Pour cette interview, nous avons rencontré le groupe The Tuff Lions pour qu'il nous présente son Maxi, Come to Fight. L'entretien s'est déroulé quelques jours après leur concert au Metronum, au sous-sol du Reggae Pub.
C'est un groupe que nous croisons régulièrement à Toulouse. Nous avons pu voir trois de ses prestations lors du concert de Rootz Undergound au Connexion Live, aussi pour l'ouverture du Reggae Pub et enfin au concert des Banyans au Metronum.
Le chanteur Jahvie est venu nous rejoindre en début de soirée dans le temple Toulousain du reggae. Nous avons commencé à faire connaissance pendant que nous installions la caméra pour ne rien louper de cette interview.
Yutang : Un Gros Big Up pour The Tuff Lions de la part de La Grosse Radio-Reggae. Heureux de pouvoir faire l’interview avec Jahvie le chanteur du groupe. Peux-tu nous présenter The Tuff Lions en précisant le rôle de chacun des membres ?
Jahvie : A la batterie c'est Franck Céleste, de La Martinique, à la basse, Johan Léon de l'île Maurice, aux percussions, Antoine Cordon "Tony Bongo", d'Andalousie, au piano et tout ce qui est clavier, c'est Filo qui vient du Nord de la France, et à la guitare, c'est KassSlash, un nouvel arrivant dans l'équipe, qui vient de La Réunion. Et moi-même, Jahvie, au chant et à la guitare rythmique.
De gauche à droite : Filo, Johan, Jahvie, Franck et Tony Bongo
Yutang : Comment vous êtes vous rencontrés ? Peux-tu nous parler du début du groupe ?
Jahvie : On s'est rencontrés assez simplement par le biais de la musique en fin 2011, avec une envie de monter un groupe. On ne souhaitait pas simplement jouer de la musique ensemble, on avait une envie commune de la partager sur scène. A la base, on ne se connaissait pas, c'est des amis qui nous ont présentés. Tony Bongo m'a mis en contact avec le bassiste au début et après ça a fait avancer les choses. On a créé un groupe pour tenir dans la durée. On est arrivés avec rien et notre objectif était de créer un set et de perdurer dans le temps. On ne voulait pas faire deux concerts et s'arrêter pour ensuite monter un autre projet. On a monté un projet sérieux qu'on a nommé The Tuff Lions, qui tient malgré tout ce qui peut se passer. Notre objectif est de rester soudés. La première répétition avec The Tuff Lions a eu lieu en novembre 2011. On a mis longtemps à trouver notre batteur... La formation reste la même depuis le début donc Tony Bongo le percussionniste, le bassiste, le claviériste et moi, le batteur Franck Céleste est arrivé l'année dernière de Martinique. C'est un ancien batteur de la génération reggae, ça fait 30 ans qu'il joue à Paris et il a joué pour pas mal des grands musiciens du reggae. Lorsqu'il s'est retrouvé dans le Sud, il a eu envie de donner toute son énergie en adhérant à notre projet. Il m'a dit qu'il n'a jamais perduré comme ça. Ca fait un an et quelques mois qu'il est avec nous et il m'a dit qu'il n'avait jamais réussi à tenir un groupe plus d'une année en 30 ans de musique et qu'il a envie de continuer. On a vraiment le même objectif et la même vision du projet.
Jahvie et Johan @ Connexion Live
Yutang : D’où vient le nom The Tuff Lions ?
Jahvie : The Tuff Lions est la suite, l'enchaînement du groupe Sweet Lions. Maintenant, je travaille avec des gens confirmés, qui ont beaucoup d'expérience. Certains membres du groupe ont 15, 20 ou 30 ans d'expérience. Du coup, ce sont des personnes qui ont déjà beaucoup vécu dans la musique et ils n'ont plus de temps à perdre, ils sont là pour travailler et pour toujours avancer. Dans notre esprit, on associe toujours "Ruff" à "Tuff". "Ruff" c'est solide et "Tuff" c'est puissant donc "Ruff and Tuff". On peut limite paraitre méchants, mais de loin. Tu vois, "Ruff" c'est un peu difficile, c'est des personnes comme nous. On a préféré choisir "Tuff". La signification de The Tuff Lions, ce serait donc les "lions puissants qui ne lâchent rien", c'est à l'image du lion qui rugit.
Yutang : Quelles sont vos influences musicales ?
