Trois ans après le décevant Rise Of The Dragon Empire, Bloodbound revient pour une nouvelle ère mélodique s’inspirant des plus grands noms du power metal. Creatures Of The Dark Realm est clairement annoncé par Frederik Bergh (clavier) comme un opus bien meilleur que son prédécesseur. Alors qu’en est-il de ce neuvième album des Suédois ?
Avec cette annonce, la formation suédoise tente clairement le drop et souhaite envoyer ce dernier opus dans les hautes sphères du power metal. Et tout semble aller en ce sens avec les deux premiers singles proposés en avant-première. Le titre "When Fate Is Calling" paru en début d’année 2021 apporte la puissance et l’inspiration épique propre au groupe et fait preuve d’une fraicheur indéniable. Cependant, il est évident que Bloodbound crée du neuf à partir d’éléments connus tels ceux déjà proposés par Sabaton notamment. La ressemblance est flagrante précisément sur le clavier et les accords de guitare électrique, jusqu’aux refrains volontairement soutenus par des chœurs puissants. Le morceau "Creatures Of The Dark Realm" est du même acabit, la recette presque parfaite d’un excellent titre de power metal de ces dernières années, utilisant une recette bien connue.
Le rythme est plus que soutenu sur cet album, et pour cause, il n’y a aucune ballade et chaque titre apporte une énergie pure et débordante. A l’image de la compo "Eyes Come Alive" dont l’intro sonne là encore à 100 % Sabaton-niène. Sous une hymne assurément épique et un chant nuancé et agressif, le tout ponctué par un excellent solo de guitare électrique très heavy metal et assez catchy. Dans le même registre, c’est "March Into War" qui résonne encore et toujours très proche des confrères suédois. Le sujet de la chanson se retrouve pour le coup chez les deux formations, il s’agit d’un hymne puissant mais trop commun si l’on connait déjà les frasques de Joakim Brodén dont les performances dans le genre sont largement supérieures.
Ce nouveau recueil épique propose aussi quelques écarts mélodiques proches d’un pagan metal sur-vitaminé, tel "Ever Burning Flame". Ce titre rapide ne faiblit pas et offre un solo d’une vélocité impressionnante surtout lorsque Monsieur Olsson déploie sa technique en sweeping sans accroc, un pur régal. Ce type de performance est répété et accentué via le titre "The Gargoyles Gate" qui apparaît de prime abord rapide et juste simpliste. Cependant, il offre comme la plupart des morceaux de cet album un refrain efficace et prenant. Puis il se voit attribué le solo de guitare le plus technique de l’album. Tout d’abord en vélocité mélodique puis doublé pour plus de puissance, et enfin isolé et accéléré pour exploser et accompagner une dernière fois le refrain.
Mais une fois ces bonnes choses passées. Il reste beaucoup de répétitions dont on se passerait. En effet, la volonté de Bloodbound de ne rien bouleverser dans son style est tout à son honneur et sa régularité est remarquable. Or, cela pervertit quelque peu ses créations qui finissent par inexorablement s’essouffler et tourner en rond. Il faudra attendre seulement six morceaux dans l’ordre d’écoute standard pour tomber sur "Death Will Lead The Way" et commencer à perdre de l’engouement pour cet semi-pépite qu’est Creatures Of The Dark Realm. Le rythme, le chant, la batterie et le clavier, tout semble se répéter sans proposer une once d’inventivité et de sortie de route contrôlée. S’ensuit "Gathering Of Souls" qui souffre des mêmes faiblesses. Bien que le refrain rythmé soit là encore prenant, il s’agit ni plus ni moins d’une pâle copie de Sabaton. Et, ce n’est pas tout, puisque le problème se répète à nouveau avec "Kill Or Be Killed", c’est la goutte d’eau. La vaine tentative mélodique pseudo pagan ne dupe personne, c’est tout simplement trois morceaux d’affilée qui font perdre le fil et déçoivent.
Non loin d’être rassasié, deux ultimes tentatives viennent clôturer un album finalement trop long. Sorti du lot, "Face Of Evil" pourrait être percutant et assurément efficace. Seulement il est placé en onzième position d’un album déjà trop riche et tombe dans l’oubli. C’est un pur gâchis qui restera somme toute anecdotique. Quant à la composition "The Wicked And The Weak", même sortie du contexte elle serait à peine pertinente. L’auditeur est gavé jusqu’à plus soif et le dégoût se rapproche petit à petit, heureusement qu’il s’agit d’une toute dernière incartade pseudo-épique totalement inefficace.
Voilà ce qu’il en est de Bloodbound en 2021, le manque de prestations live n’est pas une bonne raison pour nous gaver comme des oies de morceaux studios. Nous sommes ici proches de l’overdose même quand notre amour pour le power metal est inaliénable. Seuls quelques excellents passages sont à retenir de cet album bien trop riche et pas assez diversifié. La recette s’essouffle d’avantage pour les Suédois et il serait peut-être temps de sortir de leur zone de confort tout en conservant quelques valeurs sûres. La production est cependant d’une grande qualité et les techniques sont largement maitrisées, ce qui, à fortiori devrait ouvrir les portes d’une évolution et d’une nouvelle ère créatrice de pépites. Malheureusement, à ce jour, il n’en est rien.
Tracklist :
01 - The Creatures Preludium
02 - Creatures Of The Dark Realm
03 - When Fate Is Calling
04 - Ever Burning Flame
05 - Eyes Come Alive
06 - Death Will Lead The Way
07 - Gathering Of Souls
08 - Kill Or Be Killed
09 - The Gargoyles Gate
10 - March Into War
11 - Face Of Evil
12 - The Wicked And The Weak
Sortie le 28/05/2021 chez AFM RECORDS