Sébastien Briat, guitariste de Nephren-Ka

From Agony to Transcendence, le quatrième opus de Nephren-Ka, marque une nouvelle étape dans la vie du quatuor puisqu'il s'agit du premier album sans Laurent Chambe, ancien vocaliste du groupe. Avec Sébastien Briat, guitariste et principal compositeur de Nephren-Ka, nous sommes revenus sur la genèse de l'album et l'univers de Dune de Frank Herbert, constituant une fois encore l'inspiration principale du combo de brutal death. Plongée au coeur d'Arrakis !

Salut Sébastien et merci de nous accorder cet entretien pour La Grosse Radio. Avant de parler de From Agony to Transcendence, votre nouvel album, je voudrais évoquer le départ de Laurent (chant) et le renouvellement de line-up. Comment as-tu réagi quand Laurent vous a annoncé son départ ?  Qu'est-ce qui t'a séduit dans le chant de Sylvain, son successeur ?

Salut à toi et merci de ton intérêt pour Nephren-Ka. Comme tu peux t'en douter ce ne fut pas facile, la perte d'un frontman pour un groupe c'est souvent la pire des choses. Laurent ne voulait plus continuer, nous ne pouvions qu'accepter sa décision et il ne servait à rien de le retenir. Nous avons découvert le potentiel de Sylvain lorsqu'il a sorti l'EP de son groupe, ABCEST, avec Thibaud [batteur de Nephren-Ka NDLR]. Il nous avait fortement convaincus, nous lui avons donc demandé s'il voulait nous rejoindre, et même s'il était un peu réticent au début parce que ça représentait un gros challenge pour lui, sa femme et ses amis l'ont un peu poussé à faire un test. Et ce test fut fort concluant. Concernant notre nouveau bassiste Dimitri, c'est un ami de longue date, nous n'avions jamais vraiment eu l'occasion de jouer ensemble et lorsque l'on a été de nouveau en galère de bassiste en 2019 je lui ai proposé le poste et c'est un vrai plaisir de jouer avec lui. Les deux nouveaux membres se sont approprié le groupe de très belle manière et le boulot qu'ils ont accompli est juste incroyable. J'espère sincèrement que ce line-up durera.

Cet album est une fois de plus inspiré par l'univers de Dune. Il semblerait, à la lecture des paroles, que tu te sois focalisé sur Les Enfants de Dune, troisième volet de la saga de Frank Herbert. Pourquoi celui-ci en particulier ?

Effectivement c'est un concept sur le tome Les Enfants de Dune. Je ne saurai te dire pourquoi exactement, nous n'avions pas traité le sujet auparavant et je voulais faire un parallèle avec le morceau "To The Golden Path" apparu sur The Fall Of Omnius [deuxième album du groupe, NDLR]. Le morceau "Vision Of The Secher Nbiw" est en quelque sorte la permière partie de celui-ci. J'aime beaucoup le traitement qu'Herbert a fait de Leto II entre Les Enfants de Dune et L'Empereur dieu de Dune [quatrième volet de la saga NDLR]. La psychologie du personnage, la façon dont il se crée et comment il finira. Pour le prochain je ne suis pas sûr de me focaliser sur un tome en particulier, j'ai quelques notes de prises mais encore rien de précis.

Les paroles se taillent la part du lion entre l'anglais et le français. A quel moment décides-tu d'écrire dans une langue ou dans une autre ?

Pour être honnête avec toi je ne suis pas un grand fan du chant en français dans le death metal à la base. Laurent avait tenté le coup sur "La Grande Guerre De L'Epice" et ça m'avait convaincu. Nos potes des excellents Savage Annihilation chantent en français et lorsque je les ai découverts j'ai juste trouvé ça énorme. J'ai donc repris cette formule utilisée par Laurent sur le précédent disque. Les morceaux qui sonnaient en français le resteraient et ceux qui me paraissaient le mieux en anglais le seraient, il n'y a pas vraiment de plans, c'est plutôt une question de ressenti.

Sur "L'Agonie de L'Epice", vous avez fait le choix d'une outro orchestrale très cinématographique. Pourquoi ce choix ? Habituellement dans le death metal, ce genre de passage symphonique est souvent utilisé en intro d'album. Là, vous le positionnez en fin de titre. Etait-ce une façon de se démarquer ou était-ce pour servir le concept avant tout ?

Cette outro est la réalisation de Dim et Thibaud. Dim adore ce genre de chose. Pour le placement il nous semblait qu'elle servirait plus la musique en outro, comme ça si les plus brutaux d'entre nous veulent la zapper pour rentrer dans le vif du sujet ils peuvent.

Si vous avez longtemps été comparés à Nile, Origin et Hate Eternal, depuis La Grande Guerre de l'Epice, je trouve que votre style personnel est plus affirmé. Comment appréhendes-tu le processus de création en tant que compositeur principal ?

Et bien tu sais, il n'y a pas vraiment de plan, lorsque je sens que le besoin d'écrire et composer vient, je prends mes guitares et je compose. J'enregistre tout pour ne pas oublier et y reviens plus tard après avoir fait maturer tout ça. Quand je sens que je tiens un bon morceau je l'envoie à Thibaud qui pose sa batterie dessus et on avance comme ça, il me donne des idées d'arrangements etc... Pour From Agony To Transcendence lorsque Dim et Sylvain sont arrivés tout était composé, il ne manquait plus que quelques textes et arrangements qu'on a faits tous ensemble. Mais Dim a apporté par sa façon de jouer un truc en plus qu'il était temps que nous retrouvions.

