The Lions est un groupe de reggae pour le moins original, et ce dans tous les sens du terme, de sa formation, en passant par son label ou sa musique.
Originaire de Los Angeles, Californie, The Lions se compose d’une douzaine de membres dont certains ayant déjà une certaine célébrité en solo ou dans d’autres groupes. Il s’agit d’un groupe composite créé par des membres d’autres formations Reggae et Soul de la côte ouest des Etats-Unis.
On compte parmi les membres de The Lions : le charismatique et exubérant Black Shakespeare, la première moitié du lead vocal du groupe qui partage le micro avec Malik Moore. Black Shakespeare est le cousin de Robbie Shakespeare, (oui oui le fameux bassiste du duo Sly and Robbie !). Il officie également comme DJ dans le I&I Sound System qui a customisé un camion de glaces en camion de basses (vous pouvez voir ce fameux camion sur la pochette de This Generation). L’autre moitié du lead vocal est assurée par Deston Berry et Alex Désert du groupe de Ska californien : Hepcat.
The Lions au grand complet
Black Shakespeare
On retrouve encore Macy Gray à l’écriture de certaines tunes (s’il vous plait !), Dave Wilder à la basse, et une pléthore d’autres musiciens ayant joués avec des groupes tels que : De La Soul, Barrington Levy, Beck, Raphaël Saadiq, Big Daddy Kane, Black Eyed Peas, etc. Vous constaterez que ce premier tiers du CV de ce groupe est pour le moins impressionnant.
Le second tiers concerne cette fois son label, pour le moins surprenant dans le monde du Reggae. Il s’agit ni plus ni moins que de Stones Throw Records ! Alors pour ceux qui ne connaissent pas, Stones Throw est un label indépendant basé à Los Angeles et également un gage de qualité certain, pour tout amateur de (bonne) musique.
Formé en 1996 sous l’égide de Dj Peanut Better Wolf, le label s’est très vite fait remarquer pour ces productions Hip Hop tout d’abord puis Soul de qualité. Parmi les artistes ayant signés chez ce label, on retrouve de sacrées pointures du hiphop et de la Soul/Nu Soul: Madlib, MF DOOM, le regretté J Dilla, Aloe Blacc pour ne citer qu’eux.
The Lions est l’un des derniers poulains de l’écurie Stones Throw Records qui élargit son catalogue de styles musicaux avec ce groupe de Reggae.
Le dernier point qui fait l’originalité de cette formation est bien entendu sa musique. Leur premier album Jungle Struttin presque entièrement instrumental avait déjà donné le ton. Sur ce premier opus et encore plus sur This Generation, on sent tout de suite que les membres du groupe ont été largement inspirés par les classiques Reggae jamaïcains des années 70-80.
Ils ont d’ailleurs même essayé (avec succès la plupart du temps) de redonner cette saveur 70’s si particulière aux tunes de leur album This Generation. Influencés par des groupes comme The Upsetters, The Soul Syndicate, ou The Roots Radics, ils ont été jusqu’à enregistrer leur section rythmique sur cassette et garder les grésillements de certains instruments ou mêmes certaines erreurs (les bonnes) lors des enregistrements pour redonner cette ambiance vintage et roots. L’album a été travaillé dans les moindres détails et ça se sent (en bien comme en mal).
Notre balade californienne commence par une ballade roots « Bird on a wire » avec au micro Malik Moore et sa voix à la fois claire et quelque peu éraillée (quand il faut). Cette première tune est une douce mise en bouche avant de passer aux choses plus sérieuses.
La seconde track « This Generation » sent fort le single. Au micro : Malik Moore avec l’appui en mode DJ de Black Shakespeare, le morceau est rythmé et reste bien en tête. Dans une certaine mesure, il fait penser à « Pass The Kutchie » des Mighty Diamonds avec son intro plus que limpide où Malik Moore entonne un « You can’t roll a spliff on no MP3 » ce à quoi Black Shakespeare répond « This generation is going back to rrrrroots ! », une entrée en matière efficace et fracassante ! Je vous laisse juger par vous-même juste en dessous.
« Picture on the wall », une jolie reprise de Freddy McKay, fait intervenir un invité de taille, Leroy Sibbles (The Heptones). On a ici une très bonne production soutenue par des cuivres bien pensés.
Les tunes s’enchaînent et c’est avec plaisir que plus le temps passe, plus cet album devient convaincant !
« Padre ichiro » possède à la fois la bonne vibe down tempo et le texte qui fait sourire, cette tune nous dépeint les déboires résultant de l’association : goût prononcé pour les (fines) herbes (!!) + petite copine.
Les sonorités Soul et Roots sont solides et s'allient parfaitement. L’ensemble est cohérent, frais et très agréable. Le seul bémol, selon moi, serait peut-être l’excès de qualité dans les productions finit quelque fois par les desservir. Il donne un goût quelque peu surfait à l’album qui globalement va manquer d’une pointe de chaleur, ce qui est d’autant plus dommage vu les efforts déployés (notamment par Black Shakespeare qui apporte beaucoup vocalement) pour ce sympathique album.
Quoiqu'il en soit, The Lions rentre avec ce second opus dans le cercle relativement fermé des groupes de Reggae américains qui explorent et poussent le roots dans des directions inattendues (Groundation, SOJA, Rebelution, etc) pour notre plus grand plaisir.
A écouter d'urgence !
