C'est Laurens Hammond qui aurait été content.
Ce brave monsieur, ingénieur et inventeur de l'orgue qui porte son nom, peut reposer en paix, à l'heure du digital et du Dubstep, son lourd instrument ( certains modèles pèsent presque 200 kilos quand même ) est toujours utilisé par certains combos.Célébré même.Comme dans les bonnes vielles seventies où l'orgue a connu son heure de gloire grâce à des virtuoses comme le regretté John Lord, Ken Hensley ( Uriah Heep ),Keith Emerson ou ( pour les trentenaires qui ont dû regarder les manèges tourner à la télévision lors de leur enfance ) Charlie Oleg.
L'album dont je m'apprête à vous causer en regorge de cet Hammond. Blood Of The Sun ( nom inspiré peut-être par une composition de l'imposant leader de Mountain Leslie West ) est en fait un duo composé de Henry Vasquez ( qui tient aussi les baguettes pour Archie Bunker et Saint Vitus ) et de l'organiste ( plutôt d'un très bon niveau ) Dave Gryder qui joue aussi avec Storm At Sunrise. Le projet ( je préfère employer ce mot plutôt que groupe car le line-up est à géométrie vraiment variable et repose essentiellement sur le batteur et le claviériste) a été formé en 2002, a déjà sorti trois disques ( Blood Of The Sun en 2004, In Blood We Rock en 2007 et Death Ride en 2008 ) et a toujours su bien s'entourer.Ainsi sur Death Ride c'est Dereck St.Holmes ( guitariste et chanteur connu pour avoir participé à quelques classiques de Ted Nugent ) qui s'est occupé des parties vocales et cette quatrième offrande ( à la pochette très flashy/seventies et sexy qui rappelle certains artworks de Spiritual Beggars je trouve ) intitulé Burning on the Wings Of Desire, à la sortie programmée le 5 novembre 2012 chez Listenable Records voit la participation de Rusty Burns et John O'Daniel ( respectivement guitariste et chanteur des légendaires southern rockers Point Blank ) et de Scott Scott "Wino" Weinrich ( l'imposant et légendaire leader de The Obsessed et actuel chanteur de Saint Vitus entre autres ) qui vient prêter son organe de biker dépressif sur un titre de Burning The Wing Of The Desire.
Que penser de cet album ? Il est mi-figue, mi-raisin ou plutôt mi-Chimay, mi-Pisse d'âne ( le métalleux étant un grand amateur de bière, cette expression me semble plus appropriée ).
En grand amateur de Stoner ( étiquette aussi réductrice, car renvoyant à des clichés tels que « mecs défoncés qui font tourner un accord sous champignons magiques dans un désert », que True Machin Evil plus que ta mère ), j'ai été attiré par Blood Of The Sun et j'ai entendu un bon album de...Hard Rock, dans le style que ceux que l'on pouvait découvrir dans les années 70's.
Ce groupe pratique un Heavy Rock à l'énergie parfois communicative mais qui reste dans une veine « classic rock » cependant.Pas de dérives psychédéliques ou de passages un peu punk, non juste du bon hard « à la papa » où l'invention de Monsieur Hammond est grandement mise en valeur.C'est simple, le clavier de Dave Gryder on l'entend partout sur Burning on the Wings of Desire, que ce soit sur l'inaugural et très efficace « Let It Roll » où sur les titres suivants sur lesquels il s'exécute en des duels avec la guitare de John O'Daniel, il est la star de cet album ce maudit clavier, Gryder parvient même à faire groover son orgue sur le titre qui donne son titre au disque.Seuls « Can't Stop My Heart » et « Brings Me Down » ( sur lequel l'orgue cède sa place à un piano ) sont un peu moins envahis par la virtuosité de Dave Gryder.
Et c'est justement le reproche que je fais à ce Burning on the Wings of Desire, on entend trop le Hammond qui est mixé plus en avant que la guitare et les autres instruments ( essayez d'écouter le disque en ayant mal au crâne, vous aurez vite envie de brûler un orgue d'église en jurant en norvégien ) .Vous me direz : C'est normal en quelque sorte, Dave Gryder étant un des fondateurs ( peut-être même le leader ) de Blood Of The Sun, il avait tout à fait le droit de se mettre en vedette, surtout vu le niveau du bonhomme.
Mais c'est dommage quelque part car c'est l'arbre qui cache la forêt parce que des bons titres Burning on the Wings of Desire en comporte, que ce soit les énergiques « Let It Roll », « Can't Stop My Heart » ( et son refrain très accrocheur ), les rapides « The Snitch » et « Rock Your Station » ( qui devrait faire un malheur sur scène avec son refrain groovy qui rappelle Grand Funk Railroad ), « Good Feeling » ( avec son intro de batterie martelée digne de Philty "Animal" Taylor ) ou les plus mid tempo « Burning On The Wings Of Desire » ( et son break bien sympa pendant lequel s'affrontent l'orgue et la guitare, et où l'on espère la victoire de la six cordes... ), « Brings Me Down » et « Good And Evil » ( qui s'étire un peu trop en longueurs cependant ).La voix de John O'Daniel est chaude et pleine de feeling et forcément on trouve des couleurs sudistes sur Burning on the Wings of Desire, en particulier sur « Brings Me Down » où l'on pense à...Point Blank, quand ce n'est pas l'ombre de The Obsessed qui est invoquée sur le dernier morceau ( et sur lequel chante Wino justement ) « Good And Evil ». Blood Of The Sun n'a pas sorti l'album de l'année mais ce qu'il propose est honnête et devrait plaire aux cinquantenaires nostalgiques des débuts du Hard Rock qui en ont marre d'écouter toujours les même vynils qui craquent mais aussi aux plus jeunes, ceux, curieux et non allergiques à l'orgue Hammond, qui n'ont jamais entendu Charlie Oleg prononcer son fameux : « Formidable ! ».
Liste des titres :
1 Let It Roll
2 Burning on the Wings of Desire
3 Can't stop My Heart
4 Brings Me Down
5 Rock Your Station
6 Good Feeling
7 The Snitch
8 Good And Evil