Tiamat – The Scarred People

Johan Edlund est un hippie. Hé oui c'est dur à admettre pour les fans de la première heure,  ceux qui ont découvert Tiamat avec le Death/Black atmosphérique pratiqué sur Sumerian  Cry et The Astral Sleep ou les  fans « true », ceux qui se sont échangés les démos de  Treblinka, la formation embryonnaire qui a précédé Tiamat, Johan est un beatnik, un baba cool aux cheveux courts qui préfère s'habiller en mannequin goth' et porter le Rimmel plutôt  que le Corpse Paint. C'est comme ça, il aime écouter le chant des oiseaux le garçon et aller à la plage ( si si, il le dit sur sa page Facebook ) en Grèce, là où il réside depuis quelques années. C'est sûr, on est loin du chevelu ténébreux qui était à la tête d'un groupe qui avait des croix inversées dans son premier logo.

Autant vous l'avouer, le dernier disque de Tiamat que j'ai écouté est Judas Christ, un bon album mais ça ne m'a pas empêcher de décrocher du groupe ensuite, pour une simple raison  : Je suis fan du chef-d'oeuvre de Johan Edlund : Wildhoney, pièce maîtresse du Metal  Atmosphérique, ses ambiances sombres et oppressantes, cette impression de partir pour un  long voyage onirique à chaque écoute, ce disque est magique et si son successeur A Deeper Kind Of Slumber a poursuivi dans cette voie en accentuant le côté « t'endors pas dessus, fais tourner», il comporte quelques longueurs parfois; mais voilà, depuis Skeleton Skeletron ( pas  un mauvais disque non plus ) Tiamat semble pratiquer un Metal gothique de haute volée  certes mais qui s'est plutôt délesté de ses influences « pinkfloydiennes » ( Edlund ne s'est  jamais caché être un énorme fan du flamand rose anglais ), c'est bien dommage quelque part et c'est ce qui m'a un peu détourné du groupe avant que l'on ne me propose de jeter une  oreille sur ce The Scarred People sorti chez Napalm Records le 26 octobre.

Que donne donc la cuvée 2012 de Tiamat ? Une déception déjà pour ce qui me concerne :  Ce n'est pas le nouveau Wildhoney  et sans vouloir faire l'apologie des substances illicites en  écrivant ça : Ce serait bien quand même que le Johan il trouve de nouveau du bon « matos »  ( à l'époque de A Deeper Kind Of Slumber, il affirmait, sans hésiter, s'aider de certains  psychotropes pour créer son art )  et qu'il nous invite à participer à  de nouveaux voyages  dans ses rêveries neurasthéniques... Mais passé cette déception, il faut quand même avouer  que ce disque ( à l'artwork très réussi avec ses symboles ésotériques ) n'est pas si mal,  Tiamat sur cette nouvelle offrande officie dans un Metal Gothique aux accents Pop assez  prononcés.

Tiamat 2012

 

C'est très bien produit et l'ensemble est plutôt efficace, les chansons dévoilant leurs charmes  au fil des écoutes. J'évoquais au début de cette chronique le côté planant du groupe, on le  retrouve sur The Scarred People : Déjà dans l'intro, parsemée de bidouillages électro, de  « Love Terrorists » ( quand je vous dis que c'est un hippie ce Johan, si si ) et le morceau qui  clôture le disque (  qui évoque A Deeper Kind Of Slumber et qui traîne un peu en longueurs  malgré un solo de guitare bien sympathique ) « The Red Of The Morning Sun », ces deux  pistes sont les moins bonnes de The Scarred People, voilà pour les choses fâcheuses ( du  bon matos Johan, il te faut du bon matos je te le dis ).

Pour le reste on navigue entre titres Metal Goth' bien ficelés avec des refrains qui font  mouche : « The Scarred People » par exemple qui ouvre l'album a tout du parfait single et  est déjà un classique avec ses choeurs qui accompagnent la voix grave d'Edlund, citons aussi  « Thunder And Lightning » ( avec son solo killer ) construit sur le même schéma.Il y'a aussi  du mid-tempo sur The Scarred People avec des morceaux comme « The Sun Also Rises »,  titre aux faux airs de ballade à l'atmosphère bien mélancolique et son, superbe, solo de guitare final ( la nouvelle recrue à la six cordes Roger Öjersson a vraiment fait du bon boulot  sur The Scarred People ) ruisselant de feeling et étrangement placé à la piste suivante sous  le titre « Before Another Wilbury Dies » ou le presque Doom ( et qui renvoie un peu à Skeleton Skeletron ) « 384-Kteis » avec son ambiance oppressante et sur lequel la voix du  chanteur se fait traînante.

Tiamat en 2012 démontre aussi qu'il est capable de concurrencer les Him et autres The 69  Eyes sur leur propre terrain avec « Winter Dawn » qui fait la nique aux ténors du Love  Metal ( désolé, je n'ai pas pu m'empêcher ) avec son gros riff d'introduction, la voix  sensuelle de Jonas, son refrain efficace et son break psyché.


Signalons aussi la présence d'une ballade sur  The Scarred People « Radiant Star » plutôt efficace et au refrain accrocheur tandis que la  plutôt guillerette « Messinian Letter » ( morceau dont Johan Ledlunf a tiré l'inspiration d'une  lettre envoyée par sa petite amie, voilà pour l'anecdote ) sonne assez mainstream avec son  refrain un peu « gnangnan »  et « Tiznit », interlude acoustique instrumental pendant lequel  on entend des gazouillis d'oiseaux ( encore le côté hippie ça ) est une agréable respiration à  défaut d'être indispensable.

Il est à noter aussi la présence de samples de conversations sur  certaines pistes ( « The Scarred People », « Winter Dawn » et « The Sun Also Rises » ) qui  rappellent les effets sonores utilisés par la  bande à David Gilmour et Roger Waters et  donnent un charme supplémentaire à cet opus.

Pour conclure, Tiamat, à défaut, de ne pas avoir sorti son nouveau Wildhoney prouve au  moins avec The Scarred People qu'il a encore des choses à dire et qu'il les exprime  bien.

Sinon Johan, tu vas pécho du bon matos quand ? Que l'on goûte de nouveau au miel sauvage...

Liste des titres :

1. « The Scarred People »
2. « Winter Dawn »
3. « 384-Kteis »
4. « Radiant Star »
5. « The Sun Also Rises »
6. « Before Another Wilbury Dies »
7. « Love Terrorists »
8. « Messinian Letter »
9. « Thunder & Lightning »
10. « Tiznit »
11. «  The Red of the Morning Sun »

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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