Dudley Sibley, baptisé amicalement, le balayeur de Studio One n'est plus. Il est décédé fin juillet, chez lui à Saint Andrews, dans sa maison, discrètement, comme l'a été sa carrière.
Un Pionnier
Né en 1948, dans le district de Sainte Mary en Jamaïque, Dudley Sibley part vivre chez sa tante, à 11 ans à la capitale.
Son nom ne parle certainement pas à beaucoup de personnes, sauf les amateurs de roots et surtout du son Studio One.
Il avait pour amis, Bob Marley et Trevor Wilson, le frère de Delroy Wilson qu'il lui a présenté. Forcément du temps où résonne "Simmer Down", il a envie d'enregistrer. Tout comme Bob, il a des soucis de logement et Clement Dood, lui propose aussi de l'héberger. Dudley Sibley, peut d'ailleurs être fier d'avoir contribuer à la construction du local de la rue Brentford.
Il se voyait souvent refuser le droit d'enregistrer, mais reste tenace, balayant le local le jour, se glissant discrètement la nuit derrière le micro pour s'entrainer. Les efforts payent puisque en 1965, il peut enregistrer son premier titre "Things are not right" et sort par la suite le célèbre "gunman", première gun tune en jamaïque. ce titre est d'ailleurs interdit sur les ondes de par ces paroles.
1967 voit un autre de ces tubes "Run boy run". Malheureusement Dudley Sibley trouve que Clement Dodd traîne à sortir ses chansons et propose donc un album complet I Admire you pour Larry Marshall, ce qui provoque son licenciement de chez Studio One en 1976.
S'en suit une grave dépression et un passage en hôpital psychiatrique avant que Dudley ne retourne, en haillons, voir Clement Dodd. Celui-ci le réembauche alors et ils continueront de travailler longtemps ensemble.
il a enregistré des titres qui sont recherchés tels "love in the nation", "Free Drealocks", "guive a helping hand", "My whole world ended" dans les années 60 et 70.
En 2015, on peut même trouver le 45 tours "Awake!" qu'il a enregistré avec le groupe espagnol Smooth Beans pour le label Liquidator Music. Mais la crème de la crème reste son album compilation Dudley Sibley – A Studio One Pioneer où en 12 titres, on se rend compte de la force, dans la voix et les textes de Dudley Sibley.
Pour une Chronique de la Grosse Radio.
Je me rappelle avoir pu discuter avec lui, lors d'une chronique pour la compilation de Studio One - Black Man's Pride. Tout comme Sugar Minott ou Ronnie Davis, il prenait le temps de discuter et restait humble.
C'était pour la chanson "love in the nation" où Vin Gordon joue l'intro. Il était heureux que l'on parle de lui car il dit avoir peu marqué la musique et pourtant c'était un génie qui aurait mérité une carrière plus en lumière.
Si le balayeur retourne à la poussière, nous, nous l'oublierons pas Monsieur Dudley Sibley qui laisse derrière lui sa fille, Grace et ses 5 petits enfants.
Condoléances à toute sa famille
Dudley Sibley 12/08/1948 - 30/07/2022
RIP
Photo collection personnelle