Jay et Devi du groupe The Banyans

C’est en pleine promo parisienne de leur premier album steppin' forward qui sort le 18 février que Jay le guitariste et Devi le chanteur du groupe toulousain the Banyans  m’ont accordé cet interview téléphonique.

L’occasion de faire plus ample connaissance avec ce groupe toulousain en pleine ascension.

Cousto : Tu peux nous parler un peu de la formation du groupe. Depuis quand il existe et comment vous vous êtes rencontrés ?
 

Jay : Avec  Devi on se connaît depuis le lycée , ça fait huit ans, où on jouait ensemble au club de musique.  Natty le bassiste nous a rejoint un peu plus tard. Nous trois on est un peu la base du groupe. On a monté les Banyans en 2007 mais c’est vraiment en 2010 que le groupe a pris une autre dimension. C'est à cette date que nous ont rejoints Clément le batteur , Maël le pianiste et Jean le dernier pianiste et également choriste. Le groupe a pris un autre tournant et on s’est professionnalisés. On a acheté un minibus la même année. On a fait une maquette back to the roots  et avec celle-ci on est partis sur la route et en moyenne on tourne actuellement à une soixantaine de dates par an et je pense qu’on est bien partis pour en faire plus.


 

C : Le reggae roots était- elle une musique qui faisait partie du paysage musical de tous au départ ?
 

Jay : On va dire "oui mais". On a deux musiciens qui sont issus du conservatoire de jazz, le batteur et un des deux pianistes, Maël. Eux ont une école un peu plus ouverte et technique par rapport aux autres. Dans l’ensemble le reggae roots  c’est une passion pour tous les musiciens depuis très longtemps. Le reggae  représente 95% de la musique que l’on écoute. On laisse aussi une place à la soul music : Same Cook, Al Green , des artistes comme ceux-là..


 

Le banian


 

C : Qui est le botaniste du groupe qui a trouvé le nom de the Banyans ?

Jay : C’est moi en 2007 quand on a lancé le projet. Je vais laisser Devi présenter le nom.

Devi : C’est Jay qui a proposé ce nom et moi j’ai directement accroché. Le banian c’est un arbre qui est une espèce de ficus géant qui pousse principalement en Inde et dans les tropiques. Plusieurs symboles existent autour de cet arbre. Comme le dit Horsemouth dans le teaser c’est un roots tree. C’est un arbre qui a des racines aériennes qui relient ses branches à la terre. C’est assez rare. Il a autant de racines qui vont dans le sol que dans le ciel ce qui symbolise que nos racines se trouvent autant dans la terre que vers le ciel. C’est un peu notre "i & i" comme on dit dans le reggae. Le "i"   plus terre à terre et le "i" plus spirituel. Les racines peuvent détruire certaines constructions de l’homme. Le banian a beaucoup de valeurs spirituelles et sociales en Inde . Souvent les gens se retrouvent dessous pour partager les enseignements, la méditation. Les anciens donnent des conseils et les enfants jouent dessous. Il a aussi des vertus thérapeutiques.
 

C : Vous êtes avant tout un groupe de scène…

Devi : Tout à fait. On s’est servis de notre maquette de sept titres Back to the roots pour faire 2 années de tournées de soixante dates  chacune.

C : ...est-ce qu’il y a des rencontres qui vous ont particulièrement marqués pendant ces 2 années de route ?

Devi : Oui la rencontre avec The Wailers et plus particulièrement avec  Aston "family man" Barrett. On a joué avec eux en février dernier. C’était un peu spécial comme journée parce qu’il neigeait dans toute la France. Ils jouaient la veille à Paris. Ils faisaient trois dates dans toute l’Europe et  notamment à Toulouse où on a eu la chance de les croiser. C’était 20h, on jouait dans une demie heure  et ils n'étaient toujours pas arrivés . On a à peine débutés et  on voit qu’ils commencent à s’installer derrière nous. Du coup ils ont entendu tout notre concert . A la fin du concert on a vraiment pu parler avec eux un bon bout de temps et  surtout avec Aston "family man" Barrett qui était un des plus proches de Marley et qui a pu nous donner des conseils ; c’était vraiment une super rencontre. On a vraiment fait un voyage en Jamaïque  le temps d’une soirée, c’était magnifique. Au petit matin, c’était le 6 février, le jour de la naissance de Bob. C’est le tout qui fait que ça reste mythique pour nous.

 

C : Dans le teaser, vous êtes 'adoubés' par les grands noms du reggae.

Devi : C’est un honneur d’avoir pu croiser tous ces artistes là. Un moment on s’est dit que ce serait une bonne idée qu’ils soutiennent notre musique et c'est de cette façon qu'ils ont pu s'exprimer sur le teaser.

Teaser de Steppin Forward


C :  L’expérience du backing band avec Ras Daniel Ray a-t-elle été pour vous importante ?