Jahvie : On est portés sur les années 80 donc The Gladiators, Israel Vibration, Bob Marley and The Wailers, Peter Tosh, bien sûr Black Uhuru, tout ces groupes nous ont portés. Et surtout Burning Spear, il ne faut pas l'oublier car il a beaucoup été écouté par tous nos frères qui viennent des îles. Ces artistes sont des personnes qui ont baigné très tôt dans la musique et ils écoutent le reggae music depuis la fondation, c'est ce reggae là qu'ils aimeraient transmettre, donc c'est sur ça qu'on s'est basés. Maintenant, l'époque a changé, on ne vit plus de la même façon, ni les mêmes choses. On doit s'adapter à la réalité et à l'évolution des influences musicales. On joue à la sauce plus moderne et plus énergique, peut-être que ce qu'ils jouaient à l'époque, plus au fond du temps, posé avec un chanteur qui vole à l'image de Gregory Isaac. On essaye de garder le style original avec un son plus puissant, plus Nu-Roots.
Filo @ Connexion Live
Yutang : Avez-vous testé d'autres styles musicaux depuis vos débuts ?
Jahvie : Tout à fait, on a des influences diverses. Le claviériste a baigné très top dans le jazz avant de rentrer dans le reggae. Filo amène sa touche jazz. Il nous arrive de jouer des morceaux jazz en répétition. Le guitariste KassSlash vient d'arriver dans le groupe, il a des influences blues et même rock. Il va apporter pour les prochaines compositions sa touche blues-rock, mais on va surtout pousser sur son côté blues qui sonne très bien avec le reggae. Franck, qui vient de La Martinique, va mettre un rythme de chez lui pendant les concerts. Pendant les répétions, on joue vraiment de tout lorsqu'on a fini notre set. Ca part dans tous les styles de musique.
Yutang : Peux-tu nous parler de votre Maxi Come To Fight ?
Jahvie : Le Maxi Come To Fight a été enregistré en 2014. Il contient cinq titres, dont "Come to Fight", "Zion Way", "My Lord", "Still Alive" et "Dub Way". Les thèmes principaux sont l'amour et la résistance. On a enregistré ce Maxi pour démarcher et pour que notre public puisse avoir une trace du live, sonore en CD, et visuelle avec la pochette : il nous demandait souvent un album depuis 2012-13 et on ne pouvait pas lui en donner donc on a assumé en faisant ce Maxi pour faire plaisir à notre public. Maintenant, il est heureux de pouvoir avoir une trace du concert. Le Maxi est disponible à 5 euros lors des concerts. Sinon, vous pouvez vous le procurer en nous contactant sur notre site Internet, les réseaux sociaux ou par mail. Les CDs sont ensuite envoyés par courrier au domicile. Ca marche pas mal car on a fait de la publicité sur les réseaux sociaux. Lorsque les gens reçoivent leur Maxi, ils nous envoient une photo pour nous monter qu'ils l'ont bien reçu ! Le Maxi est également disponible sur toutes les plateformes de téléchargement de musique en ligne.
Tony Bongo et Franck @ Connexion Live
Yutang : Comment s’est déroulée la production du Maxi ?
Jahvie : C'est un projet qui a été financé dans son intégralité par le groupe. Tous les concerts qu'on a faits avant 2014 ont permis de récolter les fonds nécessaires à ce projet et aux clips. On a mis le plus grand soin à faire l'enregistrement des morceaux. On souhaitait rester local et tout faire dans notre région. On ne voulait pas commencer à partir en ville dans des studios. Cet album a été enregistré au studio d'enregistrement HP studio d'un frère qui se trouve à la campagne à Mauzac à côté de Toulouse. Ce frère nous suit lors des concerts, il était avec nous à la soirée du Metronum. Le studio d'enregistrement se trouve dans son grenier, du coup c'est super car on peut sortir et prendre l'air à la campagne pour s'aérer la tête deux minutes. On n'est pas en centre ville et il n'y a pas les voitures qui passent tout le temps. C'est tranquille, on peut prendre le temps de faire les choses bien. On a fait toutes les prises en live avec les musiciens et après j'ai posé ma voix sur l'enregistrement. C'est comme ça qu'on a enregistré tous les morceaux de l'album. C'est le frère qui a masterisé la maquette et je le remercie car on n'avait pas les moyens d'aller faire masteriser ça par une grosse boite de mastering. Le Maxi nous permet de se faire connaitre.
Yutang : Comment avez-vous choisi les morceaux pour les clips ?
Jahvie : Le premier clip qu'on a choisi est "Come to Fight" mais dans la chronologie c'est "This World" qui est sortie en premier. "This World" a été réalisé pour un projet acoustique qui s'appelle Toulouse Acoustics. Ce projet a pour but de filmer des groupes locaux de tous les styles musicaux et de les faire jouer dans un endroit de Toulouse. L'endroit et le groupe sont ensuite répertoriés sur une carte de Toulouse. Pour l'occasion, on nous a choisi la Prairie des Filtres pour faire un morceau acoustique. On a sorti ce morceau car on était à la sortie de l'enregistrement de "Zion Way". On avait nos percussions et j'ai chanté ce morceau qu'on ne chante pas normalement en acoustique. Il est passé tout suite donc on leur a dit qu'on allait jouer ce morceau. Ce n'était pas vraiment un choix mais on l'a fait à la vibe, comme on l'a senti. D'ailleurs le morceau "This World" n'est pas sur le Maxi. C'est pour ça que je te dis que c'est vraiment un exclu en acoustique.
