Kiddus I a fait son entrée (à l’échelle internationale) dans le monde du Reggae par la grande porte ! Et c’est le moins que l’on puisse dire car Mr Frank Dowding – de son vrai nom – interprète dans le film ROCKERS l’un des titres phares de ce long métrage anthologique : « Graduation In Zion » qui marquera l’esprit de plusieurs générations de Reggae lovers jusqu’à nos jours et certainement bien au-delà.
La scène est mythique, elle se passe au Studio de Jack Ruby en compagnie d’Earl « China » Smith, Robbie Shakespeare et Wire Lindo. Kiddus I est littéralement propulsé au rang de légende grâce à cette prouesse.
Pour ceux qui ne voient pas du tout de quoi je parle (et tous ceux qui ont envie de revoir cette scène mythique) vous trouverez ci-dessous une petite vidéo plus qu’explicite.
Impossible de parler de Kiddus I sans évoquer cette fantastique entrée en matière ; mais ne nous éloignons pas du sujet du jour, réaliser une chronique de son dernier opus : Tospy Turvy World . Comme j’aime à le faire et parce que je trouve ça respectueux envers l’artiste, je vous propose au menu d’aujourd’hui une petite entrée en matière sous forme de biographie rapide puis en plat de résistance une dissection au scalpel des 13 pistes de cette galette.
En 1978, Kiddus I faiT donc son entrée dans le monde du Reggae (si je peux me permettre ce raccourci) par la grande porte. Mais ce dernier a toujours faiT partie, depuis les premières heures, de l’entourage proche de grands noms comme Bob Marley, Peter Tosh, Jacob Miller, Burning Spear, Inner Circle ou encore Gregory Isaacs.
Kiddus I a toujours été plus discret mais très apprécié par tous pour son approche artistique plus progressiste et son aptitude au « reasonin’ » (comme on l’entend en Jamaïque) à tel point qu’on le surnomme « The Sheppard » (traduction rapide : « le berger »).
Kiddus I débute sa carrière auprès de Ras Michael and the Sons of Negus où il joue de la percussion et chante. Il fait la connaissance d’Earl « Chinna » Smith duquel il restera proche. Il enregistre un album complet qui ne verra jamais le jour car les bandes seront perdues…
Entre cette période et 2005 nous n’entendrons malheureusement pratiquement plus parler du talentueux Kiddus I… Tristesse vous vous dites, mais qu’à cela ne tienne, en 2005 le label (Français ) Makasound se lance dans l’aventure Inna de Yard dont Kiddus I fera partie. Makasound lui offre un album entier en acoustique (dont je vous conseille l’écoute si ce n’est pas déjà fait).
Tout s’enchaine, en 2007, le label Japonais Dub Store Records sort une compilation de singles réalisé par l’artiste entre 1978 et 1980 sous le nom de Rockers. En 2009, Kiddus I réalise Green Fa Life (chez Naya Records), en compagnie d’Earl « China » Smith et Leroy « Horsemouth » Wallace, ce qui sera son premier album en plus de 30 ans de carrière !
Si vous avez regardé la vidéo un peu plus haut, vous avez techniquement pris une bonne petite claque sonore et également constaté que le monsieur a une voix impressionnante et malgré les quelques années qui nous séparent maintenant de ces images, la voix que vous retrouverez sur Topsy Turvy World est aussi puissante si ce n'est mieux !
Cet album a été enregistré avec l’aide de pointures comme Aston « Family Man » Barrett à la basse, Tyrone Downie au piano, Earl « Chinna » Smith à la guitare ou encore Uziah "Sticky" Thompson aux percussions. L’album se compose de nombreuses compositions exclusives, ainsi qu’une excellente reprise des Persuaders « A thin line between love and hate ».
Allez, rentrons dans le vif du sujet ! Topsy Turvy Wolrd démmare avec « Trying », un titre très roots avec l’appui d’une superbe section de cuivre. Dès les premières secondes d’écoute de cet album on sent tout de suite que le voyage va être très roots ! Accrochez vos ceintures, c’est parti !
La seconde tune, « Another day » déboule dans la foulée avec une ligne de basse très épaisse et qui finit d’installer l’ambiance générale de l’album. « Tospy Turvy old world », chanson éponyme arrive en 3ème position. Sur un beat un peu plus pêchu, Kiddus I fait le triste constat d’un monde dans un état alarmant. On ne pourra pas dire que la sonnette d’alarme n’a jamais été sonnée…
Sur la très très roots tune suivante, « Road of life », Kiddus I, appuyé de sa section cuivre découverte précédemment et d’un chœur à vous faire frissonner nous pousse à ouvrir les yeux pour prendre conscience que le fardeau que l’on a tendance s’imposer peut être aisément allégé. Chanson profonde et engagée comme l’ensemble de l’album sans pour autant en devenir moralisateur, loin de là. « Teach me right » est dans la même veine, chanson emplie de sagesse faisant comprendre l’importance d’un Enseignement de qualité, mais surtout de l’importance de l’enseignant sur qui tout repose.
« Tell Me what you know » prend la suite sur un beat plus enjoué laissant la place à « Special way » avec sa rythmique upbeat ensoleillée qui vous fera hocher de la tête sans même vous en rendre compte si ce n’est plus.
Tremblement de terre avec « Riddim of Life » et sa la ligne de basse abyssale qui vous téléportera directe dans les nuages. Le voyage continue sur sa lancée avec une magnifique love song reprise des Persuaders « A thin line between love and hate » sur laquelle la voix de Kiddus I colle à merveille. Digne des plus grands chanteurs de Soul. N’hésitez pas à opter pour un petit rewind sur celle-là, c’est un pur chef-d’œuvre !
Bon après plusieurs rewinds sur la track précédente, vous finirez (si si !) par arriver sur « It’s not over ». Aucune crainte à avoir, cette chanson vous mettra le smile jusqu’aux oreilles avec ces lyrics positifs et sa bonne vibz cuivrée. «Changes» a ce puissant arrière-goût de Bob Marley et ce n’est pas pour me déplaire. L’accompagnement à la flute de « Better will come » lui confère une légèreté hors du commun. L’album se termine (hé oui toute les bonnes choses ont une fin) avec le premier single de l’album « Wild Child ». Une magnifique chanson sur le thème de la Liberté, dont voici le clip :
Topsy Turvy World est un très bon album, riche et varié, alternant les inspirations Soul, Rythm and Blues, Jazz, etc. Très inspiré dans les textes et la musique, il procure la sensation d’avoir voyagé en apesanteur. Durant les 60 et quelques minutes de l’album, Kiddus I réussit à nous faire oublier tout le reste. Une fois l’album terminé, on a qu’une envie, c’est de le réécouter. Selon mes critères c’est le signe d’un très grand album ! Espérons que beaucoup d’autres suivront.
A mettre donc entre toutes les mains et oreilles au plus vite !! Si la chronique était en anglais je conclurais en vous disant : Go get it as soon as you can ! It’s a wonderful musical medicine that we all need these days! A big thanks to the brethren Kiddus I for this precious present! Bless.
Tracklist :
01- Trying
02- Another day
03- Topsy Turvy old world
04- Road of life
05- Teach me right
06- Tell me what you know
07- Special way
08- Life is a riddim
09- Thin line between love and hate
10- It’s not over
11- Changes
12- Better will come
13- Wild Child