Honor in Decay est sorti le 30 octobre via Neurot Recordings, c’est le dixième album studio de Neurosis. L'album marquera la cinquième collaboration du groupe avec Steve Albini. Il a été enregistré à l'Electrical Audio Studios de Chicago. Les sept pistes ont ensuite été masterisées par John Golden aux Golden Mastering à Ventura, en Californie. Comme d'habitude le visuel a été confié à Josh Graham.
Le dernier album des américains Given To The Rising remonte tout de même à 2007, année à laquelle Neurosis avait participé au festival du Hellefest, sous un déluge de pluies où les backdrops volaient dans un courant d’air ambiance Pointe du Raz, devant un parterre de fans pétrifiés par le froid dont les rangers s’étaient endurcis dans une boue devenu glaise ; avant qu’Emperor prenne le relais pour atomiser les derniers survivant d’une journée mythique…Hail !
Cet album nous avait bercé dans des atmosphères lourdes de sens, évoluant dans ce post-hardcore caractéristique du sextet qui joue sur les registres agressifs, destructeurs et des passages calmes où les voix rocailleuses viennent limer avec leurs côtés abrasifs vos tympans ensanglantés pour vous conter des histoires fortes en émotions.
Le temps a passé, Neurosis a fait des apparitions ici et là comme à la Machine (ex. Loco) en juillet 2011 ou au Roadburn et depuis plus de nouvelle si ce n’est ses 2 inédites (« At the Well » et « Killing Elk ») qu’ils avaient rodées en été 2011.
Que nous propose Neurosis en cet automne 2012. 7 titres forts en contenu, de bonne facture et d’une teneur bien lourde, plus mature qui vous feront avancer tout au long de l’album. Une progression logique de ce que Neurosis nous a proposé depuis plus de 10 ans, des ambiances chères à Given to the Rising, du Hardcore façon A Sun to the Rising, du sludge suintant de désespoir comme The Eye of Every Storm. Bref Neurosis aurait pu nous le sortir 2 ou 3 ans plus tôt mais ils ont dû prendre leur temps, penser à leurs carrières solos, accorder leurs guitares bien bas, boire du bourbons de 15 ans d’âge pour nous sortir des voix aussi sombre, et la décadence dans tout ça ??
L’auditeur ne se trompe pas dès l’entame de l’album avec un titre typiquement neurosien avec un « We All Rage In Gold » sorti du melting pot Neurosis d’une intensité décuplé par des textes puissant comme seul Scott Kelly et Steve Von Till peuvent nous pondre sortis tout droit de leur âme tourmentée et de leur esprit déstructuré. Le morceau se met en place, naturellement dans une progression lente et intense, riche en breaks et en sons travaillés et sombres comme une bûche calcinée dans une cheminé en Octobre.
Neurosis n’expérimente plus désormais il creuse leur sillon d’une musique servant de mètre étalon à des formations comme Cult Of Luna, Amenra, Pelican ou d’autre qui devront se réajuster par rapport aux américains.
« At the Well » ne nous est pas totalement inconnu car le groupe nous l’avait déjà fait découvrir à la Machine le 23 juillet 2011, où le rythme imposé par Jason Roeder le rend encore plus tribal ainsi que les notes de Noah Landis ressemblant à celle d’un accordéon ou d’un mellotron vous pousseront dans vos derniers retranchement…
Ce qui est dingue c’est l’intensité que l’on ressent dans les passages calmes des gars d’Oakland…. N'est-ce pas Sacha Guitry qui disait « Ô privilège du génie ! Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui. »
Ahrghhh… ce sont des synthés lancinant de « My Heart For Deliverance » à la « Perfect Strangers » de Deep Purple qui viennent comme ça nous provoquer. Dans ces moments de quiétude n’est ce pas jouissif que d’entendre ces accords d’une beauté pure, répétant à l’infini sous une note résonant longtemps comme un appel de désespoir.
La voix de Scott exulte sur un « Bleeding The Pigs » tout en retenu mais éblouissant de force où la batterie encore plus tribal percute sur des riffs entrelacés.
La fin de l’album est tout de même moins intense. Quand au long et tortueux « Casting Of The Ages » il déroule allégrement sa mélodie dans une ambiance qui ne demande qu’à décoller et nous ennui à la longue. « All Is Found… In Time » avec son riff sur la fin nous fait perdre toute notion du temps. Obscure.
Au fait le morceau « Killing Elk » que Neurosis nous avait fait découvrir en 2011 s’appelle désormais « Raise The Dawn » et termine l’album sur une note inachevée.
Neurosis reste Neurosis mais on aurait aimé être un peu plus bousculé, étonné d’autant plus que le petit dernier a eu une gestation un peu longue.
Lionel / Born 666