Jahvie : "Come To Fight" est notre morceau phare, le morceau le plus abouti depuis toujours. On avait une histoire à raconter dessus. Ce morceau est vraiment notre slogan. Ca fait trois ans qu'on était dans le noir parce qu'on n'avait pas tout ça. Pas de maquette, pas de clip. On était dans l'ombre de tout ce qui se fait aujourd'hui parce qu'on avait rien à proposer au public. Maintenant, avec notre maquette et nos clips, c'est vrai que tout de suite on peut être vus et écoutés sur les différents médias. La communication fonctionne mieux. Pour le clip, on a encore choisi de travailler avec des locaux, Rec and Play Média. C'est une entreprise toulousaine qu'on connait depuis qu'on est gamins, c'est des potes d'enfance qui ont monté leur boite. On leur a demandé de réaliser le clip et ils ont accepté. On a fait un storyboard et le tournage s'est déroulé autour de Toulouse.
Yutang : Quels sont les messages que vous faites passer dans votre musique ?
Jahvie : On parle souvent d'amour, de famille, d'unité, de l'Eternel et de Rastafari, ce sont des thèmes qui m'ont toujours porté et qui m'ont permis d'être là où j'en suis aujourd'hui. Ca m'a guidé pour croire en ce que je fais et pour continuer à faire de la musique. Depuis que je suis gamin, je crois en cette voie et vu que la musique ça marche, je continue. Le jour où ça ne marchera plus, ça ne changera en rien ma condition de rasta. Je fais ma mission en faisant de la musique pour égayer les pensées des gens et pour les rendre heureux. Il y a beaucoup de préjugés sur le rastafarisme, les gens se posent plein de questions. Nous, on est là pour montrer que le rastafari transmet des messages d'amour et on a beaucoup de chansons qui parlent de ce sujet. Je parle du rastafarisme dans la chanson "Still Alive" qui a été écrite sur notre famille. Cette chanson parle d'une histoire vraie et à la fin du morceau, on dit que c'est grâce à Rastafari qu'aujourd'hui on arrive à garder le sourire.
Yutang : Quels featurings as-tu le plus appréciés ou aimerais-tu faire prochainement ?
Jahvie : J'ai passé de bons moments avec mon groupe Acoustic Soul Lions. J'ai beaucoup chanté avec Sanka, le chanteur du groupe Satya, qui vient du même village que moi. On chante ensemble depuis qu'on est gamins. Je n'ai jamais fait de featuring avec Monsieur Lezard mais j'ai passé des super moments avec lui. On a fait des freestyles ensemble pour délirer mais on a jamais sorti un morceau. Sur scène mon meilleur featuring est celui que j'ai fait avec les Banyans lors du concert au Metronum où j'ai pris le temps d'écrire mon lyric.
Jahvie avec Noah du Reggae Pub
Yutang : Quels sont vos projets ?
Jahvie : On va bientôt sortir un vinyle. Le projet a pris un peu de retard mais il sera disponible en avril. Les morceaux "Come to Fight" et "Still Alive" ont été ré-enregistrés. On a remixé et remasterisé les pistes originales qui étaient jouées par les musiciens afin de les adapter pour le sound system, on a fait sonner le son plus digital. On a enregistré le titre "This World" de la version acoustique qu'on avait jouée pour le clip. Le morceau a été enregistré en studio avec des percussions nyabinghis. On a également prévu de sortir notre album en fin 2015 qui sera entièrement produit et financé grâce aux concerts.
Yutang : Quelle sont vos prochaines date de concert ?
Jahvie : Actuellement, on est dans une période de booking. On doit prendre le temps de tout répertorier et d'écrire les dates. On a programmé deux dates de concert par mois. Des concerts sont prévus au Cri de la Mouette et on devrait sûrement revenir au Reggae Pub.
Yutang : Peux-tu nous donner la signification de ton pendentif ?
Jahvie : C'est une ancienne croix éthiopienne, chrétienne orthodoxe, d'Aksoum, que j'ai toujours sur moi. Ma soeur Jahdy, qui travaille beaucoup sur Toulouse pour le Triangle d'I-tiopia, fait des plats végétariens et elle milite pour la bonne cause en Ethiopie : elle a des super projets pour l'Ethiopie et elle vend ces pendentifs. Je le lui ai acheté lorsque j'avais 16 ans et depuis, le pendentif ne m'a jamais quitté.
Yutang : Un grand merci pour ton accueil
The Tuff Lions - Big Up à La Grosse Radio
Photographie : Gally Yokosuka et Yutang
Vidéo : Yutang
Interview : Yutang