Retour sur la 2ème journée de L'Arverne Reggae Festival à Brassac les Mines le 06/05/2023
The Twinkle Brothers - Skarra Mucci – Jah Version
Le Arverne Reggae Festival a son marché et il fait bon flâner dans celui-ci par un bel après-midi ensoleillé.
Comme toutes les années, nous mettons trois stands en avant.
Les Stands
Elijah
le stand partenaire officiel du Arverne Reggae Festival cette année.
11 ans qu’Elijah existe sur Saint-Etienne, 3 ans sur Clermont-Ferrand (au 5Bis rue des Gras). Il en existe aussi des magasins sur Paris, Lyon et Grenoble. Ce sont les stéphanois qui étaient présents cette année, appuyé par les clermontois.
Il sont présents sur une grande partie des festivals Reggae français, européens.Egalement présents sur le reggae Sun Ska, le No logo, le SummerJam ou encore la Fête de l’huma. Ils ont posé leur tente sous le soleil de Brassac cette année.
D’un côté, vous avez tout le textile : les bobs réversibles avec une face décorée de feuilles de cannabis et de l’autre une couleur plus sobre et discrète. Des T-shirts et sweatshirts, chemises, bermudas. Soit au logo d’Elijah, soit au couleurs du reggae ou d’artistes tels les Dub Inc.
Les textiles proviennent de Thaïlande mais un des associés du magasin Elijah Saint-Etienne va les chercher lui-même au pays (pour voir les conditions de travail).
CBD in my brain
De l'autre côté, direct, on peut y trouver des fleurs CBD. Tout pour les fumeurs, du cendrier au grinders en passant par la pipe à eau et le shilom. Même pour ceux qui veulent avoir l’haleine fraîche, le chewing-gum au CBD, nommé… Kaya, il fallait y penser. On a aussi divers produits cosmétique à base de CBD.
les produits CBD viennent en majorité d’Allemagne.
Petite cerise sur le gâteau, on peut acheter le ballon de foot de l’Ajax d’Amsterdam (dont 1 a gagner par tirage au sort derrière le fly du magazin) à l’effigie de Marley. Un coup de cœur pour cette équipe néerlandaise qui chante régulièrement « Three Little Birds ». De plus elle a eu l’honneur de voir Ky-Mani Marley, venir chanter la chanson de son père devant les tribunes des supporters.
N’hésitez pas à aller sur leur stand, dans leur magasin ou sur le site officiel. C’est près de 6000 références qui vous attendent ; Un vraie caverne d’Ali Baba.
Le 2ème stand nous emmène chez Reine, une styliste avec la maison
Bam M Buka
qui se targue de créations artisanales de vêtements, accessoires et décorations sur tissus ethniques.
Par ethnique, on ne doit pas l’entendre dans son sens réducteur. Car trop souvent on entend ce mot autour du monde africain, alors que tout homme de chaque continent, Asie, Europe, Amérique repose aussi là-dessus. L'humanité est UNE avec ses diversités.
Les créations de Reine sont ouvertes au monde et sont faites pour tout le monde. En effet, on peut voir des créations en chanvre, en raphia, jacquard lyonnais. On peut trouver aussi celles en wax imprimé 100% africain. (l'Indonésie est le 1er premier pays à avoir crée la technique d'impression, les hollandais l'ont reproduit et ont créé le wax. Ensuite l'Afrique a récupéré le concept). Et pour les plus économes au plus raffiné 100 % coton.
Les bijoux peuvent être aussi en cuivre recyclé et les perles en papier mâché.
Tout vient de Mauritanie, du Nigéria, de Guinée, d'Ethiopie, du Congo.
D’ailleurs « bam m buka » signifie « souviens toi ! » dans un dialecte congolais. Ce sont les racines de Reine et de Stéphanie, sa cousine, qui l’accompagne sur le stand pour le festival. Vous pouvez aller jeter un œil à son travail sur son compte facebook
Reine a monté aussi
Washiri
qui veut dire guérison car Reine pratique aussi la phytothérapie. Une guérisseuse des temps modernes avec des recettes ancestrales.
Sur ce stand collé à celui du vêtement, on peut y boire du gingembre/vanille, du bissap/ananas. On peut acheter aussi du piment ‘fait maison’. Par ailleurs petite potion magique, pour vous mesdames, à base de gingembre et poivre alligator pour atténuer les règles douloureuses et autres maux de ventre.
A tester.
Reine est une femme généreuse qui ne fait pas les choses à moitié puisque vous pouvez aussi vous restaurer avec un poulet gingembre manioc, préparé par sa maman.
C'était une première au Arverne Reggae Festival et cela lui a donné envie de participer à d'autres festivals.
