Retour sur un album qui fait partie de l’histoire du reggae. A l’origine un 11 titres qui a été bonifié de 3 titres pour cette réédition digitale inédite car il a su par le passé être réédité en vinyle ou Cd par différents labels comme Shanachie ou feu Blue Moon Productions.
1975, nous sommes en plein dans l’âge d’or du reggae. Bien souvent les premiers albums des artistes sortis lors de cette période restent parmi les classiques qu’il ne pourront égaler par la suite. On peut penser à The Mighty Diamonds avec Right time , I Jah Man avec Haile i Hymn , Bunny Wailer avec BlackHeart man », Peter Tosh avec Legalize it ou encore Congos avec The heart of . Il en est de même pour le très bon Revolutionary dream sorti par Pablo Moses.
Baco Music a eu la géniale idée de ressortir pour la première fois en digital la discographie de Pablo Moses, ce chanteur à la voix falsetto, sur toutes les plateformes de téléchargement légal.
Beaucoup reconnaitront le son incomparable des studios Black Ark, avec le grand Lee Perry aux commandes. C’est Geoffrey Chung qui produit cet album. On le retrouve aussi à la basse, aux orgues et synthétiseur. C’est d’ailleurs un véritable ‘musicians all stars’ sur cet album puisque ont participé :
à la basse : Clive Hunt, Junior Dan et Left Goshhine,
à la batterie, Leroy ‘Horsemouth’ et Mickael ‘Boo’ Richards,
aux cuivres Vin Gordon, ‘Deadly’ Headley Bennet, Franck Aird, ‘Dirty Harry’ et Tommy McCook,
aux guitares, Mickael Murray , Fil Callendar et Mikey Chung,
aux pianos et orgues, Tyrone Downie et Robbie Lyn
et aux percussions Bongo Herbman
Le tout a été enregistré et mixé par Lee Perry avec comme second Errol Thompson.
La pochette est signée Cookie Kinkead, une photographe jamaicaïcaine a qui l’ont doit aussi la superbe photo d’album de Bob Andy Retrospective. A noter également le design qui est de Evol Graham. C'est aussi lui qui a travaillé sur les pochettes de Satta massagana pour the Abyssinians et Bumpity Road pour Carl Dawkins.
Un son très roots
Comme le Pablo Moses le disait lui-même dans une interview du début des années 90, « Pas une seule mélodie, pas une seule parole ne se ressemble ». En effet, il aime l’inspiration, l’expérimentation. Et de même on découvre, comme pour tous les chanteurs de l’époque, des chansons sur les thématiques de l’amour, de la souffrance, de l’Afrique, de Rastafari.
Le ton est donné dès le 1er titre "I love I bring », un son très rooots qui ne peut que nous faire penser au meilleur du reggae. C'est pourquoi nous sommes tombés en extase devant cette musique. C’est le message d’un prophète, tel un Moïse (Moses) des temps modernes, qui a été désigné par Jah pour parler d’amour, délivrer ce noble sentiment.
"Give i Fe i Name" est un titre qui parle de sa relation avec l’Afrique. Car son propre nom ne vient pas du vieux continent mais d’un colon, tout comme les noms McIntosh (véritable nom de Peter Tosh) vient d’Ecosse ou ses amis Chin et Chung qui viennent de Chine. Il ressent un déracinement, il aimerait retrouver son nom de guerrier venu de mama Africa. Un titre très prenant qui montre la souffrance et la recherche des racines de chacun. Racine que l’on retrouve dans les percussions très Nyabinghi sur ce titre.
L'amour de l'Afrique
Thématique que l’on retrouve aussi sur "Come Mek We Run'' où il parle de fuite parce que la Jamaïque, Jamdown, est le symbole de Babylone, de la désunion et de la brutalité, tant policière que de la vie elle-même. Les cuivres sont somptueux, comme les chœurs de Val Bailey et Don Prendes.
on perçoit aussi son amour de l’Afrique sur le terrible "We should be in Angola". Il se demande ce qu’il fait en Jamaïque, lieu de terre ancestrale des Arawaks plutôt que de défendre l’Angola. L'angola fut haut lieu de déportation des esclaves vers les Antilles (tout comme le Ghana et le Mozambique NDLR). 1975 sonne d’ailleurs l’indépendance de ce pays après des années de guérilla, d’où ce titre fracassant. Sur "Blood Money", on ressent aussi ce chant révolutionnaire de ceux qui ont du sang sur les mains.
Avec "Revolutionary dream", sa voix se fait un peu plus grave pour nous embarquer dans son rêve révolutionnaire. La rythmique nous donne envie d’assister à ces enregistrements sur notre île préférée. La guitare fait merveille dans ses petites pointes solos.
"I man a Grasshooper" parle de l’homme persécuté parce qu’il fume de l’herbe mais qui est proche de la nature, un titre fumant, très profond.
Réédition d'un album révolutionnaire de la belle époque du reggae
Les onze titres originaux sont bien là et Baco Music a rajouté 3 titres dub à ceux-ci mais il aurait été plus judicieux que ce soit des dubs de cet album. En effet "don’t force" vient de l’album Tension en 1984 ; "Live to love" de l’album éponyme, sorti par Blue Moon en 1987 et "Rastaman" qui vient de l’album We refuse en 1990. Des titres qui ne sont pas mauvais en soi mais sortent déjà de la belle période.
Revolutionary Dream, la réédition, est un album révolutionnaire de la belle époque du reggae, pour les retardataires et les fans de reggae roots, celui-ci est pour vous !
Enfin, pour ceux qui veulent se faire une belle sélection de ce chanteur, je vous recommande aussi les albums A Song et Pave the way . A vos téléchargements.
Pablo Moses - Revolutionary Dream
House of Moses/Baco Music
sorti le 12/10/2021
Disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal
tracklist :
I love i Bring
Be not a Dread
Give i fe i name
We should be in Angola
Come mek We run
Revolutionary Dream
Wher Am I
I man a Grasshoper
Corrupted Man
Blood money
Lonely Singer
Don't force me dub
Live to love dub
Rastaman Dub