« Joyeux anniversaire Guizmo ! ». Tel était le refrain que le public de Oignies a chanté à tue-tête ce vendredi 11 avril 2014, à l’occasion du concert de Tryö. Un spectacle merveilleux, aussi bien ressenti par le public que par le groupe, qui laissera de nombreux souvenirs.
Tout d’abord, arrivée quelques heures avant le concert, j’ai eu l’incroyable occasion de rencontrer Manu Eveno, guitariste impressionant et chanteur du groupe. On discute et, lorsque je lui demande de dédicacer ma guitare, il s’en empare pour nous jouer et chanter quelques chansons.
Ensuite, il annonce devoir nous quitter car une visite des mines de charbon 9/9bis à côté de la salle attend le groupe. Mais, juste avant de partir, il nous demande si l’on souhaite se joindre à eux : un moment tout simplement inoubliable qui démontre bien l’accessibilité du groupe.
Après la visite, place au concert. A 20h30, le groupe chargé de la première partie est Le Vrai Terrien, groupe typique du Nord qui, un peu comme Tryö, mélange les styles : leurs influences sont très larges, passant par le reggae, la chanson française, le rock… Un groupe à découvrir impérativement. Bonne humeur contagieuse, ils savent mettre l’ambiance.
Maintenant, c’est au tour de Tryö de fouler les planches du Métaphone. Mais seuls deux membres du groupe montent sur scène ; il s’agit de Mali et Manu. Très vite, ils installent une certaine complicité avec le public du Pas-de-Calais et se prêtent au jeu de maitres d’orchestre face à leur chorale. Ils chauffent la salle, instaurent des exercices vocaux… Ils veulent lancer le public sur « El Dulce del Leche », chanson écrite par Mali pour retracer l’exil de Daniel « Ito », le percussionniste du groupe qui, pour fuir le Chili, a dû rester loin de sa famille pendant quelques années.
Chanson peu jouée sur scène, Mali clame à tort que le public ne connait pas les paroles, et demande que quelqu’un apporte les paroles sur des pancartes… Et voici que Guizmo apparait pancartes en mains. Le public chante le refrain et les chœurs, mais Mali n’est toujours pas satisfait… Il évoque maintenant des problèmes de rythmes et réclame un percussionniste. C’est en prenant le téléphone d’une amie qu’il filme l’arrivée de Daniel.
Notre groupe est à présent au complet, le concert peu pleinement commencer. Tournée « plus intimiste », Christophe Mali n’avait pas menti. Les quatre musiciens font tout pour être au plus près de leur public : ils le font participer à des jeux rythmiques, chanter, ils répondent aux appels et cris de certaines personnes… Lorsque l’on va voir un concert de Tryö, ce n’est pas pour écouter leurs chansons, mais pour un véritable échange avec le groupe. L’ambiance était au rendez-vous, et pour cause : Guizmo fête son anniversaire, 30 ans dira-t-il, en réalité c’était plutôt ses 42 ans ! C’est donc à diverses reprises que le public chantera en cœur le célèbre « Joyeux anniversaire » au chanteur. D’ailleurs, Mali d’humeur taquine lancera : « Faites les choses à fond, la prochaine fois apportez des cadeaux ! ». Mais les pics du chanteur ne concernent pas uniquement le public ; certaines sont dirigées vers Hénin-Beaumont et l’influence extrémiste qui y règne…
Puis les tubes s’enchainent, allant de « L’Hymne de nos campagne » jusqu’à « Désolé pour hier soir » en passant par « Un homme qui aime les femmes » et « Ladilafé ». Des titres extraits de chaque album, aucun n’a été laissé de côté. Puis les artistes se regroupent au centre de la scène, assis sur des cubes en bois pour accentuer le côté intimiste du spectacle. Ils racontent des histoires, posent des questions au public qui répond avec enthousiasme. Ils jouent « Balade en forêt » à l’aide de bouteilles en verre vides, un effet impressionnant qui rend incroyablement bien sur scène. Puis vient la chanson « Les Anciens », où Tryö exprime une véritable fierté de voir son public formé de générations différentes.
Enfin, comme ils l’avaient promis sur les réseaux sociaux, le moment de faire une reprise arrive. Ils expriment la large demande de la communauté, mais la chanson retenue est « L’Hexagone » de Renaud, avec bien évidemment une légère allusion au Front National et Hénin-Beaumont. Mais bien entendu, le groupe friand du public nordiste ne pourrait faire un spectacle sans chanter la célèbre chanson de Pierre Bachelet, emblématique de la région. Ils débutent le refrain, « Au nord, c’était les corons… » puis s’arrêtent brusquement, mais rien à faire : quand le public est lancé, il ne s’arrête plus . Ce refrain sera repris maintes fois tout au long de la soirée. D’ailleurs, Manu dira : « Laisse-les chanter. Admirable, franchement j’adore » face à l’ardeur et la coalition du public.
Le moment de conclure le spectacle arrive et, comme à son habitude, le groupe finalise sur des petits rappels. Avant toute chose, Manu nous propose un petit mesh-up de Michael Jackson… au ukulélé ! Idée de Guizmo, l’ambiance ne fait que s’intensifier. L’idée est d’enchainer sur « Pompafric » ; très bonne surprise de revoir cette chanson sur scène.
Mais toute bonne chose a une fin, et c’est sur « Babylone » que le concert se terminera. Chanson mythique (l’une de mes préférées personnellement) qui, au-delà de nous surprendre, nous rappelle le Tryö originel et nous montre que, malgré certaines critiques, le groupe n’a pas tellement changé.
On l’aura compris, les concerts de Tryö répondent aux attentes du public. Celui de Oignies restera mémorable grâce à l’ambiance, aussi bien établie par le public que par le groupe. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, on peut voir les impressions du groupe : « Merci OIGNIES ! Vous avez un p*tain d'hymne et une p*tain de région ! Vive le Nord-Pas-de-Calais » et de Christophe Mali « Le public du Nord ? Légendaire ! ».
Si vous souhaitez toutefois voir, ou revoir Tryö, sachez que leur tournée n'est pas terminée et qu'il repasseront dans le Nord-Pas-de-Calais à Fourmies le 29 mai prochain.