Nous finissons la mise en avant des stands par
Ced’n’Co
Un stand très connu aussi des amateurs de festivals de reggae puisqu’il se trouve présent sur bon nombre de ceux-ci.
Ced’n’Co a démarré son activité il y a environ 9 ans en banlieue parisienne. Il peut parfois s’approvisionner sur Aubervilliers mais fait, et de plus en plus souvent, les choses par lui-même.
Sa particularité est d’avoir une presse à imprimer où il peut incruster photos ou décos rastas sur différents support : tasse, pierre, cendrier, puzzle.
Tout est travaillé sur ordinateur avant de lancer les impressions. Il fait de même avec sa machine à broder où chaque t-shirt, polo, chemise, blouson, casquette peut avoir sa propre décoration, toujours dans l’esprit reggae.
Entre Ced’n’Co et le Arverne Festival, c’est une histoire de cœur et il ne rate aucune édition. En effet il participe à un petit festival dans un coin reculé auvergnat. Puis il est contacté pour la 1ère édition du Arverne qui se situe au début à Lempdes sur Allagnon. Il finit alors de s’installer en Auvergne avec Caro et vient toujours animer son festival préféré.
Par conséquent, ne ratez pas Ced’n’Coet allez à son stand où sourire et bonne humeur sont toujours de mise. Un passionné passionnant. Vous pouvez aussi commander en ligne via son site !
La soirée
Adrien, le fondateur du Arverne Reggae Festival commence en ces mots : « Ce sera peut être la dernière, mais ce sera la plus belle.
L’histoire des Jeunes ‘Mine de rien’ c’est une histoire d’amis d’enfance unis dans la musique et qui montent un festival de reggae. La 1ère édition à Lempdes. Mais vu que la majorité viennent de Brassac, il était logique que l’on se rapproche de notre ville de cœur. Ce sont des copains qui ont un taf mais travaillent aussi bénévolement à l’association 365 jours par an pour vous proposer un festival de qualité. Quand la Jamaïque est là, le soleil est là !
Un maximum de bruit pour » :
THE TWINKLE BROTHERS
La musique commence alors avec une grosse ligne de basse. Norman Grant, le chanteur des Twinkle Brothers arrive alors sur scène, un shama (écharpe éthiopienne) autour du cou et attaque par le classique « Rasta p’on Top »
« Babylon Fallin » se la joue fine avec du dub dans les voix
Norman attaque a cappella avec son frère Ralston un verset biblique « The devil is a driver and he ‘ll drive down you in Hell ». Ceci avant de partir sur le titre « Repent » où il est justement question de repentance, de pardon et d’homme vivant dans le péché. « Repent » part ensuite en dub. Norman se permet un petit pas de danse tandis que son frère nous gratifie d’un joli solo de guitare.
« Beat Them Jah Jah » est une douce mélodie avec une partie choriste par le bassiste et les 2 guitaristes. Normal Grant effectue même un changement d’octave pour entonner rub a dub style.
« Jah shall Reign » est un titre hautement biblique. Norman lève les bras au ciel en le regardant et invoque Jah.
Jah régnera
Que son peuple soit rassemblé en son nom
Couronnez-le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs
Inspiré de Jah !
Quant à « Never get burn », un des grands classiques du groupe, il est repris par une foule conquise et émerveillée de voir de telles légendes sur scène. Les textes sont toujours inspirés des Saintes écritures tels ce morceau :
Daniel a été jeté dans la fosse aux Lions
Pourtant, les lions l’ont pris pour un ami
Pas même une ecchymose! Pas même une égratignure !
tiré du verset biblique Daniel 6:17-24
Tandis que Dub Judah tient sa basse comme une mitraillette.
En parlant de classique, il ne peut se passer un show sans « Africa ». Tout le chapiteau du Arverne Reggae Festival reprend la vocalise du « woyoyoyooooo » avant que le morceau ne passe en dub. La ligne de basse nous englobe de sa douce chaleur.
Mystic man
Le chanteur charismatique nous dit alors qu’il aime être ici parmi nous et qu’il est temps de rendre hommage à son ‘frère’ Jah Shaka (décédé le 12/04/2023 NDLR). Que Jah Shaka était un bassman et qu’il a enregistré ce morceau avec lui .
« Get Down Babylon » démarre, suivi d’un ‘pull up. Le morceau reprend donc au début avec Black Steel au lead vocal. Il envoie un message d’amour à Jah Shaka en levant les yeux vers les cieux sous les riff d’orgue de Caroline Williams.
