière passionnée, sans jamais verser dans l’excès. Courir sur le fil du grandiose et chanceler entre des émotions aussi intenses comme le fait Holding Absence est un jeu dangereux. Le groupe pourrait aisément tomber dans l’écueil d’une expression trop excentrique voire pompeuse, mais il parvient toujours à s’en extirper et propose in fine une expérience musicale d’une justesse sensationnelle.
De nouvelles influences se glissent également dans quelques compositions. Jusqu’ici, la comparaison avec My Chemical Romance était plus que tentante, or TGMOL se paie le luxe de s’inspirer d’autres formations toutes aussi prestigieuses. Entre autres, des références à Being As An Ocean, Underoath ou même Deftones s’invitent à la fête. Et si l’influence est perceptible, elle ne se transforme jamais en un simple ersatz. Holding Absence inhibe, puise son essence dans le travail d’autrui pour confectionner une musique authentique et parvient curieusement à se distinguer des autres formations de la scène. Force est de constater que son amalgame radieux entre rock alternatif et post-hardcore apporte un réel vent de fraicheur, tant au sein de la maison Sharptone que sur la scène alternative.
Cette authenticité cultivée par le groupe émane notamment du travail de Lucas Woodland, le chanteur et parolier du groupe. Doté d’une voix unique en son genre, il fait montre de performances remarquables, encore plus empreintes d’émotions qu’à son habitude. Il délivre un ensemble de prestations exceptionnelles et, pour cela, n’hésite plus à embrasser pleinement ce chant crié dont lui-seul semble détenir le secret. "Celebration Song", "In Circles", "Curse Me With Your Kiss", "Afterlife" ou encore "nomoreroses" s’inscrivent aisément dans le tableau des expressions les plus puissantes de la passion du chanteur et auront, sans aucun doute, le don de dresser les poils des plus réticents.
Bien plus lumineux et varié que son prédécesseur, The Greatest Mistake of My Life confirme que Holding Absence ne démérite pas son statut et pousse même à entrevoir un avenir radieux pour les Gallois. Certes loin d’être un incontournable, ce nouvel album offre néanmoins une expérience riche en émotions, bien moins déprimante que ses pairs de la scène post-hardcore, et prendra un aspect encore plus grandiose en concert, il en est certain. Nous souhaitons à Holding Absence de pouvoir le défendre sur les planches du monde entier au plus vite.
The Greatest Mistake of My Life sort le 16 avril 2021 via Sharptone Records.
Notre interview de Lucas Woodland est disponible ici.
Tracklist:
01. awake
02. Celebration Song
03. Curse Me With Your Kiss
04. Afterlife
05. Drugs and Love
06. In Circles
07. nomoreroses
08. Beyond Belief
09. Die Alone (In Your Lover’s Arms)
10. phantoms
11. Mourning Song
12. The Greatest Mistake Of My Life
Photos : Bethan Miller