Il était une fois, en Italie, trois jeunes scientifiques brillants, réputés de tous pour leurs grandes découvertes dans la cybernétique et l’électronique. Mais aussi intelligents soient-ils, une chose manquait à leur vie, une chose qu'ils désiraient plus que tout : l'amour. Draguer des midinettes, c'était pas leur point fort. De râteau en refus, nos braves gaillards se décourageaient bien rapidement, désespérant de trouver l'amour de leur vie, la femme idéale qui partagerait leur existence, comprendrait leur univers. L'humanité leur semblait bien futile, bien superficielle … bref, pour nos amis Andrea, Fabio et Francesco, tout était terne. Jusqu'à ce qu'une idée se mit à germer dans la tête de l'un d'eux, qui en fit part à ses amis : puisqu'on ne peut trouver l'amour, allons le fabriquer nous-même. Andrea et Fabio, intrigués par cette idée, acceptent cependant sans broncher. Autant essayer de faire ça que de passer sa vie tout seul, comme un rat mort à s'ennuyer dans des vieilles boites pourries pour quarantenaires ménopausées et vieux requins libidineux.
C'est donc un soir, dans l'obscurité la plus totale, une nuit orageuse de pleine lune, qu'ils commirent leur méfait : créer de toute pièce les femmes parfaites. Malheureusement pour eux, les matériaux manquaient pour en construire trois. Rage et colère, ils devaient trancher. Le choix fut difficile : mais après plusieurs discussions et protestations, Francesco se sacrifia donc pour ses amis. Un peu d’électricité par-ci, de ferraille par-là, peu à peu, ces créatures prenaient formes humaines, mais restent inanimées. C'est alors que par la force de l'orage, un éclair s’abattit sur les deux créations de nos italiens : deux beautés sublimes, idéales pour les scientifiques. Ils trouvèrent donc un nom à leur convenance : Elisa et Simona. Alors que Fabio et Andrea s’apprêtaient à une vivre une jolie amourette avec ces femmes, celles-ci furent prises de rage, incontrôlable, ils perdirent contrôle de la situation. Francesco, désemparé, prit les deux premières choses qui tombèrent sous sa main, deux baguettes, et tapa, comme ça, sur du métal. Les créatures furent soudainement calmées, et la façon de contrôler ces femmes leur semblait clair à présent : la musique.
Après tout, autant qu'elles aient de jolis minois les dames robots.
Pris d'une passion soudaine pour la musique, les cinq compères se mirent à jouer. Et à force de jouer, ils formèrent des morceaux. Ils composaient. Tout excités à l'idée de faire des titres, de pouvoir s'exprimer au travers de la musique (pour les jeunes femmes, rien de plus craquant qu'un musicien pensèrent ces ingénieux cerveaux masculins), quelques pistes commencèrent par voir le jour. Quelques répétitions dans de vieux locaux abandonnés, histoire de préserver le projet qu'ils baptisèrent du sombre nom de Thought Machine. Et à force de s'entraîner à leurs instruments, ces créateurs furent de plus en plus fiers de leur accomplissement : non seulement, ils s'étaient découvert une nouvelle passion, mais en plus, leurs robots étaient sacrément doués ! La cyber-claviériste, Elisa, n'hésitait pas à garnir les bases rythmiques des jeunes hommes de quelques nappes électroniques dont elle a le secret, donnant aux morceaux un côté aussi froid que l'acier qui constituait ses mains robotiques. Les jeunes garçons furent si heureux d'entendre la dame maîtriser cet art avec brio qu'ils décidèrent de lui confier un réel rôle de soutien, mais, aussi, de lui conférer une réelle puissance instrumentale : ils avaient si confiance en elle qu'elle pouvait facilement s'octroyer la vedette, et donc, avec son clavier, avoir le premier plan. « Death of Sun », l'une de leurs œuvres, laissait une grande part du gâteau à la jeune femme. Mais de toute façon, elle, elle préfère les vis et les boulons aux pâtisseries, ce qui explique donc toutes les teintes futuristes (« F-Switch », « Artificial Imagination ») plutôt que mièvres et sucrées. Elle a de drôle de goût, quand même, qu'ils se disent. Mais qu'importe, tant que ça sonne bien.