« Faith can move moutains » est un moment mystique. Le regard de Barry Prince, le batteur du groupe, est vraiment profond sur ce chant. Norman Grant et Black Steel dansent sur le morceau. Norman joue ensuite des percussions pour finir les bras en croix, tel un christ rasta avant que musiciens et le public ne reprennent tous ensemble le refrain.
« Praise his his Name », un titre de l’ère post-Marley sonne plus moderne, plus dancehall que beaucoup d’autres chansons du concert. On peut faire la même remarque sur le titre « Robot » (dont le refrain rentre bien dans la tête). Les choeurs sont assurés par les 2 guitaristes et le batteur. Black Steel imite d’ailleurs à merveille un automate pour donner du relief au morceau.
le meilleur des Twinkle
Retour aux sources avec des classiques « Babylon Fallin », « Since i throw my comb away » et « jahoviah » qui comblent de joie des fans, toutes générations confondues. Un très beau marathon où Norman Grant s’essuie le visage de son écharpe éthiopienne. Il n’a rien perdu de sa vigueur et de sa voix et se donne entièrement pour le délivrer le message.
Ensuite, Il dédicace le morceau « I love you so »à toutes les femmes de l’assistance avec un « je vous aime » en français parfait.
Il nous explique qu’on va revenir en 1964 avec ce qui a été la première chanson du groupe. A savoir le ska « Somebody, please help me » avant que la musique ne s’accélère. En définitive, le ska est toujours vivant, certes plus aucun membre original des Skatalites n’est ici, mais le genre musical restera à jamais dans le coeur de ceux qui aiment le reggae music et tous ses dérivés. Les deux frères Norman nous font alors une démonstration de cette danse.
On entend de la part de Blak Steel un joyeux anniversaire à Norman (qui est né un 3 mai) avant que Black Steel ne prenne sa guitare et donne l’accord… de « Redemption song » pour le jouer au lead vocal. Un grand moment d’union dans le chapiteau où tout le monde chante cette chanson de Bob, tandis que Normal Grant joue des percussions et que les autres membres du groupe attaquent leur partition.
Un groupe authentique
Le chanteur s’adresse ensuite à Dub Judah, le bassiste et lui dit « come on » pour que celui-ci donne de la voix sur son « Babylon is a trap ». Dehors un orage passe au dessus de Brassac, et même si le chapiteau est plongé dans le noir pendant 1 ou 2 minutes, le groupe continue de jouer, imperturbable. Des musiciens qui se connaissent par cœur. La lumière revient bien avant la fin du morceau. De vrais pros, tant au niveau des bénévoles au niveau du chapiteau pour régler le problème, que le groupe sur scène.
Normal Grant nous interpelle « vous en avez assez ou vous en voulez un peu plus ? Le roots c’est le message dans la musique ».
Le dernier titre joué et « Let Jah » avec cette parole :
« Ouvre ton coeur, Laisse entre Jah dedans. »
En conclusion, un résumé de leur concert de ce soir tandis que Norman présente tous les musiciens ainsi que l’ingénieur du son. Il nous quittent tous avec un « Dieu vous bénisse » tout aussi sincère que leur chanson. Un groupe authentique dont la foi reste intacte. la Jamaïque était au rendez-vous au Arverne Reggae Festival.
Quelques tunes de Dj Rambla et aux premières notes, le chapiteau se remplit très vite.
SKARRA MUCCI
Skarra Mucci est comme un Elephant Man, un artiste à l’énergique débordante qui attaque par un « Reggae Radio » très puissant. Accompagné des marseillais de Dub Akom , il ne peut en être autrement.
Les titres «Big Dreams », « Rock this world » et « Love train » s’enchaînent tels des fusées dancehall ou jungle devant un Skarra Mucci tout transpirant. Il donne de sa personne.
La reprise de Delroy Wilson « Movie Star » version Skarra Mucci est une pure merveille. Le riddim, reconnaissable entre mille, est joué avec sa fameuse ligne d’orgue de Steph. Quant le rythme s’accélère, le chapiteau saute entièrement avec des sifflets lors du refrain.
« Tonight » est un titre fast style. Sa version du titre de Keith & Tex (ce duo fait d'ailleurs partie cette année du projet Inna De yard) a pris un gros coup de boost pour le plus grand plaisir du public qui crie « Tonight » à la demande de l'artiste.
Celui-ci hurle alors « one , two three ! » avant de faire des bonds sur scène imité des aficionados du chanteur.
Skarra Mucci, un bad boy ?
Sans compter que dès les première notes de « Not impossible », le chanteur envoie un 'pull up'. Celui-ci interpelle « Are you ready ? » tandis que la batterie de David envoie sur les 2 temps un "Bam bam" de Sieur Toots & The Maytals. Un morceau de 1966 qui avait été repris à merveille par Chaka Demus et Pliers. Cette version part ensuite sur du dancehall pur où tout le monde se balance.
