Le seigneur du carton
Manowar continue de s'embourber à n'en plus finir avec des productions studio récentes continuellement en baisse de qualité. Ici, le groupe ressort les ingrédients utilisés dans ses premières productions à succès : production simple, musique épurée et mise en avant des riffs et des mélodies. Malheureusement pour les américains, le tour de main n'y est plus et le résultat est un album pataud avec une production amateur.
Les temps ont bien changé pour Manowar depuis une dizaine d'années. Si le groupe était vu comme un des piliers du heavy metal traditionnel après avoir pondu de véritables hymnes du metal ("Kings Of Metal", "Thor (The Powerhead)", "Kill With Power"...), il n'est aujourd'hui que l'ombre de lui-même. C'est pourquoi la dernière sortie de la bande de Joey DeMaio a été accueillie non sans appréhension.
Le première chose qu'on constate à l'écoute de ce disque est que le réenregistrement de Battle Hymns, premier album studio de Manowar, en 2011 a inspiré le groupe dans la direction artistique de The Lord Of Steel. Exit les interludes à n'en plus finir, les orchestrations cheap et les narrations ennuyeuses. Manowar fait onze chansons, dans leur plus simple appareil avec la guitare, la basse et la batterie habituelles saupoudrées de quelques discrètes nappes de synthétiseur. Les New-yorkais renouent donc avec l'époque où ils arrivaient à pondre des hymnes épiques avec des moyens réduits.
Cependant, les temps ont changé, l'inspiration a mis les voiles et les membres du groupe ne semblent même plus y croire. Les lignes de chant d'Eric Adams sont insipides et lui-même semble ne plus y croire. Côté musiciens, les fantaisies sont aussi au rabais, à commencer par le guitariste Karl Logan, qui enchaîne riffs insipides et solos atroces, avec un toucher parfois proche de l'amateurisme. On croirait que l'enregistrement a été fait à la va-vite.
Côté production, il faut remonter à Into Glory Ride pour entendre Manowar sonner aussi cheap. Le son manque cruellement de puissance et le rendu pitoyable des instruments peine à donner l'envie de faire monter le volume sonore. Le grand perdant de l'histoire est le leader Joey DeMaio. Son son de basse autrefois reconnaissable et unique est transformé en un vulgaire vrombissement continu.
Pour les compositions, c'est aussi la crise chez les rois (déchus) du metal. Les riffs insipides, l'absence quasi-totale de mélodie et les rythmiques peu imaginatives sont les coupables désignés. Le groupe s'auto-parodie sur un "Manowarriors" risible, endort l'auditeur sur un "Born In A Grave" pataud et ne parvient pas à le réveiller avec un "Annihilation" inoffensif. Quelques titres sont à sauver cependant : La ballade "Righteous Glory" et sa ligne vocale prenante, "Touch The Sky", qui contient l'un des seuls refrains potables de l'album et "El Gringo", dont le riff mélodique rappelle la fougue de l'album Louder Than Hell. Au delà de ces titres potables, The Lord Of Steel ne décolle guère.
Manowar et rincé et l'aspect old-school n'est que poudre aux yeux. Le groupe n'y croit plus et l'inspiration semble définitivement disparue des américains, autrefois fiers et conquérants, levant le poing tels des guerriers sanguinaires et hurlant, les yeux révulsés, "Hail and Kill". En 2012, ils rajoutent sans conviction "And Die"... Serait-ce la le chant du cygne de Manowar ?