Depuis la reformation de Pestilence en 2009, le combo de death technique mené par Patrick Mameli a eu du mal à convaincre ses fans, la faute à des albums inégaux (Doctrine) voire carrément mauvais (Obsideo). Pourtant, en 2018, la sortie de Hadeon, excellent album inspiré par le classique Testimony of the Ancients avait remis Pestilence sur de bons rails. Trois ans après, les Néerlandais poursuivent dans cette voie avec Exitivm, fort sympathique mais peu surprenant.
Depuis Hadeon, le line-up a été une nouvelle fois totalement bousculé, Patrick Mameli en homme fort du groupe se retrouvant entouré de mercenaires (cette fois-ci uniquement constitués de musiciens hollandais). Mais peu importe, tant le chanteur / guitariste incarne plus que jamais le groupe, à la manière d'un Chuck Schuldiner avec Death. Et l'on sent qu'à l'instar d'Hadeon, le compositeur s'est une fois de plus tourné vers son grand classique Testimony of the Ancients pour retrouver l'inspiration. L'artwork fait d'ailleurs une fois de plus un clin d'oeil au glorieux passé du groupe avec cette sphère visible sur toutes les pochettes du combo depuis Testimony.
Comme Hadeon, Exitivm démarre par une (trop) longue introduction instrumentale avant que les choses sérieuses ne commencent par un "Morbvs Propagationem" qui fleure bon le riffing jazz/rock inhérent à la musique du combo. Les plans chromatiques qui font le style du combo, associés à un certain sens du groove, sont de nouveau présents, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
"Internicionem" lorgne même du côté de Spheres, l'album expérimental sorti par Pestilence en 1993, avec de discrètes nappes de clavier qui enrichissent les textures sonores. Il en est de même avec le morceau titre "Exitivm", où l'on songe parfois à Nocturnus, à travers des choeurs synthétiques sur le refrain. Pourtant la violence n'est pas oubliée (Pestilence restant un groupe de death metal avant tout), à travers le puissant (mais groovy) "Mortifervm", sur lequel les patterns de batterie de Michiel Van Der Plicht (ex-God Dethroned) trouvent le juste équilibre entre puissance et rythmiques inventives. Element non négligeable, le chant de Mameli est égal à lui-même et l'on retrouve ce mélange de rage et d'éructation propre à Pestilence et qui a longtemps fait la signature du groupe.
Pour les amoureux de la six cordes, l'album regorge de soli à la Allan Holdsworth, teintés de fusion et de jazz ("Pericvlvm Externvm", "Dominatvi Svbmissa", "Inficiat"), mais l'ensemble sonne parfois de façon trop homogène pour qu'un titre ou un solo en particulier ne se démarque, à l'exception des titres choisis en single ("Deificivs", "Sempiternvs" et "Morbvs Propagationem", soit les trois premiers morceaux de l'album). Exitivm aurait assurément gagné en dynamique si l'intro ("In Omnibvs") et l'outro ("Personatvs Mortem") avaient été placées au sein de la tracklist comme des respirations dans ce déluge de notes et de riffs.
On ne va pas vous mentir, Exitivm est tout de même un bon album. Mais plus de trente ans après la formation du groupe, la recette semble très classique. Tel un Hadeon bis, ce neuvième opus fait partie de ceux que l'on ressortira avec plaisir, bien que l'impact eut été tout autre s'il avait été sorti au moment de la reformation de 2009, en lieu et place de Resurrection Macabre. Si les fans ne peuvent qu'être ravis de retrouver le combo néerlandais à ce niveau, lui qui les a déçus plus d'une fois au cours de la dernière décennie, il est dommage que Patrick Mameli s'efforce à appliquer une recette magique sans pour autant profiter de l'expérience et de l'inventivité des musiciens qui l'accompagnent.
On ressort donc avec un sentiment mitigé. Celui d'avoir écouté un bon album de la part d'un groupe qui a retrouvé l'inspiration, mais parfois trop proche de Testimony of the Ancients et d'Hadeon. Souhaitons que Pestilence, et à plus forte raison son leader, prenne plus de risques pour sa dixième réalisation.
Tracklist :
In Omnibvs (Intro)
Morbvs Propagationem
Deificvs
Sempiternvs
Internicionem
Mortifervm
Dominatvi Svbmissa
Pericvlvm Externvm
Inficiat
Exitivm
Immortvos
Personatvs Mortem
Note : 7,5/10
Déjà disponible chez Agonia Records
Photographies : DR