ROOT’SECOURS en concert en 2024 ?
Non, vous ne rêvez pas, et nous non plus... 15 ans après, ou plutôt 15 ans, 6 mois, 2 heures et 5 verres plus tard, on n’y croyait plus... on n’y pensait même plus... et pourtant, c’est bien le moment choisi par le groupe pour réaliser son grand retour.
Après des mois de persévérance, c’est ce 7 décembre qui restera gravé comme la date des retrouvailles entre les ROOT’SECOURS et la scène, l’endroit où leur musique s’exprime le mieux...
Pour l’occasion, ils ont mis les petits plats dans les grands. On se retrouve à Murinais, sur les traces de leurs débuts, dans une salle copieusement garnie par les fidèles de la première heure qui ne voulaient surtout pas manquer ça, mais aussi les curieux qui venaient découvrir la bande, à domicile.
Alika lance la soirée
Après tant d’attente, l’impatience est grande, mais nous ne sommes plus à quelques minutes près. Alors ce ne seront pas une, mais deux premières parties qui ouvriront le bal avant le clou du spectacle.
Pour lancer la soirée, c’est Akila qui vient réaliser un exercice périlleux : proposer un spectacle de stand-up en ouverture d’une soirée concert. Si le public déjà nombreux est un peu dissipé (il faut dire que de ce côté de la scène aussi, les retrouvailles sont nombreuses), elle donne toute son énergie sans calculer, dès son arrivée sur les planches.
Seule en scène, elle nous livre ses anecdotes familiales et personnelles, fait participer le public, pour chauffer la salle qui attend déjà le plat de résistance. Bref mais intense, elle offre une prestation toute en pep’s et donne rendez-vous pour son spectacle entier en début d’année 2025.
Akila
Mary l*asterisk
Sans transition ou presque, c’est Mary*, à prononcer Mary l*asterisk, qui prend le relai. Seule aussi, ou presque, puisqu’elle est accompagnée dit-elle de sa fidèle guitare. Mais aussi de ses pédales magiques à ses pieds et bien sûr de sa main, qu’elle renomme son “asterisk”.
Mary* vient présenter son univers, tantôt “groovysant”, tantôt “smoothysant”, difficile à ranger dans une case. Assise sur son siège, elle construit en solitaire ses morceaux, en enregistrant des boucles à l’aide de ses pédales, à coup d’accords de guitares, de percussions sur cette dernière, et de bruitages divers...
L’ambiance est posée, c’est maintenant qu’elle démarre véritablement chaque morceau, chante et joue par-dessus ce fond musical. Assise, mais pas statique, Mary* bouge sur sa chaise, jeu de jambes, mimes, elle ne cesse de partager ses inspirations, d’échanger avec le public, pour l’embarquer dans son voyage.
Au total, ce seront 6 morceaux, compositions personnelles mais aussi une adaptation de Pink Floyd (dont je ne ferai pas l’affront d’égratigner le titre précis) qui rempliront ce set qui sonne comme une découverte pour beaucoup d’entre nous. Une découverte qui donne envie de creuser plus loin dans son oeuvre. Attiré par la simplicité et l’énergie dégagée...
Mary*
Root'Secours, le moment tant attendu...
Ca y est, il doit être 22H. Root’Secours débarque à son tour. C’est enfin le moment. L’effervescence est réelle, dans le public comme sur scène. Difficile de savoir qui est le plus heureux d’être là. Tout le monde ?
Une intro musicale, déjà très dynamique, ça attaque fort ! Avec une formation au complet, forte d’un duo basse/batterie, un clavier, une guitare, 3 cuivres, et Amar au chant.
Les premiers morceaux s’enchainent vite, sans transition, puis Amar s’offre un premier break. 15 ans plus tard, après 3 morceaux, il doit déjà faire une pause pour boire nous dit-il...
Assez parlé, Amar reprend aussi vite qu’il s’est arrêté, rien ne l’arrête, rien ne les arrête. Nous recevons 2H de show intense, avec des rires, beaucoup, des larmes aussi. 2h faites de morceaux personnels, d’autres engagés, avec pour fil rouge une énorme dose de sincérité et d’humilité.
On retient
On retient cet hommage à son père sur “la vie” juste après un morceau qui parle de ses racines algériennes et sa double culture, “Soummam”, joué en acoustique. Il y a aussi ce morceau dédié aux “sans-abris”, pour nous faire relativiser sur les quelques minutes passées à attendre l’ouverture des portes dans le froid. Une reprise du fameux War de Bob Marley, inspiré lui-même d’un discours d’Haile Selassie, partiellement traduit en français.
Medley
Après tout ce temps, sur scène comme dans le public, on a envie de réentendre tous les morceaux, alors le groupe nous gâte avec ce medley de 10 minutes qui retrace quelques classiques. On prend également plaisir à réentendre “Rage dedans”, “Fire”, ou encore “Alerte” avec son sample de Sarkozy qui n’a pas pris une ride au vu de l’actualité.
Root'Secours
Un copieux rappel en guise de bouquet final
C’est déjà l’heure de se quitter, on n’a pas vu le temps passer, mais avant ça, ROOT’SECOURS nous offre un copieux rappel en guise de bouquet final, avec “gosse du béton”, “ton fils” et “debout”. On en voudrait encore, mais ce sera pour la prochaine fois, dans un petit peu moins de 15 ans, on le souhaite.
On restera encore dans la salle après le concert, pour échanger, se retrouver, redescendre doucement de cette soirée riche en émotions, intense.
Amar, en tant que porte-voix, puisque c’est lui qui a le micro comme il aime à nous le rappeler, nous a tous remercié longuement et chaleureusement durant toute la soirée (public, organisateurs, bénévoles, techniciens...). C’est à notre tour de le remercier, de les remercier, ainsi que tous ceux qui ont rendu cette soirée enfin possible, après le rendez-vous manqué du mois de juin.
Deux heures de reggae français à l’ancienne, avec un soupçon de rock ou même de funk par endroits, qui nous ont fait rajeunir l’espace d’une soirée pour les anciens, qui ont permis de rattraper le temps perdu pour d’autres, et de découvrir pour les nouveaux venus.
Parfois, on dit que plus c’est long, plus c’est bon, alors 15 ans, c’est long, je vous laisse imaginer comme c’était bon.
Root'Secours
Crédits photos : TiTiPhotographe
Texte : Yul
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe