Alors que l’on ne l’attendait, presque, pas, Hanging Garden livre déjà en ce printemps 2021 son septième album. Au programme : toujours ce dark/gothic metal aux relents doom et à la mélancolie furieusement nordique. Aucune surprise n’est à retenir pour ce nouvel opus des Finlandais mais un réel talent est une fois de plus démontré.
Le tourbillon, septième partie
Une lumière s’est allumée dans une nuit profondément sombre et ouverte aux confidences en 2019 et s’est éteinte brutalement. Une pandémie mondiale, nouveau tourbillon fatal inévitable, a fait plonger le monde entier dans la Nuit Polaire et Kaamos a ainsi servi d’inspiration pour Hanging Garden. Cet immobilisme nocturne a ainsi pris le nom de Skeleton Lake, septième offrande des Finlandais.
Hanging Garden n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers depuis 2013 et la sortie de At Every Door, troisième album qui fut celui de la révélation. Ainsi, pour poursuive une certaine habitude, moins d’un an après la parution de Into That Good Night a été publié en juin 2020 un nouvel EP : Against The Dying of The Light présentant un intérêt limité avec ses remixes au rabais et son inédit quelconque. Entre temps aussi Riikka, vocaliste féminine officiellement introduite membre dans le groupe en 2019, est devenue Madame Hatakka en épousant le chanteur Toni.
Il ne restait plus qu’à attendre de la part des musiciens nordiques une nouvelle sortie nous prouvant qu’ils ont toujours la foi et l’inspiration, c’est chose faire avec Skeleton Lake paru en ce printemps de déconfinement. Un disque enregistré avec les conditions restrictives liées à la Covid 19, c’est-à-dire séparément dans différents endroits. Le fait que toute activité live ait été bloquée a aussi accéléré le processus créatif des musiciens. La pandémie mondiale et ses conséquences ont bien entendu favorisé l’inspiration pour accentuer le côté sombre de la musique de Hanging Garden.
Toni Hatakka a aussi déclaré que le dernier hiver nordique subi dans toute dans son pays avait laissé l’impression que le printemps n’arriverait jamais tellement la saison avait été froide et rigoureuse. D’où l’atmosphère hivernale voulue par ce septième album de Hanging Garden. Au niveau musical cependant il faut avouer qu’il n’y a pas de grande évolution et peu de surprises par rapport au style pratiqué par le groupe. On reste dans un metal gothique ambiancé et nerveux toujours aussi efficace cependant. Si surprise il y a cela serait plutôt dans le titre qui donne son nom au disque.
En effet « Skeleton Lake », morceau à la thématique inspirée par l’extinction de l’espèce humaine, se veut un retour aux sources doom des Finlandais avec son intro vaporeuse aux notes de piano accompagnées de nappes de clavier qui pose l’ambiance avant que n’arrive des guitares pleureuses et un chant guttural plaintif. Le tout allégé par les parties de chant féminin. Une piste tout à fait convainquante qui évoque ce que pouvaient produire certaines formations nordiques comme The Sins Of Thy Beloved ou Tristania dans les années quatre-vingt dix et qui plaira aux amateurs du genre donc.
Pour le reste Hanging Garden joue toujours de cette dualité tristesse/rage et cela dès l’opener « Kuura » aux arpèges mélancoliques suivis d’un riff carré, le tout mis en valeur par une production puissante. Cette piste à l’ambiance très hivernale voit les chants masculins grave et féminin éthéré alterner et bien que la structure reste très classique, le titre se montre convaincant. Il en est de même pour « Nowhere Haven », bon morceau gothic metal qui rappelle Paradise Lost (ce riff très « Mackintoshien ») où chant masculin et féminin se mêlent encore parfaitement sur un refrain accrocheur. « Field of Reeds » est construit de la même façon mais comporte une grosse basse qui groove et de belles harmonies de guitare qui enrobent le titre. « Faith » avec son intro gothique et son riff doom elle renvoie au classique At Every Door. Le chant féminin nappé d’écho donne un certain cachet sensuel à cette piste au refrain une fois de plus accrocheur et à la fin poignante et pleine de feeling qui pourrait faire songer à un Nightwish…dépressif.
Il faut aussi évoquer le premier titre de Skeleton Lake à avoir été présenté en avant-première en mars : « Winter's Kiss » sur lequel figure en invité Jaani Peuhu (Swallow the Sun, Mercury Circle, Iconcrash), une chanson très mélodique, presque pop dans l’esprit, avec un refrain qui une fois de plus fonctionne. Ce nouvel album comporte aussi deux ballades, tout d’abord « When the Music Dies », piste assez atmosphérique dominée par la voix de Riikka Hatakka qui dégage un parfum de fin d’été et qui dévoile ses charmes au fil des écoutes. « Road of Bones » quant à elle marquée par le chant masculin, et introduite par des notes de piano délicates, pourrait être la bande son pour une promenade rêveuse et introspective dans une forêt nordique.
Enfin, tout album de Hanging Garden comporte ses titres chantés en finnois. Il n’y en a qu’un cette fois-ci : « Tunturi » dédié à la mémoire d’un ami disparu et qui voit la présence d’une partie de domra (instrument à cordes russe de la famille des luths) jouée par Pentti Yrjänäinen du Helsinki Balalaika Orchestra. Musicalement il s’agit encore d’une chanson typique du style du groupe avec encore cette alternance de colère/tristesse.
Si elle apporte peu de surprises et d’innovation quant à son style pratiqué, cette cuvée 2021 de Hanging Garden se montre tout de même tout à fait recommandable. Vous pouvez donc plonger sans crainte dans ce lac aux squelettes.
Liste des titres :
1. « Kuura »
2. « Faith »
3. « Nowhere Haven »
4. « Winter's Kiss »
5. « When the Music Dies »
6. « Tunturi »
7. « Road of Bones »
8. « Field of Reeds »
9. « Skeleton Lake"
Sorti le 21 mai 2021 sur Lifeforce Records
Photographie : Kalle Pyyhtin