Cela fait maintenant plus de dix ans que la troupe des Danakil sillonne l'hexagone et le monde afin de délivrer leur message par la musique sur des scènes de plus en plus grandes et un public toujours plus nombreux. Le 11 mars 2014, c'est au 106 de Rouen que ça se passait, pour leur première date de la longue tournée d'"Entre les lignes", concert déjà affiché complet depuis plusieurs semaines. Toute l'équipe débarque de leur grand bus, avec Manudigital et Brahim en première partie d'une belle longue soirée. La queue s'allonge dès 19h devant la salle, et on ressent déjà une atmosphère très positive, avec un public impatient de découvrir ce nouveau show, et de retrouver leur groupe favori. Il faut attendre 20h avant l'ouverture des portes, le temps était également au rendez-vous pour ce début mars, avec un grand soleil et peu de vent, parfait pour les spectateurs en fin de file d'attente qui mettront presque 15 minutes avant de pouvoir rentrer.
Il fallait être à l'heure car Brahim et Manudigital arrivent sur scène vers 20h20, avec une salle déjà bien remplie, un son très digital et lourd ouvre le bal sur "Brique après brique", avec un Brahim toujours très énergique et déterminé pour faire passer ses vibrations.
Les titres s'enchainent et les thèmes abordés sont divers et variés, les artistes présentent leur nouveau projet "Déconnecté" prévu pour la fin du printemps dans les bacs et pour la première fois sur scène, la foule apprécie. Le public participe déjà sur le titre "RSA" qui parle d'une triste réalité. Brahim poursuit avec "A peine le temps", remis au goût du jour, un regard clair et affligeant qui fait" A peine le temps de voir l'argent que j'ai gagné, que l'état m'a déjà tout volé...".Il enchaine sur une chanson pour les insomniaques s'intitulant " J'dors pas la nuit" qui en fera sourire plus d'un. Manudigital est toujours aussi précis, et balance du très lourd niveau riddim.
L'atmosphère se réchauffe lorsque les artistes nous invitent à prendre part au show sur le titre "anti fasho" devenu classique. Ils reprennent d'ailleurs ensuite le titre "Classique" puis "J'entends les cris", un pur plaisir pour nos oreilles sur ses chansons qui ont plus de 15 ans et qui sont toujours autant d'actualité. Une partie du très jeune public du 106 découvre ces artistes, aux textes conscients et à l'énergie débordante, le courant passe, les sourires et les pas de danse ont envahi la salle.
C'est déjà l'heure de l'entracte, les spectateurs sont bouillants et pensent même que le concert de Danakil va s'enchaîner... Tout le monde garde sa place, la salle est pleine à craquer et peu de gens sortent prendre un verre ou marcher un peu, comme si chacun voulait être au plus près de la scène, garder sa place. Pendant 30 minutes, on peut voir tous les sourires sur les visages, les échanges, tout ce qu'a apporté cette première partie très réussie.
Le groupe Danakil fait son entrée sur scène assez discrètement, avec des installations novatrices en ce qui concerne les lumières, des gros projecteurs sont installés en fond, ce qui donne des images et une ambiance très prometteuse. Le public surchauffé attend impatiemment les premières notes qui mettent un certain temps à arriver. On démarre donc avec "Les signes", un titre poétique qui commence avec les cuivres, puis devient d'un coup énergique, parfait pour une entrée en matière. La présentation est faite, et les barrières tombées.
Balik reprend ensuite un titre de "Echo du Temps" avec "Quitter Panam", qui fait bouger et déjà chanter la foule. On revient sur le dernier opus avec les "Poupées Russes", chanson de réflexion nous invitant à se mettre à la place des autres ou en tout cas à imaginer quelle serait notre vie ailleurs, avec un autre environnement, un autre métier etc... On constate à ce moment que la salle est très attentive et aussi réceptive lorsque Natty Jean met le feu dans son couplet.
Une chanson calme façon Hip-Hop suit lors de "Regards Croisés", une vague de bonnes vibrations et de sentiments riches et variés s'abat sur la salle, on peut voir des yeux briller, de grands sourires, des yeux fermés, un titre d'une qualité rare. Arrive alors le premier single de ce nouvel album qu'est "Hypocrites", avec des sonorités électriques, des textes piquants et un refrain un peu mélancolique. Comme le dit si bien Balik, " à tous ceux qui n'entendent pas, laissez-moi-vous le redire, la musique nous a séduit et nous sommes là pour la servir", ce qu'ils font à merveille ce soir.
Danakil poursuit avec "Mali Mali", sur l'actualité contrastée de ce pays, où Balik a résidé ces deux dernières années et où le groupe avait passé du temps pour la construction d'"Echo du Temps". Natty Jean nous fait ensuite une surprise avec un morceau inédit toujours sur le même thème, très apprécié par tout le monde. Vient alors un de mes titres préférés, il s'agit de "Mahatma", où Balik interprète ce que pourrait dire le grand Gandhi vu du ciel; des vibrations très spirituelles, mélangeant l'amertume et l'espoir. "Free" revient mettre tout le monde d'accord sur l'esprit festif de ce live, la température grimpe de quelques degrés.
On effectue un retour en arrière avec "Les Vieillards" repris en coeur par toute la salle, titre de "Dialogue de sourds" devenu un incontournable. "La route des songes" apporte une belle touche musicale africaine et des paroles captivantes. Une chanson bouillante et dynamique, avec un Natty Jean déterminé et chantant en Français sur "Ne touche pas"; un hymne à la diversité et un refrain qui fait " Ne touche pas à ma dignité, ne touche pas à mon identité, ne touche pas à ma personnalité, touche pas à mes défauts mes qualités" Yeah!!! En live ça apporte vraiment de la force, un état de bien-être et renforce l'identité de chacun.
Le moment est idéal pour envoyer "Marley", Balik a à peine le temps d'enchaîner deux notes que la foule reprend le premier couplet en entier, et cela dure jusqu'à la fin du morceau retravaillé pour l'occasion. Le groupe fait durer ce moment de pur bonheur, ils enchainent même avec une reprise de "Redemption Song" qui soude un peu plus les liens déjà créés ce soir. Les Danaks quittent la scène laissant un public en folie, ne s'arrêtant pas de crier et ce pendant de longues minutes, rares sont les rappels aussi puissants et affirmés.
Toute la troupe remonte sur scène, toujours aussi enthousiaste, et recommence avec "Les champs de rose" devenu un autre incontournable du reggae français et toujours repris en coeur dans cette ambiance torride. Tous les protagonistes s'éclatent sur scène, des sourires et des gestes qui ne trompent pas, cette équipe de potes a gardé toutes ses valeurs, et prend toujours autant de plaisir à distribuer leur musque, et à voir le public s'éclater dessus. Tom-Tom, le trompettiste se donne à un solo de qualité sur "L'or Noir", apportant une émotion palpable. La fin de cette belle soirée approche, le dernier titre interprété sera "Le Rêve", avec un rythme Hip-Hop sur une basse lourde qui vous fera raisonner; et un dub final anthologique qui mettra tout le monde d'accord, ce fut une pure soirée comme on les aime, merci les artistes.
Une tournée 2014 qui s'annonce riche et longue pour les Danakil, la première date à Rouen aura été vraiment très prometteuse, avec une organisation au top, des artistes heureux de retrouver leur public, un nouveau show explosif, et des spectateurs qui jouent le jeu à fond! N'hésitez donc pas une seconde avant de prendre vos places lors du passage du groupe auprès de chez vous, vous ne le regretterez pas. A très vite pour la suite des aventures!
One Love
Tournée 2014:
Photos de Ras Pierro
