Après le succès de son troisième opus Motherbrain (2019), l’énergique formation stoner - hard rock Crobot poursuit sur sa lancée et sort le 18 juin un EP de quatre titres intitulé Rat Child, via le label Mascot Records. En choisissant ce format court et en mettant à l’honneur des invités renommés, le combo américain saura-t-il proposer suffisamment de nouveautés pour séduire et éviter l’écueil de la répétition ?
Il est assez commun qu’un groupe fasse le choix d’une sortie d’EP pour des morceaux n’ayant pas été retenus sur le précédent album, assortis d’inédits créés pour l’occasion, mais ce qui l’est moins avec ce nouveau disque court de Crobot, c’est la couleur particulière et la pluralité des contributions : le trio a en effet collaboré, pour l’écriture et la composition, avec des musiciens et amis qu’il admire particulièrement. Plus que des invités, Howard Jones, Stix Zadina et Frank Bello ont vraiment été crobotisés le temps d’un titre, amenant leur sensibilité et un peu de leur univers à celui, déjà bien riche, du groupe.
D’emblée, Crobot a frappé fort en sortant deux singles - soit la moitié des titres de ce disque - avant la sortie de Rat Child. Le premier d’entre eux, "Mountain", s’impose dès les premières secondes comme un hymne rock irrésistible et entraînant, servi par une grosse présence de Dan Rayan derrière les fûts et mettant en avant la fougue et la précision du timbre vocal du fantasque vocaliste Brandon Yeagley. L’énergie est contagieuse dans ce morceau au refrain entêtant et aux riffs puissants, fruit d’une collaboration avec Frank Bello d’Anthrax, qui apparaît d’ailleurs à la basse comme membre à part entière de la bande dans un clip déjanté.
Crobot révèle une nouvelle facette sur "Everyone Dies", véritable surprise en terme de sonorités et de tonalité. Cette ballade, coécrite par Stix Zadina (Steel Panther) qui joue de la batterie, de la basse et du piano sur la piste, est dotée d’une intro piano / voix qui permet au vocaliste d’exprimer toute sa palette vocale, aux nuances et à la puissance teintée de mélancolie voire de nostalgie. La lourdeur des accords de guitare surgissant au moment du refrain et sur la deuxième partie de ce morceau construit en crescendo, et le dialogue cordes / piano, parfait écrin pour la performance vocale inspirée, séduisent par la touche rétro classique rappelant les tubes des Guns N’Roses d'il y a une trentaine d’années. Contre toute attente, Crobot excelle aussi dans le registre des émotions. "Everyone Dies" ne ressemble à aucun titre du groupe, et pourtant ce morceau poignant ne dénote pas le moins du monde.
Le groove est à son paroxysme dans le morceau au rythme chaloupé "Kiss It Goodbye". Le puissant motif guitare / basse répété crée une dynamique irrésistible et la touche seventies, dans la composition et dans le mix, renvoie aux racines du heavy metal. La force et la lourdeur des arrangements mettent en valeur les lignes vocales parfaitement complémentaires de Brandon Yeagley et de Howard Jones (Light the Torch, ex-Killswitch Engage), ce dernier, également co-auteur, apportant une teinte rugueuse mais bienvenue à ce titre puissamment mélodique.
Une nouvelle fois, Crobot démontre une compréhension impeccable du terme « collaboration ». L’association surprenante fonctionne de façon remarquable, le morceau faisant ressortir le meilleur du groupe et de l’artiste - partenaire, en proposant un son ravageur.
Que les fans un peu inquiets de voir le trio s’éloigner hors des sentiers battus se rassurent : la fusion avec différentes influences se fait toujours avec une fluidité déconcertante, et l’EP se termine de toute façon sur du Crobot pur jus, le titre "Rat Child" qui achève de convaincre avec tout ce qui fait l’essence du groupe : une intro groovy et sexy, des montées en puissance et de superbes transitions entre le refrain (qu’on imagine aisément crié à tue-tête dans des fosses), des passages au tempo tantôt galopant tantôt chaloupé, et un solo psychédélique monstrueux de Chris Bishop. Cet hymne efficace et endiablé taillé pour le live, dansant au possible, s’avère être la piste-signature de la sympathique et bouillante formation qui a été privée de longs mois de son environnement naturel, la scène.
Certes, le sentiment de rester sur sa faim est bien là, après l'écoute des quatre titres, cependant le verdict est clair : sans aucun morceau en-dessous, pur condensé de pépites, Rat Child est une franche réussite. L’énergique bande a su proposer un EP haut en couleurs en déclinant les ambiances et les émotions, tout en restant fidèle à sa famille musicale, le stoner puissant teinté old school, porté par des groupes aussi variés que Shinedown et The Vintage Caravan par exemple.
Il ne faut évidemment pas se fier à l’apparence déjantée de Crobot : sans se séparer de son groove imparable, le combo de Pennsylvanie montre avec cet EP de nouvelles facettes de son jeu décidément fort bien maîtrisé, en signant une parenthèse bienvenue entre deux opus, et avant de reprendre la route pour une tournée estivale aux États Unis.
Tracklist Rat Child :
1. Mountain (feat. Frank Bello)
2. Kiss it Goodbye (feat. Howard Jones)
3. Everyone Dies (feat. Stix Zadina)
4. Rat Child
Rat Child (EP) de Crobot sort le 18 juin 2021 via Mascot Records.