Malgré pas mal d’excellents groupes comme Ulcerate, 8 foot Sativa, ou encore plus récemment Stälker et Alien Weaponry, la scène néo-zélandaise n’est pas la première qui nous vient à l’esprit quand on parle de metal. C’est pour cela que nous voir proposer cet album Pilgrims de Planet of the Dead avait de quoi nous étonner. Après un premier disque sorti il y a un an à peine, que pouvaient donc nous réserver ces voyageurs sur leur deuxième opus ?
Avant de lancer l'objet (qui n'est pas - rappelons le - un frisbee), un rapide coup d’œil sur les chansons nous pousse à nous interroger. Est-on réellement face à un disque de stoner doom ? Pas de drogues, de spiritualité ou encore de désert chaud. À l’inverse de bien trop de groupes du genre, Planet of the Dead mise tout sur une révérence à cinquante ans de culture bis. L’album respire un amour sincère à la SF – "Gom Jabbar" -, à la BD – "The Cursed Earth" –, au cinéma d’horreur – "Escape from Smith’s grove" et "Nostromo" –, et même au jeu de rôle papier avec "The Sprawl".
Avec un tel postulat, la question est donc de savoir ce qui va nous attendre musicalement… Et malheureusement, la promesse que laissaient pressentir ces prémisses est vite mise à mal. Malgré un concept intéressant et une imagerie sentant bon la série B, les mélodies ne sortent pas des sentiers battus, bien au contraire. On a ainsi affaire à un mélange de stoner, de sludge et de doom comme on en voit passer des dizaines. Alors, il n’y a rien de rédhibitoire, les riffs assurent, le rythme pachydermique nous assomme juste de la manière désirée, le chant est guttural sans être trop monotone…
Mais avec de telles paroles, on aurait voulu plus. On aurait voulu voyager, rêver, pas nous faire écraser au sol par un tas de gros riffs gras, quand bien même ceux-ci sont efficaces et mis en avant par un rendu surprenant pour une autoproduction. En effet, les gars de Planet of the Dead ont fait attention au détail avec un enregistrement et un mastering de qualité. Sans tomber dans le trop-plein d’arrangements, on a affaire ici à un disque qui s’écoute avec un réel plaisir, grâce notamment à une basse puissante parfaitement intégrée dans le mix, et des guitares à la fois hargneuses et adipeuses.
Heureusement, les compositions sont quand même de bonne facture. On se plaignait d’un manque d’originalité certes, mais le tout reste à un niveau plus que correct. Il n’y a qu’à entendre l’excellent single "Directive IV" sur le robot flic le plus connu de l'univers... Ou encore la première piste "Gom Jabbar" pour se rendre compte que le groupe n’est tout de même pas né de la dernière pluie. Le problème est que la surmultiplication des formations de stoner, de sluge, de doom ou d'un peu des trois rend la chose tant immédiate qu’immédiatement destinée à être oubliée. Clairement, Pilgrims est le genre de disque que l’on écoute sans déplaisir, dans lequel on peut piocher pour des playlists, mais pour lequel l’idée de le relancer en intégralité ne viendra certainement pas au premier venu.
Au final donc, on ne va pas se mentir, cet deuxième opus de Planet of The Dead n’est pas - et on espère que vous l’aurez deviné avant cette conclusion - l’album de l’année. Mais, si vous êtes amateurs de science-fiction et de riffs gras, soit une alliance trop peu commune, vous devriez en avoir pour votre argent. Clairement, le groupe n’invente rien, mais propose un stoner doom enlevé et suffisamment efficace pour pardonner son manque d’originalité.
Tracklisting :
1. Gom Jabbar
2. Pilgrim
3. Nostromo
4. The Sprawl
5. Escape from Smith's Grove
6. Directive IV
7. The Cursed Earth
8. The Great Wave
Planet of the Dead - Pilgrims, sorti le 23 juillet 2021 en autoproduction