Parmi les quelques groupes qui assurent aujourd’hui le « revival » du deathcore, un style en chute libre depuis quelques années, se trouvent un petit nombre de formations émergentes qui s’efforcent d’en renouveler les codes avec plus ou moins de succès. C’est dans ce contexte tout particulier que voit le jour VEXED, un quator originaire de Hertfordshire au Royaume-Uni, dont le premier album, intitulé Culling Culture, est sorti le 21 mai dernier via Napalm Records.
Loin d’avoir choisi la trajectoire stylistique offrant le plus d’opportunités de se démarquer, VEXED parvient étonnamment à imposer une grammaire qui lui est propre. Les Britanniques tirent en effet sur une corde mélodique bien mieux ficelée que la majorité des groupes de deathcore qui prolifèrent sur la scène depuis des années. En cela, le groupe érige un édifice sonore plus en souplesse et, par conséquent, moins évident que ses pairs. Comme sur "Epiphany", VEXED révise un peu la dynamique refrain en chant clair / couplet crié, et se permet d’introduire des mélodies plutôt originales dans un deathcore aux apparences brut de décoffrage. Et si l’intégralité de la scène est en mesure de produire un son monolithique et des riffs d’une lourdeur écrasante, rares sont ceux qui comme VEXED parviennent à y injecter des motifs techniques si finement tissés.
Le groupe est certes loin de faire dans la dentelle, quelques secondes dans l’explosif "Hideous" suffiront à saisir l’ampleur du vacarme, mais, in fine, il ne s’en révèle pas moins subtil. Fioritures crissantes et breakdowns syncopés viennent parfaire la démesure de "Narcissist", des nappes électroniques fignolent le climax de "Purity", quand Megan Targett (chant) fait preuve d’une formidable versatilité, se montrant aussi solide en chant clair qu’en chant crié. Tout cela participe à faire de cet album un ensemble, en apparence énergique, qui recèle d’idées brillantes.
Mais malgré toutes ses qualités, un certain nombre de partis pris donnent à Culling Culture un goût doux-amer. À force de vouloir trop s’illustrer, VEXED cultive une forme d’excès éreintante, pourtant endémique au deathcore, qui dévoile ici ses limites. Cet album, ludique au demeurant, est en réalité vite lassant. La production manque de clarté et de dynamisme, et un certain nombre d’effets et de sons d’une piètre qualité, comme le piano très synthétique d’"Epiphany", sapent des compositions à fort potentiel, et des envolées grandiloquentes au chant ainsi qu’à la guitare dénotent à l’aspect purement viscéral de l’objet, le faisant tomber dans un logiciel musical plutôt artificiel.
Tout n’est pas perdu, il s’agit ici d’un premier album et rien ne semble entraver la perspective d’un rebond de la part des Britanniques. La suite de leur discographie pourrait se révéler bien plus cohérente et tenace, mais ce premier album reste largement criblé de fêlures, pour un résultat en demi-teinte, ni excellent, ni foncièrement mauvais, comme on en trouve des poignées sur la scène.
VEXED est un nom qui vient s’ajouter à la myriade de formations convenues qui évoluent chez Napalm Records et il est pour le moment difficile d’imaginer le groupe assurer un rôle éminemment influent au sein du deathcore. Les Britanniques ne manquent ni d’ambition, ni de potentiel, mais ils font montre d’encore bien trop de défauts pour briller. VEXED trouvera très certainement son public et bénéficiera sûrement d’une belle exposition dans les prochains moins, espérons seulement que Culling Culture ne prenne pas la poussière sur l’étagère, oublié au milieu des dizaines de sorties metalcore et deathcore de l’année.
Culling Culture est sorti le 21 mai 2021 via Napalm Records.
Tracklist:
01. Ignorant
02. Hideous
03. Fake
04. Epiphany
05. Misery
06. Narcissist
07. Weaponise
08. Purity
09. Drift
10. Aurora
11. Lazarus