Groupe français donnant dans le doom metal de facture plutôt traditionnelle, Carcolh démontre un réel savoir-faire avec son deuxième album The Life And Works Of Death. En effet, chaque composition dévoile le talent des musiciens pour perpétuer l’héritage musical des illustres Reverend Bizarre, Candlemass ou Saint Vitus.
En metal, amener quelque chose d’original est difficile tant tout semble avoir été dit en la matière. Proposer une musique intéressante dans un genre codifié est aussi une vraie quête. Dur de se démarquer de la pléiade de groupes de thrash, heavy ou death metal qui pullulent sur notre planète. Et s’il y a bien un genre dans lequel se faire remarquer est aussi dur que d’assister à un concert de Manowar au Hellfest c’est le doom metal. A moins d’essayer de donner dans le post-machin funeral drone sludgecore souvent plus ennuyeux qu’un discours de Manowar pour justifier l’annulation de son set au Hellfest.
Carcolh, formé en 2016, n’innove pas (quoi que…), ce groupe français se contente de perpétuer la tradition du doom metal à tendance épique. Et en cela il exécute un vrai travail d’artisan. Celui de musiciens ayant suffisamment roulé leur bosse, et galéré, pour maintenant se contenter de proposer ce qu’ils savent le mieux faire. Pour leur plaisir et le nôtre.
The Life And Works Of Death (titre influencé par l’écrivain fantastique britannique Clive Barker), deuxième album publié trois ans après l’inaugural Rising Sons of Saturn, propose donc cinq titres d’un doom qui se veut avant tout traditionnel, pas de débordements gothiques ou d’expérimentations à tout va ici, on va droit au but et on y va bien.
Première remarque positive : il n’y a aucun remplissage et donc longueurs, toutes les pistes se valent. Le groupe semble avoir pris le temps de peaufiner chaque composition pour n’en retenir que le meilleur.
Ainsi « From Dark Ages They Came » débute sur un riff ultra lourd, à la limite du funeral qui pose bien l’ambiance. La basse rampante à la Geezer Butler et le chant lyrique eux renvoient au meilleur de Reverend Bizarre ou The Gates Of Slumber. Ce morceau s’achève par une deuxième partie menée par un riff mid tempo qui fera headbanguer tout fan de Black Sabbath ou Saint Vitus. On ne s’ennuie pas. Il en est de même lorsque Carcolh se risque sur des titres dépassant les dix minutes, « The Blind Godess » par exemple est une longue piste épique et dramatique sur laquelle on se laisse transporter, sans voir passer le temps, par le chant lyrique et incantatoire, les arpèges délicats et pleureurs ainsi qu’un riff processionnaire. Il en est de même pour le titre final « Sepulchre », sorte de croisement entre le meilleur de Candlemass et de Reverend Bizarre dont le chant déborde de feeling et qui s’achève dans une ambiance désespérée comme un chagrin sans fin, avec cette basse et cette batterie raisonnant de complicité morbide.
Lorsque Carcolh se fait plus concis cela donne « Works Of Death » un heavy doom à l’intro sombre et atmosphérique très efficace avec une déflagration de riffs coupés au couteau et des arpèges une fois de plus subtilement placés. Le groupe sait aussi parfois s’aventurer un peu hors du doom, tout en restant lui-même ce qui est aussi gage de qualité, déjà avec « When The Embers Light The Way », un morceau au feeling très heavy metal bâti sur un riff qui aurait pu être composé par Ross The Boss, qui évoque le meilleur de Manilla Road ou Cirith Ungol et au refrain diablement accrocheur qui ne demande qu’à être scandé le poing, clouté, en l’air.
Retenons surtout la surprise de ce deuxième album qu’est « Aftermath », un titre éthéré au parfum de rock gothique avec sa basse crépusculaire et son chant triste qui renvoie au Fields Of The Nephilim de Elizium. Cette piste est une bien belle parenthèse et on ne peut qu’encourager Carcolh à « expérimenter » dans cette voie.
A noter aussi que sur The Life And Works Of Death chaque musicien joue à merveille ses parties, nous retiendrons particulièrement les soli de guitares très soignés ainsi que le travail effectué sur la justesse de l’accent anglais (petit défaut qui apparaissait sur Rising Sons of Saturn). Le groupe a parfois tenté des petits arrangements subtils comme ces parties de chant couplées sur « The Blind Goddess » ou le break légèrement death de « When The Embers Light The Way ». Tout cela est de plus très bien mis en valeur par la très bonne production de Raph Henry et le mastering de Benoît Roux.
Avec ce deuxième album Carcolh mérite donc largement de se faire une place de choix sur la scène doom au côté des plus grands, l’escargot monstrueux avance peut-être doucement mais sûrement, prêt à dévorer tout sur son passage. C’est ce que l’on lui souhaite pour notre plus grande satisfaction.
Liste des titres :
1. « From Dark Ages They Came »
2. « Works Of Death »
3. « The Blind Goddess »
4. « When The Embers Light The Way »
5. « Aftermath »
6. « Sepulchre »
Note : 8,5/10
Sorti le 19 février 2021 sur Sleeping Church Records