Ceci dit, pas question pour les trois humains de rester en retrait. Il leur fallait montrer que ces femmes faites d'écrous et de circuits imprimés ne commandaient pas, tout en leur laissant une place importante. Ainsi, même si le clavier dispose d'une puissance réelle et d'une position avantageuse dans le mixage de nos chers italiens, le trio guitare / basse / batterie est loin d'être à la ramasse et peut s'adonner à quelques riffs tranchants et marquants pour former un ensemble cohérent, et digeste. Si la guitare peut sembler basique (après tout, Andrea n'a découvert sa passion qu'en tentant de créer la femme de sa vie !), elle s'insère pourtant parfaitement dans ce mélange dynamique, froid et cybernétique à la fois. On peut vraiment dire que les jeunes musiciens savent blinder leur musique, tant structurellement qu'instrumentalement. Ces teintes industrielles, ces accents pop (« Come to Me », « Captured »), pour ainsi former un genre peu prisé mais intéressant que l'on nomme cyber metal. Et comme ces gens-là sont des esprits intelligents (et en Italie, il n'y a pas que des pizzaïolo !), ils pensent à diversifier leur propos : entre du rentre-dedans qui fout la pêche dès le matin (« Come to the Point », « Captured » et « Thought Machine » ont les refrains les plus tubesques et entêtants), la jolie ballade toute mignonne (« Come to Me ») ou les essais plus mid-tempos (« The Autumn Lives Here », « Cyber Screen »), il y en a donc pour tous les goûts. Après tout, pourquoi ne viser que les brunes quand on peut aussi plaire aux rousses et aux blondes, n'est-ce pas ?
Le line-up, avec de gros tuyaux dans la bouche.
Leur tout premier morceau de quand ils commençaient à peine à savoir toucher un instrument, nos scientifiques le regardent avec bienveillance. Ils l'ont nommé « Death of Sun » mais, pourtant, il s'agit du titre le moins prenant, possédant un côté trop uniforme. Il ne faut pas leur en vouloir, après tout : ce n'était que leur début. Et tout le monde sait qu'au départ, on ne peut être parfait. Alors, des leçons furent tirées de ce petit échec-là : elles se nommaient, ces leçons, « Captured », « The Hole of Schizophrenia » ou « Cyber Screen », qui se caractérisent par des titres cohérents, puissants et retranscrivant à merveille tous les aspects de Thought Machine : froideur, puissance et côté synthétique. Mais si une des demoiselles avait les honneurs de ses camarades, l'autre était laissée sur le bord de la route, éclipsée. Simona Aileen voyait rouge, et poussa, d'un coup, sans crier gare, une gueulante à faire frémir ses collègues : on décida de l'enregistrer, de greffer de l'instrumental autour, de coupler tout cela avec des essais de chant clair, et ça s'appelle « Come to the Point ». Et ça rend bien, qui plus est, tellement qu'ils décident de réutiliser ce chant hurlé à la fin d'une introduction froide et inquiétante (« Inspiration », qui porte bien son nom) qui permet de poser les bases de leur brûlot éponyme, leur bébé à eux. Mais ils se rendirent compte que cette dame n'était pas talentueuse que pour crier et faire des beuglantes. Elle possède aussi un chant clair électronique (la faute aux circuits imprimés, ça) d'excellente facture. Une aubaine pour eux ! Cette femme robot assurerait donc le chant toute seule. C'est ainsi que le quintet pénétra dans le monde impitoyable du metal à chanteuse, et ça sans rien demander à personne !
Ainsi, Thought Machine en vente, le succès fut au rendez-vous, ce qui n'est pas étonnant au vu des qualités musicales que l'on retrouve dans cet opus. Ces musiciens connaissaient les petits défauts à améliorer : petite uniformité de la guitare, légère baisse de régime sur le milieu, mais que diable, les qualités, elles, valaient carrément le détour !
Blondes, brunes, rousses, toutes se précipitaient sur les jeunes hommes. Et les deux femmes, demanderez-vous ? Délaissées, elles préparaient leur vengeance … et un jour ...
Vous ne l'aviez pas vu venir, celle-là !
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