Devi:  C'est ce qui a permis une manière de travailler un peu plus à la jamaicaine. Ras Daniel Ray  chante plutôt sur des classiques comme "satamma sagana" par exemple. Nous, on est plus un groupe de composition et de recherche d’un son.  C’est important de connaître ses classiques. Il nous a apporté ce côté-là.

 

C : Pour en venir à l’album, comment est venu le projet de Steppin' forward ?

Jay : Cela faisait deux ans depuis la maquette qu’on avait plus vraiment d’actualité. On s’est dit que c’était le bon moment pour nous de préparer un album. On commençait à avoir une  longue liste de compositions, plus de 27. On a débuté l’enregistrement en février il y a un an. On a sélectionné une quinzaine de morceaux en pré-prod. On a passé 10 jours en studio. On a enregistré 17 titres sur lesquels on en a gardé 13. Le but était de privilégier la qualité.  Des gens s'étonnent du chiffre 13, mais cela s’est présenté comme ça.

C : Beaucoup d’albums reggae ont 13 titres aussi. C’est un nombre symbolique fort .

Jay : Il y a ce choix là aussi c’est vrai .

C : La rencontre avec la section cuivre.

Devi : On a rencontré Stepper il y a un an en première partie d’Omar Perry. Il était avec son band. On a passé une très bonne soirée ensemble. Il nous a expliqué qu’il posait souvent sur d’autres albums. Il nous a proposé de faire les cuivres sur le CD. L’idée a germé , on l’ a contacté  et il nous a proposé de venir avec Didier Bolay qui est le trombonniste de Tiken Jah .
 

Jay : Les prises de son sans les cuivres se sont faites à Toulouse.  Au mois d’avril on est partis sur Paris avec Devi pour enregister les cuivres au Wise studio qui est celui de FabWise, l'ingénieur du son de Tu Shung Peng et de Ras Daniel Ray également.

C : Est ce qu’une section cuivre à part entière des Banyans est envisagée ?

Jay : C'est le cas, car sur le premier  et le 13ème morceau de l’album ce sont des cuivres toulousains. Ce sont de très bons cuivres qui ne se connaissaient pas au départ. On sera amenés à rejouer avec eux c’est sûr. Au niveau de la faisabilité c’est plus facile de partir pour nous sur la route à 6 musiciens et un ingénieur du son et quelqu’un qui roule et qui tient le marchandising. Ajouter deux ou trois cuivres c’est un peu plus compliqué. Cela viendra mais plus tard.

 

 


 

C : Où est ce qu’on va pouvoir trouver l’album ?

Jay  : Partout en France: chez Socadisc, donc chez tous les disquaires. Il est  distribué chez Amazon. Il peut être livré chez les gens à leur domicile au meilleur tarif . En gros, c’est une sortie digitale et numérique dès le 18 février et disponible partout en France.

C : Au niveau des soutiens financiers pour monter l’album ?

Jay : Notre fierté  est de ne pas avoir été aidé. Il faut dire que l'on n'a pas eu le choix  aussi . On a tout financé à 100 % grâce à nos concerts. On en a fait beaucoup sans forcément se payer mais on a investi. C’est un projet comme une petite entreprise.

C:  On parle de la tournée. Le premier concert après la sortie de l’album sera à toulouse..

Jay:  C’est notre ville. C’est un choix de faire cela à Toulouse. On a invité des amis qui appartiennent à d’autres groupes de reggae pour partager la scène. Ce sera une belle soirée dans une belle salle à toulouse. ( ndlr : salle la dynamo le 22/02 avec Ker Roots + Jah Legacy + Original Rockers )

C :  Déjà beaucoup de dates de prévues?

Jay:   Oui une vingtaine. Toulouse, Albi... La dernière date de la tournée sera le 13 avril au Petit bain à Paris. On a aussi l’honneur de faire 7 dates avec Johnny Clarke et Horace Andy.

C : Pour vous actuellement  quelles sont les références musicales en reggae ?

Jay : Pour résumer, la musique qui nous influence et qu’on aime jouer  c’est le reggae roots jamaicain des années 70.
Si tu parles actuellement, dans ceux qui tournent ce serai Clinton Fearon et aussi Groundation mais également Israel Vibration et les Gladiators même s'ils se font plus rares.
 

Devi :  On écoute beaucoup moins la scène actuelle, mais je pourrai citer le dernier  album   de Derajah qui contient de très bons morceaux.

C :  Comment est ce que vous composez les morceaux ? Qui écrit les textes ?

Devi : J’écris les textes. Les autres  apportent leurs idées, complètent et enrichissent . J'accompagne la plupart  des textes par des mélodies à la guitare et en répetition chacun laisse libre cours à son imagination musicale.  C ’est ce qui apporte cette couleur aux Banyans . On commence aussi souvent par un boeuf, une impro en début de répet et on s'aperçoit qu'on est en train de monter un morceau. C'est le cas  avec "let’s go" qui n' était pas sensé apparaître sur l'album.

The Banyans au complet.


