Et dire que les Canadiens sont vus comme des gens propres sur eux, respectueux et toujours polis... Mais ça c’est sans connaître les terribles briscards de Last Agony ! Initialement formée à Toronto en 2007, cette bande d’énervés a sorti pas mal de démos et foulé plus d’une planche de la scène diablement amplifiée avant de sortir son tout premier album, délicieusement intitulé The Imminent Slaughter sur le label Sentient Ruin Laboratories. Visiblement animés d’intentions belliqueuses et hautement influencés par le chaos, les trublions de Toronto comptent se servir de ce premier méfait pour se faire entendre. Et se faire entendre fort tant qu’à faire !
Inutile de dire que cette petite bombe à fragmentation composée de seulement huit titres se place d’emblée comme un véritable uppercut sonore que ne renierait pas les vieux briscards de Napalm Death, Terrorizer, Anti-Cimex, Doom ou Extreme Noise Terror. On ne va pas se mentir, Last Agony n’est pas là pour inventer la poudre ou la machine à courber les bananes. Non, le groupe est là pour envoyer du lourd dès l’opener "The Imminent Slaughter" qui trace d’entrée de jeu le sillon du reste de l’album : rapide, nerveux et gras. La base, quoi. Distillant à l’envie un gros hardcore noisy qui trempe ses racines dans des bacs de metal, de punk et même de crust, les Canadiens délivrent un condensé corrosif plus que détonnant. En effet, le groupe a eu la riche idée de mettre en place des riffs simples mais pas forcément simplistes avec un chant hurlé plutôt bien amené ("Hacked Pieces", "Unbridled Lunacy", ...), le tout sur une rythmique en acier trempé. Avec des morceaux relativement cours (un peu plus de deux minutes en moyenne), Last Agony ne se perd pas dans des structures à tiroirs où des intros longuettes, mais opte pour des compositions brutes de décoffrage avec des ambiances malsaines qui rappellent parfois le côté chaotique de feu G.G. Allin ("Propaganda Bleeds", notamment).
Bien évidemment, avec seulement huit morceaux et moins de vingt minutes au compteur, on a peu à se mettre sous la dent au travers de The Imminent Slaughter. Ceci étant, il faut bien avouer que les Canadiens ont su mettre les petits plats dans les grands en proposant des morceaux d’une redoutable efficacité et sans temps mort ("Vile Egoistical Conduct (Demented Ego Pt. II)", "Closing Curtain"). Bien sûr, un brin d’originalité n’aurait pas fait de mal mais ce n’est pas le parti pris de Last Agony. Ainsi, le groupe met en avant son énorme capacité à balancer des parpaings sonores et se place d’emblée comme une solide machine à distribuer des baignes ("Diabolism", "Maniac", ...). On sent que tous les morceaux sont taillés pour le live et nul doute qu’il y aura du sang et de la sueur dans le pit !
Auréolé d’une production volontairement crade, The Imminent Slaughter se place sans conteste comme un album coup de poing qui tape là où ça fait mal sans trop réfléchir. Ça fait du bien par où ça passe ! Espérons que les p’tits gars de Last Agony viennent poser leurs amplis sur les scènes de France, histoire de pouvoir confirmer sur les planches tout le bien que l’on pense d’eux !
Sortie le 07/05/2021 chez Sentient Ruin Laboratories
Tracklist:
01. The Imminent Slaughter
02. Closing Curtain
03. Diabolism
04. Maniac
05. Vile Egoistical Conduct (Demented Ego Pt. II)
06. Hacked Pieces
07. Unbridled Lunacy
08. Propaganda Bleeds