Tant qu’à faire dans les classiques, il nous joue « Bad Boys » cher à Inner Circle. Là encore des cris d’hystérie, des sauts, et forcément la reprise du refrain
Bad boys, bad boys
Whatcha gonna do, whatcha gonna do
When they come for you
Le morceau se finit sur un superbe solo guitare de Titi et un « grand merci » de Skarra Mucci.
C’est un véritable ascenseur émotionnel car s’en suit le terrible «Yaga yaga». Le morceau reprend en partie le «Love Yourself » d’Emimen avec toute sa puissance de feu. La guitare est rock. Le son de l’orgue monte crescendo. Skarra Mucci lève alors les mains, secoue les doigts devant une foule hypnotisée et conquise.
Il conclue par un « Faites du bruit pour vous même ! Vous êtes merveilleux !».
Le roi de l'entourloop
Le « Dreader than dread » qui suit amène tout de suite un ‘pull up’. Il est vrai que ce morceau sorti à l’origine avec L'Entourloop fait le beau jour de bon nombre de Sound System. La ligne de basse de Titi nous transporte en Jamaïque. Il faut dire que les versions de Linval Thompson, de Ronnie Davis et la version DJ par Tappa Zukie sont déjà des classiques. Il ne pouvait en être autrement pour j.
D'ailleurs, on redescend doucement avec « Who fool Dem » sur les premières mesures mais très vite on est sur du lourd. Dj Rambla, dans l’ombre de la scène se met à danser au son de ce titre qui parfois reprend le Wa do dem d’Eek-a-Mouse. On a droit à des batailles de solos basse et guitare.
D’autres titres comme « Dancehall President » (son surnom), « Greater than great » ou « Dancehall energy » emmènent le show vers un autre classique. Les riddims peuvent être militaires ou très 90’s mais personne ne s’y trompe. On est là pour faire la fête même si Skarra Mucci nous dit « il faut que nous laissions une planète propre ». Les festivaliers en sont en grande majorité conscients et ont fait en sorte tout au long du festival de laisser le lieu le plus ‘clean’ possible.
Le hit de Skarra Mucci !
Il démarre les bras en croix pour le désormais classique «My sound » (sur la magnifique chanson « After laughter comes » de Wendy Rene). Comme il le dit lui-même c’est une « Champion Song ».
En effet, tout le monde reprend le refrain comme transcendé. La voix roque de Skarra Mucci est une belle alchimie avec celle de la regrettée Wendy Rene.
Il se signe en fin de chanson avec un « Merci » qui vient du cœur. Chaque musicien y va de son solo.
De retour sur scène, après le rappel obligé, il nous gratifie d’un « Feel Alright ». Il s’est rattaché les cheveux et a changé son t-shirt . Son « Feel alright » n’est pas sans rappeler la chanson « Who Can Make The Dance Ram » de Yellowman, Il nous sort mêmes des « galong » du chanteur albinos sur cette chanson.
Il fait quelques petits pas de danse sur scène avant de conclure par « J’aime voir ces sourires ce soir et j’ai eu un merveilleux feeling avec vous » avant que ne finisse la chanson en instru.
Skarra Mucci nous a montré toute l’énergie dont il est capable. Un artiste backé par Dub Akom,
Marseille et Kingston, une rencontre qui décoiffe ! Brassac aime la Jamaïque et la Jamaïque aime Brassac.
Adrien revient sur scène et nous dit « c’est la première fois qu’ils se produisent sur une scène Main Stage, et nous font cet honneur au Arverne Reggae Festival. Ils viennent tout droit du Portugal. Ce sont des habitués du sound system, un max de bruit pour :
JAH VERSION
Le duo composé de Dub Didi et Zacky Man (au chant) vient effectivement de Lisbonne.
Avec eux, le dub prend une énergie aux antipodes du fado.
De la grosse basse, des réverbes et échos, des notes posées à couper le souffle. Il faut dire qu’ils ont des morceaux très dansants tels les puissants « Friendship », « Mission », « Credential » « Respect », « Likkle Bass » ou encore « Youth of today »
En fin de compte, pendant près d’une 1h15 de show, les spécialistes du dub ont pu danser sous le chapiteau, baskets, docs martin, ou pieds-nus. Jah Version a su mettre tout le monde d'accord.
Fin du 2 ème jour
Un grand merci à Caroline Williams et Black Steel (clavier et guitariste des Twinkle Brothers), à Skarra Mucci et Steph (clavier de Skarra Mucci) pour leur aide. En discutant avec eux, ils ont collaboré a rendre cet article le plus complet possible.
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