C : Dans l’actualité il y a également  le reggae contest . C’est plutôt bien parti. C’est quelquechose qui vous tient à cœur ou c’est plus un petit bonus pour vous ?

Devi : Effectivement c'est plus un petit bonus. Notre sortie d’album nous prend beaucoup d'énergie mais le gagner serait du plaisir et un bon coup de main. Mais à travers le reggae contest, on est contents de voir qu’il y a beaucoup de gens qui nous soutiennent et qui votent pour nous.

C : Aller en Jamaïque, vous y pensez ?

Dévi : Bien sûr qu’on pense tous à aller là-bas un jour. Notre premier album a trouvé sa propre couleur. Pour le deuxième on verra mais en tout cas on s’est dit que le jour où on ira ce sera pour présenter quelquechose qui nous tient vraiment à cœur.

C : Votre premier album reggae ?

Devi : live again d’Israel vibration

Jay:   The times is now  des Gladiators

C : Vous voulez que l’on parle d’un autre sujet ?

Devi :  On pourrait parler des textes et de leurs messages. La plupart des textes parlent un peu de tout ce qu’il y a autour et à l’intérieur de nous.Le nom du groupe évoque un message spirituel.  On peut aussi noter un message qui appelle au rassemblement , à l’unité: le reggae c’est  la musique du peuple et c’ est sa grande force de pouvoir réunir des milliers et des milliers de gens face à un système d’oppression et de division, c’est ce qu’on essaie de faire passer dans l’album . Beaucoup de textes sont engagés comme dans "international soldiers" , "Nah run", "big rock". Ensuite certains textes sont plus personnels comme "same love" ou "free your soul" qui parle de la perte d’un être cher mais qui au final peut toucher plein de gens. L'album finit par "dreamer" qui est un morceau pour les rêveurs et apporte une touche d’espoir sur un message plus vaste et plus ouvert .

The Banyans - "Let Grow" live

C : Le chant en anglais a t'il été une évidence dès le départ ?

Devi : Oui exactement. C’est ce que je réponds souvent quand on me pose la question . J'ai été bercé par le reggae jamaïcain. J' écoutais  peu de reggae français. L'anglais est devenue une évidence,  la langue dans laquelle je ressentais le plus cette musique.

 

C : Qui vous a fait découvrir le reggae ?

Devi: Pour ma part, c’est mon père. Je suis né à Amsterdam et il faisait partie des Révélétion times, un groupe qui n’existe plus maintenant. Il m’a emmené voir Israel Vibration très tôt.

Jay : Moi c’est un ami qui m’avait envoyé quelques morceaux des Gladiators et d' Israel Vibration. Au début j’écoutais beaucoup de rock et d’autres styles de musiques. Je connaissais Bob Marley comme tout le monde . J’ ai vraiment eu une révélation en écoutant les Glads. Du jour au lendemain je suis tombé fan de ce style, de ces groupes et ça fait maintenant plus de 10 ans que je n'écoute que ça. C’est devenu une passion dans ma vie.

C : Vous avez un message à faire passer aux auditeurs de la grosse radio ?

Dévi : Pour ceux qui ont aimé la musique ce serait d’ essayer de se procurer l’album pour  soutenir notre travail. Je dirais merci à tous ceux qui soutiennent le reggae de manière générale parce que c’est la musique du peuple , c’est tous ensemble qu’on peut faire passer des choses. Respect à tout le monde, one love , one unity. Yes "i".

Jay :  On encourage les gens à venir nous voir en live.  N’hésitez pas à venir nous rencontrer et  discuter avec nous après les concerts. C’est à chaque fois un plaisir pour nous.

Merci à Jay et Devi pour ce moment passé. Bonne route à The Banyans.

THE BANYANS Steppin’ Forward Tour

08.02.13 Valmenier (04) / Le Derby de la mine
09.02.13 Cluses (74)/ L’Atelier (Wt / Ky-Many Marley)
22.02.13 Toulouse (31) / La Dynamo
23.02.13 Albi (81) / Salle des fêtes de Pratgraussals
01.03.13 Foux D’Allos (04) / Snow Club
02.03.13 Villeneuve (04) / le Kfé koi
14.03.13 Montpellier (34) / La Pleine Lune
22.03.13 Auch (32) / Le Cri’ART
23.03.13 Marseille (13) / Le moulin
26.03.13 Blanc Ménil (93) / 2 pièce cuisine
27.03.13 Clermont Ferrand (63) / La Coopérative de mai
29.03.13 Cergy (95) / l’Observatoire
30.03.13 St Malo (35) / L’omnibus
02.04.13 Reims (51) / La Cartonnerie
03.04.13 Bordeaux (33) / Le Rocher de Palmer
04.04.13 Nantes (44) / La Scène Michelet
05.04.13 Rennes (35) / Le Jardin Moderne
11.04.13 Montpellier (34) / Festival Fac de lettre
13.04.13 Paris (75) / Le Petit Bain
06.07.13 BORDES (64) / Pyrène Festival



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