L'intro d' "Abu Dhur" a un petit côté groovy, qui m'a un peu rappelé Gorod. Cette influence est particulièrement surprenante venant de vous. Est-ce que c'est quelque chose qu'on peut retrouver prochainement chez vous ? Une musique parfois plus prog et groovy ?

Je ne pense pas, après je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait mais j'ai une vision de la musique de Nephren-Ka très précise. L'intro du morceau peut donner cette vision là mais passé celle-ci on revient en terrain connu. En fait je suis pas un grand consommateur de tech death, ça a un peu tendance à m'ennuyer sur album alors qu'en live généralement je suis focalisé sur les gratteux.

Côté production, on reste dans quelque chose de bien massif. Toutefois, j'ai l'impression que la basse ressort mieux dans le mix que sur La Grande Guerre de l'Epice, comme sur "l'Agonie de l'Epice" où on se prend un mur du son en pleine face... Je pense aussi à ce passage en tapping de basse sur "Sédition". C'était une façon de souhaiter la bienvenue à Dimitri, votre nouveau bassiste ?

Content que les gens le remarquent. Nous avions été un peu frustrés de ne pas pouvoir exploiter le son de la basse correctement sur le précédent album à cause de problèmes techniques. Pour celui-là nous voulions une basse en avant. Je pense que le pari est réussi. Pour le passage de basse sur "Sédition", c'est un passage qui avait été proposé par Thibault Gosselin notre bassiste de 2017 à 2019. Il avait ce riff et je le trouvais vraiment bien mais on ne savait pas trop où le caser puisque le morceaux n'était pas encore composé. Lorsque "Sédition" a commencé à prendre forme je me suis dit que sa place était toute trouvée. Dimitri l'a adapté à sa sauce en solo et lorsque la gratte arrive on le joue tous les deux dans sa première version.

Sur metal-archives, la tracklist de l'album indique une reprise de Pantera en guise de cover. Au final, c'est "Gods of Hate" de Massacra que vous avez mis en bonus. Pourquoi ce choix, sachant que Massacra est moins éloigné de votre univers musical ? Une question de droits ? Pourra-t-on entendre un jour cette reprise de Pantera ?

Sur l'album physique tu auras la reprise de Massacra avec en guest Laurent qui se partage le chant avec Sylvain et Dave de Savage Annihilation qui tape un solo. La reprise de Pantera "Strength Beyond Strength" se trouvera en bonus sur la version digitale.

Stan W. Decker réalise une nouvelle fois l'artwork de l'album. Quelle consigne lui avez vous donné ? Qui est ce personnage ensanglanté sur la pochette ? Leto II ?

Oui j'ai été assez précis quand aux consignes et Stan a dû me prendre pour un véritable emmerdeur mais on a beaucoup partagé d'idées et au final il nous a fait un super travail. Ce mec est à l'écoute des groupes avec qui il bosse et sait travailler vite et bien. Oui, sur la pochette le personnage représenté est Leto II qui s'est appliqué les truites des sables sur le corps, il est en pleine mutation, sa forces et sa colère sont décuplées. Je voulais qu'il soit le personnage central de la pochette et qu'on comprenne par l'image la violence et la fureur qui se dégagent de lui.

C'est désormais le quatrième album que vous sortez sous le nom Nephren-Ka. Avec le recul, que penses-tu des trois premiers opus ? Que changerais-tu si tu le pouvais ?

Tu sais, je pense que si tu posais la question à n'importe quel groupe il te dirai je changerai ceci, cela et moi le premier. Je crois qu'il faut accepter ce qu'on a fait par le passé et s'en servir pour faire avancer les albums suivants dans le bon sens. Le plus gros regret que j'ai si je dois en citer un ce serait la production de la guitare sur The Fall Of Omnius.

La crise Covid a particulièrement impacté le monde de la culture et a touché aussi bien les artistes professionnels que les formations semi-pro, n'ayant pas de concerts à donner. Comment as-tu vécu cette période ? Cela t'a t-il donné des envies particulières concernant les prochains concerts que vous allez donner quand tout cela sera derrière nous ?

Cette crise nous a permis de mettre en boîte l'album et de bosser les morceaux. Pour nous en tant que groupe ça n'a pas vraiment eu d'impact négatif. Des envies particulières, non, mais maintenant il est grand temps que nous nous produisions en concert, cet album mérite vraiment d'être défendu.

Merci pour tes réponses. Avant de nous quitter, je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs.

Merci à toi. On espère pouvoir rejouer le plus vite possible pour défendre From Agony To Transcendence, faire de nouvelles rencontres, retrouver nos potes des groupes ou du public. Et pour conclure j'espère que notre musique donnera l'envie aux gens de se pencher sur les livres qui traitent de Dune si vous voulez rêver, vous évader, cet univers est fait pour vous.

Merci à Alex et Dolorem Records
Interview réalisée par mail le 13 juin 2021
Photo promo : DR



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